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mercredi 10 octobre 2012

Américanomanie

 Entre amécanolâtrie et américanophobie

________ Le rêve américain a la vie dure, même si les relations franco-américaines restent encore souvent équivoques, balançant d'un extrême à l'autre au gré des circonstances, de critiques souvent justifiées à des postures historiquement et culturellement marquées. Les USA servirait même parfois de bouc-émissaire, selon les conservateurs libéraux  Revel  ou Bruckner, admirateurs du modèle américain, autrefois exalté par JJ Servan Schreiber et, plus récemment et naïvement, par un ancien Président.
_Bien sûr, il a pris du plomb dans l'aile depuis la fin de la guerre froide, les engagements US au Vietnam, en Irak, en Afghanistan, depuis les aventures politiques de Bush et la crise, diffusée partout, grangrènant même les pays d'Europe . L'affaiblissement de l'Empire a écorné les idéaux qu'il véhiculait. L'Oncle Sam est en train de perdre son aura et la première place économique.Tant qu'il garde le dollar comme monnaie artificielle de référence et sa suprématie militaire, il pourra encore garder quelques beaux restes industriels, certaines zônes d'influence et une puissance militaire dominante, mais budgétivore. Il peut continuer quelque temps encore à vivre au-dessus de ses moyens.
___On ne rêve plus de l' Amérique comme au début du 20° siècle ou après la dernière guerre, mais les vieux mythes sur l'usine à rêve ont la vie dure
________John R. MacArthur, directeur de Harper’s Magazine, s'était déjà attaché à montrer les faiblesses de la démocratie de son pays dans Une caste américaine.
  ▬▬Dans une Lettre d'un Américain à la France, il se propose de nous ouvrir les yeux sur nos croyances naïves concernant le géant d'Outre-Atlantique, colosse aux pieds d'argile. 
▬Dans  Pour en finir avec la Françamérique, JP Immarigeon " comprend de moins en moins, malgré les évènements récents ayant marqué l'histoire du monde, la persistance de la dépendance de la France, dans toutes ses composantes, au mythe d'une civilisation commune avec les Etats-Unis, qui nous empêche de nous décider enfin à prendre en mains nous-mêmes notre destin. 

L'auteur, excellent connaisseur des Etats-Unis, où il exerce une partie de son activité professionnelle, ne comprend pas l'aveuglement des Français à vouloir dans tous les domaines s'abriter sous la référence américaine, au lieu de faire appel à leurs propres ressources. Même ceux qui sont obligés par la force des choses de confesser une perte de puissance américaine n'en tirent pas arguments pour enfin rompre le lien affectif qui les unit à une Amérique dont ils se donnent une image largement fantasmée et inexacte. Même ceux qui veulent rompre ce lien n'osent pas le faire pleinement. La peur d'être condamnés comme anti-américanistes sommaires les empêchent de voir et d'évoquer les raisons qui devraient nous obliger à devenir enfin indépendants... L'addiction à l'Amérique se limite-t-elle à la France? Ne faudrait-il pas envisager une « américanomanie européenne »[note du rédacteur] qui paralyserait toute l'Europe? Elle culminerait au niveau des institutions européennes mais aussi dans chacun des gouvernements de l'Union. Elle ne se limiterait pas aux cercles dirigeants mais elle toucherait l'ensemble de la population. Partout, la peur de rompre le cordon qui relie l'Europe à une Amérique présentée comme légitimement en charge des affaires du monde paralyse les velléités de saisir les opportunités qui s'offrent désormais à l'Europe, lui permettant de jouer enfin sa partie dans un monde devenu multipolaire. Les perspectives présentées par Franck Biancheri, directeur du Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) n'éveillent encore qu'un faible écho. Elles devraient pourtant dynamiser les énergies européennes, puisque celui-ci montre que, entre une Amérique déclinante et une montée en puissance du BRICS, un large créneau d'opportunité s'ouvre à l'Europe (et à l'euro) pour valoriser et développer des ressources qui restent considérables...
  Mais si c'est l'Europe toute entière qui est frappée d'impuissance par son américanomanie, ne faut-il pas s'attacher à mettre en évidence les processus par lesquels depuis la seconde guerre mondiale les Etats-Unis se sont faits, sous les apparences, l'ennemi délibéré de la construction d'une Europe-puissance indépendante d'eux. Il faudrait à cet égard parler d'une véritable entreprise coloniale, par laquelle les nouveaux colons américains se sont attachés à déposséder de leur culture propre les Européens, comme ils l'avaient fait précédemment des Indiens d'Amérique._Or pourquoi les Européens se sont-ils soumis si facilement à la colonisation militaire, économique et culturelle américaine. La question a été souvent posée. Elle continue à l'être. La réponse la plus évidente paraît tenir au fait que les oligarchies financières, gouvernementales et médiatiques européennes trouvent beaucoup plus facile pour assurer leur pouvoir de se mettre sous la dépendance de leurs homologues américaines depuis longtemps dominantes plutôt que chercher leurs propres voies de développement. La dégradation lente de la puissance américaine n'est pas encore suffisamment affirmée pour qu'elles cherchent ailleurs des alliances de rechange..."

________L' état actuel de l'économie américaine et l'état de déshérence de certains états et de certaines villes qui meurent devrait nous faire réfléchir sur les possibilités de résilience d'un puissance en déclin. Par exemple, plombée par la crise, une ville américaine vire tous ses policiers. 
Des villes comme Détroit , Chicago,  Stockton...et toutes les autres sont dans des situations que l'on imagine guère chez nous. La  Californie est en faillitte. Le salariat  est dans une précarité inédite, comme les ouvriers de Wal-Mart ,premier employeur privé aus USA. Pauvreté et inégalités ont explosé.
On ne peut guère compter sur l'indépendance et le volontarisme du politique, Wall Street ayant phagocyté Obama et  fabriqué une fausse reprise,comme le reconnaît Jean-Michel Quatrepoint.
__L'américanoréalisme, l'américanolucidité s'imposent...

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