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vendredi 21 octobre 2011

Indignés de tous les pays...

Le mot d'ordre de Stéphane Hessel a fait école.

Pas seulement à Athènes, à Londres ou à Madrid. Les USA sont maintenant touchés et le mouvement se répand dans les villes importantes. Mais avec quelles perspectives?

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« [...] l’acquisition de la richesse [...] à travers des profits excessifs, crée un pouvoir privé illégitime sur les affaires privées et, à pour notre plus grand malheur, sur les affaires publiques aussi » [Discours sur l'Etat de l'Union, 1935]

« [...] La liberté de la démocratie n’est pas garantie si le peuple tolère la croissance du pouvoir privé jusqu’à un point où celui-ci devient plus fort que son Etat démocratique lui-même. » Message au Congrès, 1938]__Franklin D. Roosevelt_

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__«L'indignation» gagne le pays de Roosevelt, révélant, sur fond de pauvreté et de précarité galopantes, le fossé qui se creuse entre le peuple et les élites, dans une situation économique qui ressemble à une impasse.
Sous des formes diverses, le mouvement «Occupy Wall Street», très différent de Tea Party, se développe dans des centaines de villes, grandes et petites, comme sur des campus universitaires., contre les
"suceurs de sang de Wall Street " (Harry Truman). Un mouvement relativement limité et aux mots d'ordre disparates, mais exceptionnel aux USA et éveillant des échos importants.
"Je ne peux pas leur reprocher d'accuser la finance d'avoir mis la finance dans le pétrin", avoue Ben Bernanke, le président de la Fed.
__Pourquoi Wall Street, une petite rue, au sud de Manhattan?
"L’abstraction que représente Wall Street comporte un double aspect. D’un côté, Wall Street renvoie à un certain type du pouvoir, un oligopole d’institutions financières qui retire à chacun de nous une rente sans que nous en ayons jamais retiré grand chose. Le slogan du vieux complexe militaro-industriel était “ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique”. Aujourd’hui, le slogan de cette classe de rentiers est : “Ce qui est bon pour Goldman Sachs ne te regarde pas!”.

_«Nous sommes le 99%»: un mouvement qui se cherche, tente des jonctions, avec la conviction que " presque tous les problèmes de notre société découlent de l’extrême concentration de richesse et de pouvoir dans cette couche supéri
eure de 1%».
____Occuper Wall Street, c'est ré-imaginer le monde
"...
Nous assistons au début de l’affirmation revendicative d’une nouvelle génération d’Américains, une génération qui fait face à la perspective de terminer ses études sans trouver d’emploi, une génération sans avenir, mais lestée d’une dette exigible énorme. La plupart de ceux que j’ai rencontré viennent de la classe ouvrière ou sont d’origine modeste. Ce sont de jeunes gens qui ont fait exactement ce qu’on leur a demandé : étudier, entrer à l’université, et qui sont maintenant non seulement pénalisés pour cela, mais aussi humiliés - promis à une vie où ils seront traités comme des mauvais payeurs, des réprouvés. Est-ce vraiment surprenant qu’ils aient envie de s’expliquer avec les magnats financiers qui leur ont volé leur avenir ? Tout comme en Europe, nous observons ici le résultat d’un colossal échec social. Ces occupants sont exactement le genre de gens débordant d’idées, dont l’énergie devrait être favorisée par une société en bonne santé, afin d’améliorer la vie de chacun. Au lieu de quoi, ils la consacrent à imaginer le moyen de mettre à bas l’ensemble du système. Mais l’échec définitif ici, est celui de l’imagination. Ce à quoi nous assistons peut également être considéré comme la revendication d’ouvrir enfin le débat que nous étions tous censés mener après 2008. Après le quasi-effondrement du système financier mondial, il y eut un moment où tout semblait possible. Tout ce que l’on nous avait dit durant la dernière décennie s’était avéré être un mensonge. Les marchés ne se régulent pas eux-mêmes ; les créateurs d’instruments financiers ne sont pas des génies infaillibles, et les dettes n’ont pas vraiment besoin d’être remboursées. En fait, l’argent lui-même s’est révélé être un instrument politique : des milliers de milliards de dollars pouvant être créé ou disparaître du jour au lendemain si les gouvernements ou les banques centrales le jugeaient nécessaire.
Même le magazine The Economist titrait : « Capitalisme : était-ce une bonne idée ? » Il semblait que le temps était venu de tout repenser : la nature même des marchés, l’argent, la dette ; de se demander à quoi sert réellement une « économie ». Cela a duré peut-être deux semaines. Puis, manifestant l’un des plus énormes manque de courage de l’histoire, on s’est bouché les oreilles et on a tenté de ramener les choses au plus près possible de leur état antérieur. Ce n’est peut-être pas surprenant. Il devient de plus en plus évident que la véritable priorité de ceux qui ont gouverné le monde durant ces dernières décennies n’a pas été la création d’une forme viable de capitalisme, mais plutôt de nous convaincre que la forme actuelle du capitalisme est le seul système économique envisageable, que ses défaut sont sans
importance. Et nous voilà tous stupéfaits lorsque l’ensemble du système tombe en morceaux..."
__Un mouvement assez flou et équivoque par certains aspects, mais qui peut être porteur d'un avenir différent, s'il dure, s'étend et se structure politiquement. Car là est le problème.
Ce qui manque aux ind
ignés, ce sont les projets concrets et l'organisation. Le risque pèse de l'usure dans le temps et de la récupération politique.
"...Les revendications portées par les indignés sont sans doute audibles par une population ayant soif de changements dans les politiques économiques et sociales conduites en Europe ou aux Etats-Unis, mais elles ne peuvent permettre à tous de s'engager derrière le flou qu'elles entretiennent. En réclamant des changements pour une “véritable” démocratie, les indignés ne font que contester sans proposer : parvenus à prendre conscience de l'injustice engendrée par le système capitaliste, ils n'ont en réalité aucune idée précise des moyens de la réduire. Et établir un diagnostic n'est pas guérir le malade. Si on se réfère aux revendications émises, le changement de politique ne peut constituer ni une base suffisante pour unir et fédérer les mécontentements, ni véritablement inquiéter un pouvoir qui se bat déjà pour conserver la main. Il leur faudrait donc tout d'abord se mettre d'accord, ensemble, sur les réponses que les indignés voudraient voir adoptées par les gouvernements contestés pour aller les réclamer publiquement : car plus de justice, plus d'emplois, plus de partage des richesses ou plus de démocratie, cela ne signifie rien de bien concret pour développer la mobilisation. Ensuite, la structure même de ces mouvements ne saurait être suffisante pour appuyer ces faibles revendications..."
___Les médias américains surmédiatisent les « Indignés », pour diverses raisons: l'unanimité molle entre les organes de presse se dégrade et "
une belle indignation générale, spectaculaire, ça ne mange pas de corn flakes, et c'est facile à expliquer et à mettre en images."
________________Il y a loin de la révolte, même justifiée et sympathique, à une révolution, un changement radical d'un système financier qui n'est plus depuis longtemps au service de l'économie et qui continue à manifester son pouvoir de nuisance. Mais comment relayer et concrétiser l'indignation dans un espace politique verrouillé par une caste?

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