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dimanche 2 novembre 2014

Economistes en déroute

Des mages mis à mal
                                         La crise aura eu au moins un avantage:  mettre en évidence la faiblesse, le caractère hypothétique de la  (trés) faillible science économique , celle du moins qui dérive du monétarisme et ses mystifiantes équations, celle des économistes d'influence, ou médiatiquesde ceux qui ont poignon pignon sur rue, de ceux qui se pavanent devant les caméras, de ceux qui psalmodient régulièrement dans "la bande à Calvi", dont un certain nombre, les disciples des  Evangélistes du marché,  a des liens très étroits avec des intérêts bancaires puissants  et enseigne à Sciences Po ou autres écoles prestigieuses, transmettant une bonne parole maintenant disqualifiée...
      Ce qu'on a appelé la faillite des économistes, qui n'ont pas vu venir la crise pour la grande majorité, alors qu'elle nous pendait au nez pour Roubini et quelques autres, a finalement du bon. Elle démystifie trop d'années de prétentions et d'obstinations dans l'erreur, avec un impensé majeur: les économistes sont aussi des hommes de la cité qui partagent pour partie les mêmes préjugés que leurs contemporains, les mêmes choix implicites mais qui ont un puissant et singulier tropisme, celui d'être  souvent en sympathie avec  les intérêts dominants, financiers notamment, tel notre récent prix faussement nobélisé.
              Un autre Nobel, qu'il faudrait relire, a fait là-dessus une remarque de bon sens:
« A toutes les époques de l’histoire, le succès des doctrines économiques a été assuré, non par leur valeur intrinsèque, mais par la puissance des intérêts et des sentiments auxquels elles paraissent favorables... La science économique, comme toutes les sciences, n’échappe pas au dogmatisme, mais le dogmatisme est ici considérablement renforcé par la puissance des intérêts et des idéologies ».
[Maurice Allais_ 1968]

                               L'échec a été si grand et si manifeste qu'il en a aveuglé plus d'un et a provoqué un tel déni qu' il a renforcé certains dans leur dogmatisme antérieur. Quand on écoute, par exemple, un Dessertine sur la Cinq pérorer presque tous les soirs, répéter les mêmes antiennes, on se dit qu'il a manqué quelque chose et on aimerait lui conseiller ne serait-ce que la lecture de Krugman ou de Stiglitz...
           Dire qu'ils furent et sont des imposteurs est peut-être insuffisant. Ils sont aussi victimes d'un enseignement à sens unique, d'une vulgate essentiellement néolibérale, sous-produit de l'école de Chicago et qu'ils ont surtout évolué dans la quantophrénie (comme disait le sociologue Gurvitch), l'économie purement quantitative, aveugle aux réalités sociales de base.
                        Le récent livre du néo-keynésien australien Steeve Keen bouscule un certain nombre de dogmes tenaces dans ce monde trop fermé et trop compromis.
      Gaël Giraud, dans la préface de son ouvrage dénonçant les idées fausses qui ont puissamment contribué aux dérapages dont nous subissons encore toutes les conséquences, déclare:
" ...L'ouvrage examine et déconstruit tout ce qui constitue la pensée économique : la théorie de la demande, celle de l'offre, la concurrence parfaite, les rendements décroissants, la monnaie, le chômage, etc.
Sa force, est de présenter la théorie néo-classique, de la remettre en perspective historique et d'en démonter les arguments en utilisant des arguments de bon sens. Certains sont évidents, d'autres sont beaucoup plus subtils. Son autre force repose sur le fait que pour chaque question traitée, l'auteur s'efforce de montrer que même des économistes non critiques sont d'accord avec lui. Et souvent, on arrive en effet à trouver tel ou tel spécialiste qui, un jour, a été suffisamment honnête pour « avouer » que tel aspect de la théorie ne tient absolument pas la route.
      Ce livre produit donc une véritable critique interne de l'économie néo-classique, en montrant de l'intérieur qu'elle n'est pas cohérente, qu'elle ne prouve pas ce qu'elle affirme : être une vérité intangible. Il fournira un élément essentiel à la critique de ceux qui veulent changer l'enseignement de l'économie, et de ceux qui cherchent dans une autre direction que le simple commentaire de la doxa..."
                    Un livre qui ébranle la pensée néolibérale, ou une grande part de ses mythes, dont Jean Gadrey fait une analyse nuancée.
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Pourquoi les économistes classiques ne comprennent pas les défauts du système qu'ils promeuvent 
"L'économie, cette immense duperie"
L'imposture économique
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Relayé par Agoravox
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