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lundi 16 novembre 2015

Paris: les jours d'après

Analyse et hypothèses
                                  Il n'y a pas de génération spontanée.
             Après l' horreur et les larmes, il est fondamental de ne pas rester au stade de l'émotion, souvent mauvaise conseillère, mais de s'efforcer d'entrer enfin dans la phase de l'analyse rationnelle et de l'action courageuse, même si les  problèmes sont devenus très compliqués, à force d'attentisme, de désinformation, d'intérêts et de double jeu.
    Tocqueville avait raison: ce qui se passe sous nos yeux est le plus difficile à comprendre.
 Comprendre au moins partiellement, avec les informations dont nous disposons, rares et souvent biaisées, en sortant de l'émotion, de l'immédiateté paralysante.
        Le drame parisien  n'a pas surpris les spécialistes et a même été anticipé et redouté par beaucoup d'observateurs, qui s'attendent à des répliques plus importantes. L'organisation islamiste ne doit pas être minimisée.
    Quand on est en guerre ( et on est en guerre!), comme le dit aussi Pierre Conesa, les conséquences ne peuvent nous surprendre, même si elles nous désolent.
  Une guerre, oui, il ne faut pas avoir peur des mots. Mais une guerre d'un type particulier, qui n'a rien de religieux, qui va être longue à mener, car on a laissé trop longtemps, par intérêt ou inertie, pourrir la situation.
   Comment sortir de l'imbroglio, du bourbier apparemment inextricable, de notre relative impuissance, du lourd héritage pas si lointain de la politique impériale des néoconservateurs américains au MO et du chaos qu'ils ont contribué à créer (*), du double jeu des pays occidentaux et de celui de certaines puissances locales, notamment de la Turquie?
     “Au cours des cinq dernières années au moins, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, la Jordanie et la Turquie ont tous apporté un soutien financier et militaire considérable à des réseaux militants islamistes liés à al-Qaïda qui ont engendré l’« État islamique » que nous connaissons aujourd’hui. Ce soutien a été apporté dans le cadre d’une campagne anti-Assad de plus en plus intense dirigée par les États-Unis.” [Nafeez Ahmed, journaliste britannique à The Guardian et à la BBC]
      Le problème est qu'on ne fait pas la guerre aux terroristes comme on la fait dans une guerre normale et il y a tout lieu de croire que l'on n'est qu'au début d'un processus qui peut être long.
  Même si, comme on le dit, les jihadistes de Daesh perdent du terrain en Irak et en Syrie, l'état   islamique occupe un vide qui ne cesse de grandir, avec des moyens financiers considérables, sur la base de nombreux trafics, pétroliers notamment.
     Les loups sont entrés dans Paris...comme le chante Reggiani
            Les larmes de crocodiles des soutiens de Daesh ne leurrent que les ignorants. Les Etats occidentaux ne peuvent combattre le jihadisme en soutenant ses parrains, les  pétromonarchies.
      Un chef du renseignement US, le général Flynn,  déplore la façon dont est gérée l'affaire. (**)
          La  CIA mène son propre jeu secrètement. La mondialisation a accentué les périls.
La brume opaque qui entoure cette guerre ne favorise pas le débat démocratique.
 La première victime d'une guerre, on l'a souvent répété,c'est la vérité.
      L'Europe en souffrira, c'est sûr, mais il n'est rien de pire que le déni.
           Le problème est que ce sont des guerres qui ne disent pas leur nom et qui demeurent entourées d’une brume opaque. Où sont les communications quotidiennes des généraux sur le nombre de sorties de l’aviation, le bilan des frappes ? Où est le rappel régulier du nombre de soldats morts ? (Il est sur Wikipédia pour ceux que cela intéresse, mais il est impossible  à trouver de manière rècapitulative sur le site du ministère de la défense.) Où sont les réflexions stratégiques des think tanks militaires sur les sorties de conflit ? Et, peut-être plus important, où sont les débats parlementaires autres que purement formels, l’information régulière des élus, les commissions d’enquête
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(*) __Nous avons créé et financé Al-Qaïda,  a déclaré Hilary Clinton
                              Il faut le répéter:  "...l’État islamique (ou Daesh, comme on voudra) s’est développé à toute allure sur cette guerre-ci, tout comme les champignons après la pluie. Parce que ce genre d’armée (Valls vient de dire que c’en était une) ne pullule que dans le chaos. Et du chaos, l’OTAN et ses premiers va-t-en guerre, Sarkozy et Hollande, en ont semé à tour de bras : l’Irak, la Libye, la Syrie (autrement dit, ce qui n’est pas un hasard, les gouvernements, les États laïques les plus solides du Moyen-Orient, puisque, contradictoirement, des monarchies archiréactionnaires et théocratiques comme l’Arabie saoudite, n’auront jamais rien à craindre, elles, de l’OTAN dont elles sont les meilleurs alliées).     Les parents aussi bien putatifs que biologique de l’État islamique, ce sont les gouvernements occidentaux qui, nul ne l’ignore, non seulement ne l’ont pas combattu quand il aurait été encore temps, mais l’ont accouché, puis l’ont soutenu, financé, approvisionné en armes (et même de celles dont ne disposent que des gouvernements constitués) tant que celui-ci leur convenait pour renverser Bachir el-Assad (ainsi que les autres groupements terroristes qualifiés ni plus ni moins que d’opposition modérée). Et comme tous les Frankenstein de l’histoire, le monstre inventé de toutes pièces a brisé ses liens, est sorti des laboratoires et, pour se venger (d’on ne sait quoi), fait la guerre à tout le monde, tue à gauche et à droite, pourfend les « infidèles », autrement dit tous ceux qui ne sont pas lui-même. Tandis que ses inventeurs, absolument dépassés par les événements, ne savent plus quoi faire pour le ramener à la raison…"
   ----  Zbigniew Brzeziński à Poutine : « Arrêtez de frapper NOTRE Al-Qaïda, ou bien c’est la troisième guerre mondiale »
  ... Toutes ces guerres au proche et moyen orient sont initiées par une politique du "Chaos contrôle", Chaos contrôlé par les les États-Unis et Israël (projet de balkanisation du proche et moyen orient: démantèlement des états par des guerres, des attentats, la division des états en ethnies religieuses les affaiblissent ainsi). Toutes ces guerres au proche et moyen orient sont également soutenues par des pays vassaux des Etats Unis ....La France avait agressé en 2011 un pays souverain, la Libye en le bombardant (quand N. Sarkozy été président). C’est sans être mandaté par personne que BHL s’est attribué un rôle diplomatique officiel !
  ...Certains gouvernements ne semblent pas avoir intégré cette vérité et persistent à commettre les mêmes fautes sur la base des mêmes calculs erronés s’attendant, à chaque fois, à des résultats différents.;Il est prouvé que l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des États ne mène qu’à leur destruction, engendrant opportunément les crises humanitaires et le chaos, les transformant en usines de fabrication d’extrémistes et de terroristes..."
(**)___  "...Ce que révèle Flynn est sans doute ce qu’on pouvait imaginer de pire, et dont d’ailleurs divers commentateurs ont avancé l’hypothèse. Une gestion au jour le jour, une absence complète de considération pour les intérêts qu’on est censé protéger sur le terme, un sacrifice complet de toute mesure et de toute rationalité au profit d’un désordre sans cesse grandissant et qui ne cesse d’imposer sa loi. Le résultat, pour l’instant, bien plus qu’hier et bien moins que demain naturellement, se nomme Daesh/État Islamique ; c’est-à-dire bien plus qu’une avancée quelconque dans une bataille donnée, bien plus qu’une victoire décisive de tel ou tel parti, bien plus qu’une ambitions secrète qui se découvre, bien plus qu’une étape d’un plan secret conçu de main de maître, bien plus et de façon complètement différente que toutes ces situations normales de conflits, – le résultat se récite selon un couplet classique, – du désordre, encore du désordre, toujours du désordre...Dit en termes rationnels et assez modestes de la part de l’homme du renseignement, du Général-baroudeur confronté à des conditions extraordinaires et à des directions-Système qui ont abandonné depuis longtemps toute prétention au contrôle des choses, et au désordre qui domine tout, – cela donne ceci... Il s’agit des réponses que Flynn donnait à une interview qui était encore bien “sage” par rapport à celle d’Aljazeera, faite la veille de son départ à la retraite. Il s’agit plus précisément des extraits des réponses aux premières questions de James Kittfield, de Breaking Defense, le 7 août 2014..."
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- Début de la fin pour le califat?
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