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samedi 25 novembre 2017

1944: quelques points d'histoire

Lumières et ombres sur la Libération
                                                     Au fur et à mesure des recherches historiennes, nous en savons toujours un peu plus sur ces événements qui ont été à l'origine de la libération de la France et de  l'Europe de l'occupation nazie et il nous reste encore beaucoup à savoir sur ce que l'historien A. Beevor, entre autres, a décrit de manière assez fouillée sur la base de nouveaux documents.
    Au sujet du débarquement allié sur le côtes normandes, nous avons vécu longtemps avec des représentations assez simplistes, parfois un peu mythiques
    La simplification et l'idéalisation héroïsée ont longtemps prévalu; le film le Jour le plus long a longtemps servi de référence pour le grand public.
     Mais ce que nous avons commencé à savoir, ce sont les conditions risquées et aventureuses de cette opération, remise puis décidée, De Gaulle étant mis devant le fait accompli. Le 6 juin, le général américain et le chef de la France Libre doivent diffuser leur appel l'un à la suite de l'autre. Mais Eisenhower demande aux Français d'obéir "aux ordres que je serai appelé à donner..." De Gaulle est furieux, il refuse d'apparaître comme le vassal des Américains : il tonne, proteste, Eisenhower l'envoie "au diable", Churchill menace de "l'enchaîner" et de le renvoyer à Alger ! Il obtient finalement que son propre message ne soit diffusé que l'après-midi du 6 juin, dans lequel il demande aux Français de suivre "les consignes" données par son gouvernement : "La bataille suprême est engagée... C'est la bataille de France !" L'honneur est sauf. "
    Beaucoup de ratés auraient pu compromettre l'opération Overlord et la repousser pour un moment.
      Comme le dira après coup le responsable de cette entreprise inédite:  "Tout ce qui était susceptible de rater a raté", a reconnu plus tard le général Eisenhower.
    Mises à part les conditions météo défavorables et  certaines erreurs de débarquement, en un jour, trois mille GI's vont rester sur le sable, morts ou blessés.
  La campagne de France ne fut pas une partie de campagne, du moins dans ses premiers mois.
     On fut selon des responsables à deux doigts de l'échec. (lettre de Eisenhower)
  La dureté des combats ne put être anticipée, la configuration du terrain favorisant une résistance allemande plus virulente que prévue et des manques de coordination, voire des rivalités à l'échelle du commandement ( avant celles des Ardennes) compromettant ou ralentissant certaines opérations, notamment sur Caen et Falaise.
                   D'autre part, on apprit bien plus tard, comment se comportèrent certaines parties du corps expéditionnaires américain vis à vis  d'une catégorie de la population féminine. (*)
  Bien qu' ayant reçu un petit guide avec lexique  pour préparer les GI's aux contacts fair play avec une population jusqu'ici ignorée, une sorte de code de bonne conduite, beaucoup d'entre eux furent séduits par les préjugés qui circulaient sur les femmes françaises et leur prétendue légèreté.
Comme l'a révélé, 70 ans après, l'historienne américaine Mary Louise Roberts:
    EnNormandie, l'attitude d'une partie du corps expéditionnaire américain envers les femmes françaises. Certes, dans leur immense majorité, les GI traitèrent avec respect les populations qu'ils étaient venus libérer. Mais une minorité d'entre eux crurent trop aux préjugés en cours aux Etats-Unis sur la France et les Français.   Pour la presse, pour une partie du commandement, la France était le pays de la bonne vie et du sexe libre. La prostitution était légale et, plus généralement, les femmes françaises avaient la réputation injustifiée de céder facilement aux avances des vainqueurs. Nombre de liaisons entre soldats et jeunes Françaises ne prêtaient à aucune critique. Mais les agressions sexuelles furent fréquentes et les plaintes des autorités civiles françaises nombreuses. Dans les cas extrêmes, 152 fois, il fallut répondre à des accusations de viol formulées par des Françaises à l'encontre de soldats américains. Plusieurs dizaines de GI condamnés par la justice militaire furent pendus.
 Ces affaires reflétaient aussi l'une des particularités du corps expéditionnaire : la ségrégation dont étaient victimes les Noirs dans l'armée américaine. La grande majorité des condamnations pour viol frappèrent des soldats afro-américains, alors qu'ils représentaient à peine 10% des effectifs. Pour le commandement, cette surreprésentation confortait un préjugé : les Noirs avaient une sexualité exubérante qui les conduisait au crime.
Mais Mary Louise Roberts montre aussi que les tribunaux militaires américains avaient une fâcheuse tendance à sévir surtout contre les soldats noirs et à traiter avec beaucoup plus de légèreté les mêmes faits quand ils étaient imputés à des soldats blancs. L'analyse des procès révèle que souvent les condamnations des soldats noirs étaient prononcées sans preuves, sur la foi de témoignages contestables. Ainsi, l'armée américaine, qui agissait au nom de valeurs universelles et qui a libéré l'Europe, gardait aussi certaines pratiques dont les Etats-Unis n'allaient se débarrasser que beaucoup plus tard..."
  Comme dans toute guerre, hélas! le comportement des troupes ne fut pas exemplaire vis à vis de la population civile. Il y eut les héros et les anti-héros. Les responsables militaires ont longtemps voulu faire silence sur ce qu'ils pouvaient savoir de certaines exactions. Pas seulement en Normandie.
   Cette face cachée du Débarquement en Normandie  ne minimise pas les exploits et les souffrances de la plus grande partie du corps expéditionnaire, mais doit être connue pour éviter d'héroïser les guerres, même défensives.
  Des viols nombreux se poursuivirent en Allemagne en 1945, mais là, pour ce qu'on en sait, toutes les troupes d'occupation furent concernées, à des degrés divers, quelle que soit leur origine, les Soviétiques détenant de tristes records, après la sauvagerie de l'occupation allemande. De très nombreuses femmes allemandes eurent à subir l'humiliation des vainqueurs, avec ou sans le silence des hauts gradés.
                  Ah! que la guerre n'est pas jolie....
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            Le sexe a été une manière d'assurer la domination américaine: "Il suffit de consulter Stars and Stripes, le quotidien de l'armée. On y trouve tous les vieux stéréotypes. La France est présentée comme une sorte de bordel. Elle est complètement érotisée. Cette image date en fait de la première guerre mondiale. Quand les soldats sont revenus, ils ont raconté des histoires affriolantes. Après, l'armée américaine a "vendu" la guerre comme une occasion de se faire embrasser par des Françaises, et peut-être plus. Ce n'est pas propre à la France, bien sûr. Tous les théâtres de guerre étaient érotisés. C'était l'époque des photos de pin-up accrochées dans les dortoirs, de Rita Hayworth... Mais une image revient avec constance dans le journal de l'armée : les GI entourés par des Françaises. Embrassés par des Françaises. Sur l'une, on voit un groupe de femmes, visiblement réjouies. Et la légende dit : "Voilà ce pour quoi nous nous battons."
    Dans le vocabulaire, Paris est une femme, elle est "belle", elle est "seule depuis quatre ans", nous allons lui "tenir compagnie"... Quand ils débarquent en France, les GI ont l'impression d'être des chevaliers qui viennent à la rescousse de la damoiselle en péril. Ils ont été préparés à l'idée qu'ils seraient gratifiés de certaines récompenses, que les Français avaient une dette à leur égard et que les Françaises s'en acquitteraient.
    Il s'en est suivi un tsunami de libido masculine, qui va se traduire par des phénomènes de prostitution à grande échelle. Et il y aura une vague de viols en Normandie, en août et septembre 1944."
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