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mercredi 15 juin 2011

Matières premières

La guerre du Président

Qui fait une découverte...
"Selon lui, la financiarisation des marchés de matières premières entraîne une volatilité dangereuse, qui peut menacer la croissance économique mondiale. «Nous avons besoin de régulation pour ne pas nous retrouver de nouveau au bord du précipice »
"Faire le ménage", c'est bien, mais c'est un peu tard et comment? Les promesses de "transparence" ne suffiront pas...

__Et les matières premières agricoles, les plus vitales? Et les famines qui menacent encore, comme en 2008, où l'on a connu des émeutes de la faim? Ses aspects, ses causes multiples? Peu de choses, si on lit bien. Même type de discours qu'en 2009...

"...Les émeutes de la faim se rappellent d´une façon récurrente à notre bon souvenir les pays du Sud dépendant pour leur survie d´un Nord opulent qui, à bien des égards, est responsable de ces malheurs. Certes, le Nord jette des miettes sous forme d´APD qui, malheureusement, demeure sans lendemain. Si on ajoute à cela l´hypocrisie des promesses du Millénaire (réduire de moitié la faim d´ici 2015), nous avons un tableau complet de la mise en scène des pays industrialisés qui laissent en 2011 sur le
bord de la route un milliard de personnes menacées par la faim. Pour éradiquer ce fléau, il suffirait de seulement 30 milliards de dollars par an. En comparaison, le budget militaire de base du Pentagone est de 533,7 milliards de dollars pour l´exercice 2010. Washington prévoit de vendre pour 46,1 milliards d´équipements et de services militaires soit près de 50% de plus qu´en 2010. Par ailleurs, les institutions financières américaines ont distribué, pour l´année 2010, 144 milliards de dollars en seuls bonus, primes et stock-options à leurs dirigeants...
Cette flambée des prix des matières premières en général et des produits alimentaires a connu une accélération ces dernières années. 2010 aura été l´année de toutes les hausses. Faiblesse du dollar, croissance chinoise, spéculation, raréfaction de l´offre, sont autant de facteurs qui tirent vers le haut le prix des matières premières. La part des spéculateurs sur les marchés alimentaires explique en partie la hausse continue des prix depuis l´été 2010. Les produits alimentaires sont devenus des actifs financiers comme les autres. Difficile également de ne pas souligner le rôle des agrocarburants, qui ont détourné plus du tiers de la production de maïs des Etats-Unis, l´année dernière. Les Américains ont subventionné, en 2009, la transformation de 144 millions de tonnes de maïs et de centaines de millions de tonnes de blé en biodiesel et bioéthanol. Les terres qui y sont donc, consacrées, sont autant de terres disponibles en moins pour le soja ou le blé, ce qui explique la hausse corrélative des cours mondiaux, directement liés aux prix américains. De ce fait, la part des spéculateurs par rapport aux acteurs commerciaux (c´est-à-dire qui échangent réellement des biens agricoles) a explosé.
Les produits alimentaires deviennent ainsi des actifs financiers comme les autres, dans une stratégie de rentabilité maximale des portefeuilles des investisseurs....
Pour le professeur Michel Chossudovsky directeur du Centre d´analyse Mondialisation.ca, cette « mondialisation de la pauvreté, » qui a annulé bon nombre des progrès de la décolonisation d´après-guerre, a commencé dans le tiers-monde avec la crise de la dette du début des années 1980 et l´imposition des réformes économiques meurtrières du Fonds monétaire international (FMI). Avec de grands pans de la population mondiale déjà bien en dessous du seuil de pauvreté, la hausse des prix des denrées alimentaires de base, qui se produit sur une courte période, est dévastatrice. Des millions de personnes dans le monde sont dans l´incapacité d´acheter de la nourriture pour leur survie. Ces augmentations contribuent d´une manière très réelle à « éliminer les pauvres » à travers « la mort par la famine. » (...) L´escalade des prix des produits alimentaires est en grande partie le résultat d´une manipulation du marché. Elle est en grande partie attribuable à la spéculation boursière sur les marchés des matières premières. (...) Grâce à la manipulation concertée, les opérateurs institutionnels et les institutions financières font augmenter les prix. Ils placent alors leurs paris sur la hausse du prix d´un produit en particulier. La spéculation génère la volatilité du marché. À son tour, l´instabilité qui en résulte encourage la poursuite de l´activité spéculative. (...) Les famines à l´ère de la mondialisation sont le résultat de ces politiques. La famine n´est pas la conséquence d´un manque de nourriture, c´est en fait, tout le contraire : les surplus alimentaires mondiaux sont utilisés pour déstabiliser la production agricole da
ns les pays en développement. « Pourtant, écrit Michel Chossudsky, qui dénonce le rôle des multinationales de l´agroalimentaire, l´agriculture mondiale a, pour la première fois de l´histoire, la capacité de satisfaire les besoins alimentaires de toute la planète, mais la nature même du marché mondial de ce système ne permet pas que ça se réalise »....
Le rapport (de L'OXFAM) a (également) réclamé l´arrêt de la domination de quelques grandes multinationales sur le marché des matières premières agricoles et des semences. Prenant l´exemple de l´Inde, Oxfam a rappelé que la croissance économique y a plus que doublé entre 1990 et 2005 mais que le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 65 millions. En effet, les populations pauvres en milieu rural restent exclues du développement économique. En parallèle, l´engouement des Etats-Unis pour le bio-éthanol a conduit à utiliser 15% du maïs mondial pour en faire du carburant, même en période de forte crise alimentaire. Et l´ONG de rappeler que la quantité de céréales nécessaires pour faire le plein d´éthanol d´un véhicule 4x4 peut nourrir une personne pendant un an...
" (c.e.C.)

_« Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations, contrôlez la nourriture et vous contrôlerez la population. » disait le bon H.Kissinger, dont le souci pour le bien-être des populations n'était pas la qualité première.
________Les famines et les révoltes de la faim ne sont pas nouvelles, mais celles qui se répètent depuis des dizaines d'années ont la particularité d'être évitables, de se dérouler sur fond de richesses mondiales inédites, sur l'abondance des matières premières issues d'une agriculture hautement technique et hyperproductive, sur un tissu serré de relations commerciales mondiales.
Le problème n'est pas celui de la quantité, comme le disait déjà naguère
Edgar Pisani, (Il faut" déposséder l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) de son monopole comme instance de règlement des problèmes commerciaux, lier de façon rigoureuse politique agricole et politique alimentaire, considérer que le problème de la faim est l’un des plus dangereux pour la sécurité mondiale, organiser le monde en zones les plus homogènes possibles ayant des règles internes correspondant à leur réalité et des règles externes d’échange prenant en compte l’équilibre du monde") , mais celui de la répartition, des razzias sur les terres cultivables, des échanges, de la politique commerciale, du développement du bioéthanol, de la spéculation boursière, dont les clés ne sont pas entre les mains des moins dotés par la nature et l'histoire.
La souveraineté alimentaire est le problème clé . La politique commerciale de l'OMC est en question, qui favorise les multinationales de l'agrobusiness. Le milieu, la surpopulation locale, la défaillance des institutions, la corruption, les conflits...n'expliquent pas tout.
La faim n'est pas une fatalité.
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« La terre fournit assez pour satisfaire les besoins de chacun, mais pas assez pour satisfaire les convoitises de chacun ». Ghandi
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Voir ce soir sur FR3 : Alimentation: La bourse ou la vie

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