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lundi 27 juillet 2015

Athènes: et maintenant?

  Alles in Ordnung... In Berlin.
                                                     Tout va bien moins mal...A Berlin. Après l'accord-diktat à Bruxelles...
                                                              A Athènes, c'est le moment des illusions perdues et des votes au forceps.
         Le memorandum 3 succède aux précédents. Voué à l'échec. Personne n'est dupe. 
       Le FMI savait, mais se taisait, malgré ses contradictions.
Dans le pays, c'est la prostration, l'accablement ou la fuite. Beaucoup de jeunes partent à l'étranger. Surtout en ...Allemagne. Comme la jeunesse espagnole.
    La normalisation est en cours. (*)
         En attendant le pire?
Et pour quels résultats? Peu se font des illusions.
     L'été grec a un goût de cendre. 
 L'asphyxie politique succède à l'asphyxie financière.
                 Les alternatives sensées ont été jetées à la  poubelle.  
  -Tina a provisoirement gagné, provisoirement, au cours de cette histoire dès le début abracadabrantesque.
                            Les multiples conseils et avertissements des  penseurs et économistes un peu clairvoyants du pays et de l'étranger n'ont pas été pris en compte. Bruxelles s'est rangée du côté de l'ordolibéralisme allemand, appelé pragmatisme pour la circonstance. A courte vue. Sans recul critique. Sans perspective d'avenir.
   Le prix Nobel Krugman, jugeait que l'accord qui se dessinait allait « tuer la zone euro ». « La liste des exigences de l'Eurogroupe est une folie....On est au-delà de la dureté, dans le pur esprit de vengeance, dans la destruction totale de la souveraineté nationale, dans l'absence de tout espoir de soulagement »...
...Cela en dit long sur l'allergie des dirigeants européens les plus influents au débat économique. Comme s'il était impossible de combiner prise de décision et expertise économique. Comme si débattre du diagnostic de la crise était une perte de temps. En creux, ce « pragmatisme » revendiqué dissimule des choix théoriques marqués. Le même Tusk ne s'en cache pas, toujours dans l'entretien du 17 juillet (dans la version publiée par le Financial Times, cette fois), où il dresse l'éloge de l'ordo-libéralisme, cette théorie économique dominante à Berlin, arc-boutée, pour le dire vite, sur la lutte contre l'inflation et l'indépendance de la Banque centrale à l'égard de tout pouvoir exécutif.   « La meilleure école de pensée à mes yeux, ce sont ceux que l'on appelle les ordo-libéraux allemands, qui ont écrit leurs travaux à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale. Très pragmatiques, sans idéologie, sans faux espoirs. Je pense à des essais, mais aussi à des décisions politiques concrètes prises par (Ludwig) Erhard, (Walter) Eucken, (Wilhelm) Röpke. Leur pensée peut être très utile aujourd'hui. Wilhelm Röpke pensait – et cela me semble très pertinent aujourd'hui – que nous avons trop de Rousseau et Voltaire, et trop peu de Montesquieu. »
  ___Stiglitz, ancien directeur de la Banque Mondiale, va plus loin dans la critique. Il montre à quel point la politique de l'Eurozone  a dépassé toutes les limites du bon sens en matière même de ... capitalisme. Le plus inquiétant est que cette politique européenne, menée sous les auspices de l'Allemagne prétendument "ordo-libérale" (en fait, tenante d'un capitalisme à visage inhumain), soit cautionnée et mise en œuvre sans état d'âme par des zélés "socialistes" et autres "sociaux-démocrates". Ces Leaders élus ne prêtent apparemment qu'un œil distrait ou aveugle à la paupérisation des peuples qu'ils gouvernent, au  chômage galopant de la jeune génération, et adoptent tranquillement, au nom du "pragmatisme du réel" des règles insensées élaborées par des technocrates..."
      L'aveuglement de l'Eurogroupe sous hégémonie de la droite allemande, une Allemagne qui a changé depuis H.Kohl, jouant contre son camp, mais pas contre les exigences des marchés, portera des fruits amers. A Versailles, on avait voulu punir et humilier l'Allemagne. On sait ce qu'il est advenu...
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______(*) "...On a parlé de « coup d’Etat financier » lorsqu’ont été dévoilés les contours de l’accord du 13 juillet entre la Grèce et ceux que l’on ne peut plus véritablement qualifier de partenaires. Pour excessif qu’il puisse paraître – notamment au regard du vrai coup d’Etat de 1980 en Turquie, fomenté pour rendre politiquement possible le règlement de la question de la dette internationale contractée par ce pays, grâce à la libéralisation radicale de son économie – le terme sonne malheureusement juste. Après tout, la délégation grecque, sous strangulation financière depuis plusieurs jours, a dû consentir une reddition en rase campagne. Faisant fi de la légendaire culture du compromis dont elle s’enorgueillissait, l’Union européenne a placé le revolver sur la tempe de l’un de ses membres, selon la métaphore consacrée, pour annuler les résultats incontestés d’élections et d’un référendum démocratiques.... On a placé ce Parlement sous la tutelle d’un conseil fiscal à la solde des créanciers, qui peuvent ex ante mettre leur veto à tout projet de loi ayant des conséquences financières. On a extorqué à Alexis Tsipras la création d’un fonds de privatisations destiné au service de la dette, aux investissements et, surtout, à la restructuration du secteur bancaire, un fonds que Wolfgang Schäuble entendait même domicilier à Luxembourg. En bref, la démocratie, en Union européenne, ou en tout cas en zone euro, est devenue une variable d’ajustement de la « normalisation » financière...
         ... La leçon est terrible, et frappe de discrédit la construction européenne elle-même, aux yeux de ses propres partisans, ainsi que le montre l’embarras des plus sincères d’entre eux. Et comme ce plan est absurde, voué à l’échec, porteur d’une récession irréversible, de l’aveu du FMI, de la BCE, de la quasi-unanimité des économistes, force est d’admettre que sa rationalité se trouve ailleurs. Que cherchent, au fond, Angela Merkel, Wolfgang Schäuble, et tous les dirigeants européens qui ont cautionné leur ligne dure ? Obtenir financièrement et politiquement ce qu’ils n’ont pu réussir diplomatiquement, du fait de l’opposition de la France et de quelques autres : à savoir, le Grexit ? Ou bloquer tout effet de contagion dans le reste de l’Union européenne en « normalisant » la Grèce, afin d’empêcher des mouvements démocratiques comme Podemos de remettre en cause l’hégémonie « national-libérale » (6) qui s’est imposée électoralement sur le Vieux Continent, depuis 1980 ?..
       ...On continuera donc de nous parler de « morale », de « corruption », d’ « incompétence » avec un cynisme parfait, et une bonne conscience insupportable. Après tout, l’Allemagne est le pays qui n’a jamais honoré sa dette, ni après la Première Guerre mondiale ni après la Seconde. Au début du millénaire, la décision politique d’intégrer la Grèce à la zone euro a été prise en toute connaissance de cause, notamment quant à l’état de son système bancaire et financier (7). Ses partenaires ne se sont guère émus des chantiers formidables qui s’offraient à eux pour la préparation des Jeux Olympiques de 2004, dont ils avaient soutenu l’organisation à Athènes, la salive aux lèvres. Ils persistent à parler d’aide « à la Grèce » et de réduction des dépenses publiques, alors que le contribuable européen sauve surtout, pour l’instant, ses propres banques, que menace leur exposition inconsidérée sur le marché hellène depuis plusieurs décennies.  Et, jusqu’à aujourd’hui, ils s’opposent à la remise en cause, par Athènes, des achats d’armes dont la France et l’Allemagne sont de gros fournisseurs. Ne se dit-il pas qu’en 2009 la réticence d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy à venir promptement au secours du gouvernement de Georges Papandreou, qui venait de « découvrir » le désastre laissé par les conservateurs – retard à l’allumage dont le coût financier s’avérera exorbitant, et dont nous n’avons pas fini de payer le prix – devait beaucoup à leur désir de voir Athènes honorer des contrats de cette nature, alors que la Turquie, en guise de « mesure de confiance », retirait son armée de la côte égéenne pour encourager sa voisine à réduire ses dépenses militaires ? Quant au fonds de privatisations imposé par l’Allemagne à la Grèce, il contraindra celle-ci à brader ses actifs dévalués par la crise, et permettra aux entreprises européennes de faire main basse sur les derniers bijoux de la famille hellène au prix qu’elles voudront bien fixer.
      Mise au regard des souffrances sociales qu’inflige au peuple grec une politique vaine d’austérité, une telle posture, aussi moralisatrice que prédatrice, donne la nausée. Non qu’il faille absoudre la « Grèce », allons jusqu’à dire « les Grecs », de toute responsabilité dans le présent naufrage. En démocratie, les électeurs ont les gouvernants qu’ils méritent, c’est-à-dire qu’ils élisent. Le gouffre dans lequel l’économie grecque s’est jetée a été creusé par des majorités parlementaires qu’ont alternativement dominées la Nouvelle Démocratie et le PASOK. Et le gouvernement d’Alexis Tsipras a multiplié les faux-pas, croyant aux dieux et attendant peut-être qu’Artemis substitue à Iphigénie, sur le point d’être sacrifiée, une simple biche, comme le persifle de manière assassine le réalisateur Panos H. Koutras (8). Mais rien n’eût été possible sans la complicité systémique entre la classe dirigeante hellène et la classe dirigeante ouest-européenne. Et la détermination à contrer, voire démettre, un Premier ministre qui, pour la première fois, n’est pas issu de l’establishment et se donne pour programme de nettoyer les Ecuries d’Augias est troublante.
     Quoi qu’il en soit, les airs de vertu outragée dont se pare l’Union européenne ont surtout l’avantage pour les uns, et l’inconvénient pour l’avenir même de cette dernière, d’occulter le vrai problème. La formation d’un marché unique s’effectue historiquement de manière asymétrique et crée des périphéries qui sont moins marginalisées que subordonnées au centre économique, et généralement réduites à l’état de réserves de main d’œuvre, de parcs de loisirs, voire de poubelles sociales où l’on entasse les inadaptés de tous poils..."  (JF Bayard)
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- La Grèce est traitée comme un Etat hostile occupé
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