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samedi 20 août 2011

Royaume-(des-)Uni

Les raisons d'une colère:
_________________Un cocktail de ressentiment social prévisible

"Il y a un an à peine, la coalition composée des conservateurs et des libéraux-
démocrates accédait au pouvoir. Depuis lors, le Royaume-Uni a vu se succéder des protestations étudiantes, des occupations de dizaines d’universités, de nombreuses grèves, des manifestations qui ont rassemblé près d'un demi-million de personnes. Maintenant, ce sont des troubles violents qui agitent les rues de Londres et de quelques grandes villes du pays.
Tous ces événements n'ont certes pas la même origine, mais ils s’inscrivent tous dans un contexte marqué par des réductions budgétaires brutales et de lourdes mesures d’austérité. Le gouvernement est parfaitement conscient qu'il fait un pari risqué et que ses décisions menacent d'entraîner des troubles d'une envergure que le pays n'a plus connue depuis le début des années 1980.
Les mesures mises en place depuis un an ont mis crûment en lumière le fossé entre riches et pauvres. Mais le contexte actuel, propice à des tro
ubles sociaux, met en évidence des fractures plus profondes encore..."
____Les effets du programme de Big Society , instauré par Cameron, commence à produire des fruits amers, après l'exaspération étudiante, dont cette révolte "anarchique", étonnamment violente, est une des manifestations.
Sa guerre contre «l'effondrement moral» prend les effets pour les causes, une certaine délinq
uance née au sein d'une jeunesse désespérée, car sans perspective d'avenir, étant largement le fruit de décennies d'abandon social, d'immigration incontrôlée, de détricotage des services publics, depuis la politique ultralibérale de la dame de fer, qui considérait que "la société n'existe pas", donc que les exigences de solidarité sont superflues et ruineuses, chacun devant se débrouiller, dans le pur esprit de Hayek et de Friedman.
_La purge sans précédent, des coupes sombres dans les budgets sociaux ont mis de larges couches de défavorisés sous extrême tension
Même si le sens des émeutes est toujours équivoque, si les officiels et certains medias ont mis l'accent sur les scènes de
pillage, on s'est abstenu de faire l'analyse des causes profondes et lointaines d'une révolte des sans-pouvoir, dont on pouvait prévoir l'avènement.
_Une broken society, une société en miettes, minée par l'individualisme, les profondes injustices, a produit ses effets, même si des observateurs ont dit que «on pouvait anticiper des troubles, mais pas de cette ampleur».
_Même si comprendre n'est pas excuser, ce phénomène complexe reste encore à expliquer, qui ne peut être ramené à une génération spontanée de violence à partir d'une tragique fait divers.
A vrai dire ces événements n'auraient dû surprendre personne
__________Où est "
l'effondrement moral" cher à Cameron? « Les jeunes suivent ces événements et ils en parlent ! », s'exclame le sociologue Paul Bagguley. Il fait référence au scandale des notes de frais mais aussi à celui, plus récent, des écoutes téléphoniques commanditées par le journal de Rupert Murdoch, News of the World. Encore plus que les débordements des parlementaires, cette affaire a montré la collusion incestueuse et morbide au sommet de l'Etat entre les médias, les politiciens et la police. Tout ce petit monde s'est octroyé des faveurs et des renvois d'ascenseur qui les ont fait s'enrichir et gravir les échelons du pouvoir en utilisant des pratiques illégales et franchement sordides (espionnage de parents de victimes de crimes ou de famille de soldats tués en Afghanistan). Le fait que les conservateurs comme les travaillistes, mais aussi une institution aussi éminente que Scotland Yard, aient profité des largesses, puis fermé les yeux sur les basses œuvres, du baron australien de la presse n'est pas un évènement anecdotique.
_Si l'on ajoute à cela le sentiment que les banquiers, qui ont provoqué la crise financière de 2008 à la City, s'en sont sortis avec beaucoup d'égards et aujourd'hui pas mal de bénéfices, il n'est peut être pas si surprenant que les jeunes au bas de l'échelle sociale souhaitent, eux aussi, profiter d'une certaine impunité en brûlant et pillant. «
J'ai le sentiment que la criminalité dans nos rues ne peut pas être diss
ociée de la désintégration morale dans les rangs les plus élevés de la société britannique moderne », écrit l'éditorialiste du Daily Telegraph Peter Oborne. « La culture de la rapacité et de l'impunité que nous avons vue sur nos écrans de télévision lors des émeutes s'étend jusque dans les conseils d'administration et au gouvernement. Elle inclut la police et de nombreux médias. Ce n'est pas seulement la jeunesse dérangée qui a besoin d'être réformée, mais la Grande Bretagne dans son entier. » _ Quand l'on se penche sur les ressorts des émeutes britanniques, pas seulement les causes immédiates qui ont provoqué ce déchainement de violence, mais aussi le contexte politique et social qui leur sert de décor, il est difficile de ne pas faire le lien entre ce qui s'est déroulé en Grande Bretagne et ce qui survient, depuis le début..."
Le problème ne sera pas évidemment réglé par les emprisonnements massifs en cours. La presse anglaise en est assez consciente.
Difficile de ne pas établir un certain parallèle avec des événements similaires que l'on a connu en France les années dernières.

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