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vendredi 29 mai 2009

L'école brûle-t-elle?


Surmédiatisation et instrumentalisation

Savoir raison garder

Le problème est réel, préoccupant, mais souvent amplifié, mal mesuré . Les causes sont complexes et anciennes, les remèdes inadaptés, le discours officiel discutable...
Une volonté implicite de laisser pourrir une situation pour ouvrir la voie à la privatisation...
Selon les recommandations anciennes de l'OCDE ?
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-"Des chiffres sujets à caution
...La violence scolaire est-elle en augmentation ? On ne sait au juste, les chiffres en la matière étant sujets à caution. Ce dont on est sûr, par contre, c'est que le climat à l'intérieur des établissements, s'est considérablement dégradé au cours de ces dernières années.Il faut une certaine indécence pour laisser entendre que la vidéo-surveillance, les portiques de détection ou les policiers référents seraient susceptibles de remplacer les emplois supprimés dans le secteur éducatif : si l'on ajoute aux restrictions budgétaires des deux dernières rentrées la suppression des emplois-jeunes, qui malgré leurs limites, apportaient une présence et une compétence reconnues, ce sont des dizaines de milliers d'adultes qui ont disparu des établissements ces dernières années...."

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-"...en 1996, Nicolas Sarkozy s'élevait aussi sur la surmédiatisation des faits de violence scolaire. Une critique que bon nombre d'opposants adressent justement à l'exécutif qui multiplie les prises de positions sur le sujet à chaque fait divers depuis le début de l'année.C'est par exemple ce que soulignait Bernard Girard, enseignant-blogueur et riverain assidu de Rue89, qui dénonce l'instrumentalisation de faits épisodiques au bénéfice d'un discours sécuritaire plus vaste..."
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"...Le marché de la sécurisation de l’espace scolaire devient extrêmement porteur. La moindre des précautions avant d’adopter ce type de « solutions » est d’examiner leur efficacité -voire leurs effets-pervers - ce que la recherche permet amplement de faire. La vidéosurveillance a été largement évaluée, d’une manière plus générale qu’au seul niveau scolaire, et il faut bien dire que les résultats sont décevants. Deux criminologues anglais, parmi les plus respectés (Welsh et Farrington de l’université de Cambridge en 2002) ont évalué avec de hauts standards scientifiques l’impact de celle-ci et leurs conclusions sont sans appel : la vidéosurveillance ne diminue que de manière très marginale la délinquance (moins de 6% de faits en moins). Plus intéressant encore : elle a des effets pervers dans le sens d’une démobilisation des personnels de surveillance, s’en remettant à la magie technologique. En réalité elle n’est efficace que dans des secteurs où ces personnels sont actifs et visibles...(E.D.)
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-L'école ne brûle pas:
"...« L’école ne brûle pas. (...) Ce n’est pas en termes de crimes et délits qu’il faut penser la violence scolaire. [Toutefois] il faut prendre au sérieux les formes moins spectaculaires de violence que sont les "incivilités" car elles témoignent en certains lieux d’une désorganisation du monde scolaire . » Ce qui empoisonne la vie de certains enseignants, ce sont surtout les injures, les regards provocateurs, le bavardage incessant, le je-m’en-foutisme, bref, les diverses formes de non-respect de leur autorité et de dénigrement apparent de leur fonction. Il y a là le durcissement d’un phénomène ancien : le chahut....
toutes les écoles ne sont pas concernées au même degré. Les problèmes se concentrent dans les zones urbaines défavorisées. Il existe donc bien une relation entre le milieu social des élèves et les désordres scolaires (5). Les zones urbaines défavorisées multiplient les facteurs qui attisent les comportements perturbateurs dans l’école : misère économique des familles (donc importance chez les enfants des sentiments de frustration et d’exclusion, du recours au vol pour posséder des biens de consommation, etc.), faiblesse culturelle des parents (donc difficulté de suivi scolaire des enfants, faible rapport aux enseignants, qui, en retour, interprètent à tort ce repli comme du désintérêt, voire de la « démission »), apprentissage précoce de la « culture de rue » chez les enfants (donc recherche de la domination verbale, conception exacerbée de l’honneur, usage banalisé de l’intimidation corporelle, etc.)..."

-Ecole : on occulte le débat par des sondages sur la violence | Rue89:
"...depuis plusieurs semaines, quelques faits divers grossièrement montés en épingle ont donné à Darcos l'occasion, en amusant la galerie avec les portails de sécurité ou la fouille des cartables, de détourner l'attention d'enjeux autrement plus cruciaux pour l'avenir, tout en dissimulant un bilan dénoncé comme calamiteux par une large partie de la profession.
Les mesures annoncées ce mercredi -des portails de détection « au cas par cas », la fouille des cartables, la création d » « une force mobile d'agents assermentés, recrutés et formés »- sont aussi démagogiques qu'inefficaces et contreproductives : en infligeant aux élèves des pratiques humiliantes, on développe inévitablement chez eux un sentiment de défiance, d'hostilité, qui risque fort de se manifester par un surcroît de violence contre l'institution.
Darcos, en refusant, par dogmatisme, toute réflexion sur la formation des enseignants, sur la pédagogie, sur les relations enseignants-élèves, toutes choses constitutives de ce qu'on peut appeler un climat d'établissement, non seulement ne règle rien mais prépare les violences de demain.
Eric Debarbieux, dans un entretien aux Cahiers pédagogiques que vous pouvez consulter ici, parle de la nécessité « de ne pas s'enferrer dans des “ solutions ” idéologiques. A tout problème complexe, il y a une solution simple : la mauvaise ».
Darcos ignore l'avis des spécialistes
Eric Debarbieux, professeur en Sciences de l'éducation, président de l'Observatoire international de la Violence à l'Ecole, est un parfait connaisseur des questions de violences scolaires, un spécialiste, donc.
Mais pourquoi Darcos s'encombrerait-il de l'avis de spécialistes, d'enquêtes et d'expertises, là où l'appel aux fausses évidences, au gros bon sens font parfaitement affaire ? Pourquoi perdre son temps à discuter avec les professionnels, superbement méprisés, là où un sondage d'opinion vous dispense d'avoir à réfléchir ?...

-Violence à l'école : ce qui n'est pas nouveau et ce qui l'est
-«C’est pas le Bronx non plus»
-Ces réponses qui existent déjà
-UMP : le soupçon électoraliste
- Violence, un rapport d’Eric Debarbieux
-La violence en milieu scolaire: un phénomène à analyser de près
-Violences scolaires : un discours politique qui tourne à vide | Rue89:
"...Il y a bientôt sept ans, le ministre délégué à l'enseignement scolaire ne craignait pas d'affirmer dans le Parisien le 22 novembre 2002 :
« Mon credo est de faire changer les mentalités. L'objectif est de faire baisser la violence de moitié en cinq ans. Je veux lever le tabou de la violence scolaire, prendre l'opinion à témoin et montrer ce qui a lieu réellement dans nos écoles. »
Le ministre en question s'appelait Xavier Darcos.

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La violence en milieu scolaire: bibliographie
-Enseignement : le privé au bord de la saturation
-L’Etat a des sous pour l’école privée, pas pour le public

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School Safety, 10 Years After Columbine
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-Où va l'école ?
- l’OCDE donne le kit de la privatisation facile
-Education, évaluation, domination

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