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mercredi 6 juillet 2011

Si Samsung m'était conté

L'emprise de l'entreprise



______________________Si on tape Samsung dans Google, on va d'abord trouver un nombre considérable de pages vantant les mérites de la firme et surtout de ses produits électroniques de dernière génération au design époustouflant. Le design, c'est essentiel pour la marque. Du moins pour ces produits, car Samsung ne fabrique pas que des écrans plats, des ordinateurs ou des téléphones portables. C'est un énorme conglomérat (un Chaebol ), un géant qui se distingue aussi dans la construction navale, le bâtiment, et parfois dans...la fraude.
_Image d'ultramodernité et de puissance, qui se reflète dans le gigantisme des usines et l'organisation du groupe. Il y a un esprit Samsung, comme il y a un esprit Toyota, comme il y avait un esprit Michelin et Boussac, celui d'une entreprise "
totale" (comme Mauss parlait de phénomène social total) tendant à investir tous les aspects de l'existence, pas seulement un certain rapport au travail.
___Il suffit de
visionner ce document (Un oeil sur la planète) très intéressant et de parcourir le commentaire éclairant qui en est fait pour comprendre la pression subtile ou féroce que la firme exerce sur les ouvriers et les cadres, pour un engagement de tous les moments, dans un paternalisme pesant, au service de la perfection érigée en religion, de la production pour l'exportation. Certes, il ne faut pas extrapoler à tout le pays les résultats de cette enquête.
Le temps de travail n'est pas compté dans ce véritable empire, qui domine la vie sociale et politique de ce petit pays, qui a vu dans l'exportation la seule voie de développement.
C'est aussi la vie quotidienne qui est profondément affectée par l'investissement individuel et la prolifération des technologies de pointes. Une société "futuriste" par bien des aspects, mais en stress permanent
_Une société performante, certes (par exemple, grâce à Samsung, la Corée est devenue le troisième marché mondial pour Renault), mais où on dort peu et où l'idéal de la firme imprègne la vie quotidienne
.
"La Corée est très compétitive : les coûts de production représentent 70% de ceux en France. "Nous n'avons pas de syndicats dans l'usine", se félicite Joon Geol Lee, responsable du contrôle des coûts chez RSM, en faisant référence aux grèves régulières qui ont lieu chez Hyundai, tout en soulignant : "Nos salariés sont jeunes, 33 ans en moyenne contre 43 ans chez Hyundai. Cela permet d'avoir des coûts salariaux plus bas."
_Dès l'enfance, domine l'obsession de la réussite. Le système scolaire, à deux vitesses, se révèle épuisant pour l'enfant, avec ses journées interminables et sa course obsessionnelle au diplôme. Tout un ensemble de conditions qui peut expliquer pourquoi le suicide, dont le pays est le champion mondial, est la quatrième cause de décès et commence à sérieusement inquiéter les responsables du pays.
Certes, la Corée du Sud revient de loin, ruinée après une guerre terrible. L'état du pays, il y a cinquante ans, ne permettait guère de deviner un tel parcours. Cependant, on ne peut parler de miracle, comme on le fait trop souvent. Comme le Japon, l'économie du pays reste fragile, ayant tout misé sur l'exportation.

__On pourrait conseiller aux Coréens, pour vivre mieux, de lire un peu Lafargue...

"Tout sacrifier à l'efficacité économique, c'est oublier le sens et le but même de la vie"
(Yann)
_-_Le côté obscur du modèle sud coréen
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_Article paru dans Agoravox

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