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mercredi 1 mai 2013

Une Europe sans l’Allemagne?…

Le temps est compté...
 ____________________Un spectre hante l'Europe et notamment la politique française du moment: la question allemande,  ou plutôt celle de la politique de la droite de ce pays, contestée, tue ou approuvée.
  SPD: Merkel conduit l'Europe à "l'anorexie"
Que l’Europe serait belle sans l’Allemagne! semblent souhaiter certains.
 Mais on ne fera rien sans l'Allemagne, d'ailleurs empêtrée dans ses contradictions,"même si l’on désapprouve la politique d'Angela Merkel, on doit se méfier des conséquences de manifestations anti-allemandes ou de pressions trop appuyées sur la chancelière: la conséquence pourrait fort bien en être une radicalisation de l’opinion publique allemande et son opposition à toute forme de solidarité européenne. Pour l’instant, les Allemands se montrent encore majoritairement favorables à l’euro; cela pourrait changer si le climat devenait trop franchement hostile à leur égard..."
Beaucoup d'Allemands eux-mêmes ne sont pas tendres à l'égard de la ligne politique de Merkel:  d'anciens hommes politiques comme Helmut Schmidt, ou des intellectuels comme _Ulrich Beck ou Habermas ou un leader de l'opposition comme Sigmar Gabriel, pour qui Merkel conduit l'Europe à "l'anorexie"
Mais un tabou paralyse le gouvernement français et les critiques sont priés de se taire, alors qu' on risque de perdre une nouvelle occasion de s’attaquer frontalement (« se confronter » ?) au blocage économique fondamental dont souffre actuellement l’économie européenne : l’austérité budgétaire généralisée, qui empêche le redémarrage et au final aggrave la situation des dettes publiques... On peut le déplorer, mais il se trouve que la clé, pour mettre fin à ce blocage, se trouve en Allemagne....
... Ils n’osent ni se départir de l’orthodoxie ambiante, ni même protester, de peur de dégrader leur fameux « spread » – la différence entre leurs taux d’intérêt et les taux allemands. C’est ce que l’économiste Jean-Paul Fitoussi, dans une interview très « déraisonnable » à Libération, a appelé « l’équilibre de la terreur ».
Les dogmatiques de l'Europe des marchés a ses dévots
Débat interdit...
 __On en arrive à se demander  qui veut (vraiment) sauver l’Europe ?
 « Nos gouvernants nous emmènent dans le mur car ils ne sont plus guidés par l’intérêt collectif », s'inquiète Elisabeth Cudeville. Comme de nombreux économistes, elle conseille aux dirigeants européens de refermer la « parenthèse libérale » et de cesser de s'accrocher au « mythe » de l'efficacité des marchés libres pour réguler l'économie, avec l'équilibre budgétaire et l'inflation nulle pour principes.
Beaucoup d'éconismistes s'inquiètent depuis un moment:
Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, affirmait déjà en mai 2010 : « L'Europe va dans la mauvaise direction […], elle veut un plan coordonné d'austérité. Si elle continue dans cette voie-là, elle court au désastre. Nous savons, depuis la Grande Dépression des années 1930, que ce n'est pas ce qu'il faut faire. »
Olivier Blanchard, directeur du département des études du Fonds monétaire international, déclarait le 24 janvier 2012, après l’annonce du FMI d’une révision à la baisse de ses prévisions de croissance de la zone Euro : « Il faut continuer de rééquilibrer les budgets, mais à un rythme approprié. La réduction de la dette, c'est un marathon, et pas un sprint. Une action trop rapide tuera la croissance et torpillera la reprise. »
En France, Thomas Piketty, lauréat 2013 du prestigieux prix Yrjö Jahnsson du meilleur économiste européen de moins de 45 ans, affirmait, en septembre 2012 : « On se retrouve à faire de l'austérité à marche forcée, soit disant pour rétablir notre crédibilité, alors que tout le monde sait que cette politique conduira à plus de récession et plus d'endettement. »
Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008, déclarait en septembre 2012 : « Mon propos contre les politiques d'austérité s'adresse aux pays qui ont encore le choix. Ni l'Espagne ni la Grèce ne pouvaient s'affranchir des exigences allemandes et prendre le risque de se faire couper les vivres. Mais, de mon point de vue, la France n'est pas dans une situation budgétaire critique et n'a pas autant besoin d'une politique de rigueur. »
Maurice Obstfeld, grand spécialiste d’économie internationale, professeur à l’Université de Berkeley, écrivait, en janvier 2013 : « Des politiques trop ambitieuses de réduction des dettes nationales et des déficits publics ne devraient pas être mises en œuvre en temps de récession, en particulier dans les récessions telles que celles de la crise actuelle qui affectent tous les pays en même temps. » (PDF)
Charles Wyplosz, économiste français, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement (Genève), spécialiste internationalement reconnu des crises monétaires, écrivait encore, le 29 mars 2013 : « On sait bien qu’un pays qui se retrouve avec une dette trop élevée ne peut la ramener à un niveau confortable que très, très lentement, sur plusieurs décennies. Rien ne presse donc, et le faire à marche forcée en situation de récession et de chômage en augmentation n’a aucun sens économique. »
____Il est temps de donner un cours nouveau, à la politique européenne, si on veut sauver la zône euro, à deux doigts de l'éclatement»
Le temps est compté, selon P.Jorion: "...La raison voudrait que l’on arrête la politique du chacun pour soi, qu’on rebâtisse un ordre monétaire international, dont l’absence depuis 1971 entraîne tout le monde par le fond. Au niveau européen, la construction telle qu’elle a été faite montre toutes ses lacunes et ses erreurs. Il faudrait aller vers plus de fédéralisme, afin qu’un système budgétaire et fiscal commun vienne compléter la monnaie unique. Mais si cela se fait, ce sera contre les opinions publiques. Celles-ci ont décroché du projet européen : elles souhaitaient une Europe des citoyens, elles n’ont que l’Europe des marchands.
À ce stade, il y a toutes les raisons d’être pessimiste. Nous sommes dans une période très critique. La zone euro est à deux doigts de l’éclatement. Le système est dans une telle situation de fragilité que la moindre étincelle peut le faire exploser..."
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 Et si l' Allemagne n'était pas si exemplaire...
L'Allemagne prise au piège 
Bonne affaire pour l'Allemagne

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