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mercredi 16 mars 2016

Du pain et du pèze

 Le trader et le farmer
                                   Faire du blé sur le blé
                                              La faim devrait être cotée en bourse...
     Comme la précarité  érigée en système dans le monde du travail. 
  Les produits de la terre peuvent-il être objets de spéculation?
        Les multinationales font là-dessus des superbénéfices et bousculent en profondeur l'agriculture traditionnelle. A la bourse de Chicago, les prix des denrées alimentaires fluctuent  en permanence sur les écrans des ordinateurs, Pas seulement pour des questions d'offre et de demande ou de qualité des récoltes.
    ... "L'impact de la spéculation financière sur la flambée des prix alimentaires est désormais largement reconnu, et ce phénomène doit ^etre  contrôlé au plus vite", assénait-il. Nicolas Sarkozy partait, lui aussi, en croisade contre la "financiarisation" des marchés, et pointait du doigt des spéculateurs qui peuvent échanger chaque année, "46 fois la production annuelle mondiale de blé" et "24 fois celle du maïs"....
__   Cargill, n°1 mondial de l'agroalimentaire est en passe de faire la pluie et le beau temps dans le domaine de l'alimentation et des transactions sur les matières premières Elle sait se faire discrète, malgré sa puissance financière et ses produits parfois douteux.
....A priori, ils ne font que coopérer avec des agriculteurs qui sont libres d’accepter toutes les règles de Cargill, qui contrôle tout, à commencer par les amendements que les agriculteurs choisissent, la nourriture et les médicaments à administrer aux bêtes d’élevage et jusqu’au nombre de têtes que doivent contenir les cheptels. 
   Pourtant, par exemple, pour cultiver du soja au Brésil, ils achètent des terres pour une somme dérisoire et y instaurent leurs propres règles. Le seul agriculteur qui a décidé de ne pas vendre sa terre a confié au journaliste que toute la région était morte: les gens sont partis mais n'ont pas pu trouver se reconstruire  en ville, car l'argent reçu en compensation ne suffit pas à payer les frais domestiques, ce qui bloque l’accès aux écoles et aux hôpitaux. Quant à lui, il ne peut plus cultiver le riz comme il le faisait autrefois, à cause du soja....
    Pas seulement au Brésil
                             ...avec 250 collaborateurs à Saint-Cyr-en-Val dans le Loiret, Cargill Meats Europe fabrique plus de 30 000 tonnes de produits finis par an… Cargill Meats Europe à Orléans fournit une grande partie des restaurants McDonald’s européens en Chicken McNuggetsTM. 3 000 restaurants sont ainsi servis en France et à travers l’Europe". Cargill est donc plus près que nous ne le pensons: "du pain en tranches aux croquettes du chat en passant par la margarine, l’huile de palme, le café ou le chocolat".
     Ayant déjà pollué son pays natal, les Etats-Unis, et faisant disparaître les petits et les moyens agriculteurs (17% en 15 ans selon les estimations), Cargill n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et compte s’appuyer sur la signature du TTIP, le traité lui donnant tous les moyens pour instaurer ses propres règles partout en Europe et sans limites, ce qu'il fait déjà bien dans un bon nombre de pays.
         Objet de marchés juteux et de plus en plus concentrés, les produits alimentaires  sont aussi soumis à la spéculation par l'opération des traders:et des banques en général.
    Depuis un an, les prix mondiaux du blé ont évolué en dents de scie dans une fourchette de prix trop bas pour fournir un revenu décent aux céréaliers. Il a suffit que l’offre mondiale soit légèrement supérieure à la demande pour que les traders fassent payer la facture aux producteurs pendant que les décideurs politiques regardent ailleurs. Pendant que des émeutes de la faim se produisent ici ou là, comme en 2008
        Une spéculation excessive peut entraîner un emballement des cours
               Les années 2000 marquent un tournant. Avec l'explosion de la bulle internet en 2001, puis celle du marché immobilier en 2007, les marchés agricoles connaissent à cette période l'arrivée de gros investisseurs institutionnels (fonds de pension, caisses de retraites, compagnies d'assurance ...), lesquels fuient les crises sur les autres marchés et/ou cherchent à répartir les risques (théorie du portefeuille). Parallèlement, les analystes abreuvent la presse économique d'incitations à acheter des matières premières. En 2004, deux spécialistes de la finance (Gary Gorton et Gert Rouwenhorst de l'université de Yale) publient une étude retentissante dans laquelle les matières premières sont présentées à la fois comme des valeurs refuges (leurs cours augmentent quand celui des actions baissent ...) et comme des valeurs d'avenir (elles sont sûres et rentables à long terme). La machine est lancée. Selon une enquête menée par le sénat Etasunien en 2009, l'argent investi dans les indices de matières premières passe ainsi de 15 milliards de dollars en 2003 à 200 milliards de dollars en 2008 (26).
      Bref, la faim profite bien. 
                 Dans un bref moment de lucidité (?), N.Sarkozy l'avait reconnu lui-même dans le Figaro:
                " La financiarisation des marchés de matières premières entraîne une volatilité dangereuse, qui peut menacer la croissance économique mondiale. «Nous avons besoin de régulation pour ne pas nous retrouver de nouveau au bord du précipice »
           Depuis les émeutes de la faim de 2008, la leçon n'a pas été comprise... 
      La souveraineté alimentaire est en péril . La politique commerciale de l'OMC est en question, qui favorise les multinationales de l'agrobusiness. Le milieu, la surpopulation locale, la défaillance des institutions, la corruption, les conflits...n'expliquent pas tout.
     La faim n'est pas une fatalité 

                                        De vastes secteurs de l'agriculture ont été sacrifiés sur l'autel du profit.
    Nourrir le planète où gonfler les profits?. Il faut choisir.
              La souveraineté alimentaire est le problème-clé
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