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jeudi 23 septembre 2010

Enigme suédoise

Séisme politique ou coup de fièvre passager?



Hier soir, l'émission C'est dans l'air sur France5 s'est efforcée d'éclairer un événement singulier, difficilement compréhensible pour nous, habitués à une certaine image idéalisée de la Suède, qui a frappé les esprits surtout dans l'Europe du Nord: la montée de l'extrême droite aux élections de dimanche dernier. Des leaders à la Haider, plutôt jeunes et décomplexés, dont le discours est ouvertement raciste, ont contribué à faire d'un petit groupuscule une force montante.Le pays est sous le choc, mais ne reste pas sans réactions.
"A l’issue des élections législatives, l’extrême droite fait une entrée historique au Parlement de Stockholm. Cette percée spectaculaire provoque un séisme politique dans le pays inventeur de l’Etat-providence et confirme l’essor des mouvements populistes en Europe. _Depuis dimanche 19 septembre 2010 et les élections législatives suédoises, l’échiquier politique de ce petit pays scandinave, berceau de la social-démocratie moderne, est bouleversé. Pour la première fois de son histoire, l’extrême droite va faire son entrée dans l’arène parlementaire. _Le parti Sverigedemokraterna (Démocrates de Suède), une formation issue de groupuscules néonazies, a obtenu 5,7 % des suffrages, ce qui est certes bien loin du record européen obtenu, en avril dernier, par l’extrême droite hongroise (16,7 % des voix). Mais dans un pays où la droite populiste a longtemps été cantonnée à des résultats inférieurs à 1,5 %, l’évènement est de taille. _D’autant qu’avec 20 députés sur les 349 sièges du Riksdag suédois, le parti Démocrates de Suède (SD) trouble les tractations pour la formation d’un gouvernement. En effet, ni l’opposition social-démocrate, qui enregistre son plus mauvais score depuis 1914, ni les gagnants du scrutin, les conservateurs sortants, ne disposent d’une majorité absolue..".

-Pour le première fois, l'extrême droite est au parlement, signe d'une xénophobie qui monte dans le pays, même si c'est de manière limitée par rapport à d'autres pays européens, comme le Danemark, la Hollande ou l'Allemagne. A la faveur de la crise, de la faillite du modèle néolibéral et de l'absence de solution alternative de la part d'une gauche anesthésiée, l'ethnicisme gagne du terrain.
Certes,
la Suède est en crise, comme le reste du monde , mais les conséquences en sont moins dures que partout ailleurs, malgré des restructurations douloureuses dans les années 80, des groupes industriels sont encore très importants, le chômage, phénomène assez nouveau, reste relativement limité, les inégalités moins importantes qu'ailleurs, la politique sociale très favorable, le niveau d'éducation assez bon, la santé bien assurée, le pays semble attaché à un service public en rénovation, mais toujours important.
La population vieillit, le recours à une certaine immigration a été rendue nécessaire et l'accueil des nouveaux immigrants (Irakiens catholiques, Libanais, Syriens,etc...) se fait dans des conditions plutôt positives (voir les témoignages dans le document de F5).
La situation relativement privilégiée de le Suède rend difficilement compréhensible un changement si brutal, même si des signes avant-coureurs semblaient l'annoncer.
Il est vrai que la population est très homogène et n'a pas été constituée comme d'autres par des apports démographiques extérieurs multiples au cours de son histoire. L'arrivée récente de la main d'oeuvre demandée par l'industrie aurait-elle dérangé le douillet confort de l'"entre-soi"?
La sociale démocratie, qui n'a pas peu contribué à rendre le pays prospère, serait-elle en fin de course, déclinante, sans réponse face à une crise qui affecte le pays, qui exporte beaucoup? La restructuration du service public l'a laissée sans réaction, provoquant une certaine colère des classes moyennes.
Resterait-il aussi des traces d'un
racisme et d'un eugénisme ancien?...Un poids
lourd à porter.
Situation politique inédite, moins simple qu'on ne pourrait le penser...
«L'ironie, c'est que ce déclin de la gauche coïncide avec le moment où l'ensemble des partis politiques et de la société acceptent le modèle qu'elle a construit depuis les années 1930. Pendant des années, la droite faisait campagne contre le socialisme. Aujourd'hui, plus question de tenir un tel discours. Au contraire, ils acceptent l'héritage des sociaux démocrates, tout en proposant de le moderniser par petites touches»

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Article repris par Agoravox
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