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vendredi 17 novembre 2017

Une républicaine éclairée

F.Héritier en héritage 
                          Une pensée en mouvement
                                          Une grande dame s'en est allée.
     Non sans nous laisser un héritage culturel de grande valeur.
      Un pas de plus pour l'humanité. Dans le sillage d'Olympe de Gouges et de Simone de Beauvoir, mais avec un éclairage ethnologique et historique
           La pensée de Françoise Héritier restera et fructifiera. Comme ses combats. Elle a su allier théorie et pratique, n'hésitant pas à s'engager dans les luttes pour la libération des femmes. Mais jamais de manière unilatérale et étroite. Toujours en prenant en compte les relations hommes-femmes, qui sont nécessaires pour saisir les mécanismes culturels et historiques qui les fondent.   Et en les considérant comme un problème politique majeur.
    Une anthropologue ouverte sur le monde et éclairée, sortant des problématiques réductrices:
        « Nous ne vivons pas la guerre des sexes, mais le fait que les deux sexes sont victimes d’un système de représentation vieux de bien des millénaires. Il est donc important que les deux sexes travaillent ensemble à changer ce système. L’oppression et la dévalorisation du féminin ne sont pas nécessairement un gain pour le masculin. Ainsi, lorsque les positions des sexes ne seront plus conçues en termes de supériorité et d’infériorité, l’homme gagnera des interlocuteurs : il parlera avec les femmes d’égal à égal. Alors, les hommes n’auront plus honte de leur part dite « féminine » où s’exprime, selon la norme socialement convenue, les émotions et les affects. Il n’est pas évident que l’égalité des personnes supprime entre elles le désir et l’amour ».
    Nous n'aurons jamais fini d'explorer les voies qu'elle a tracées, ce que (tous) les hommes doivent à Françoise Héritier,
     Dans les traces de Lévi-Strauss, un autre passeur d'humanité, elle apprit à forger les outils intellectuels qui l'ont amenée si loin et...si près de nos problèmes, généralement mal compris parce que nous sommes rendus myopes à nos propres vies et à nos relations quotidiennes, qui nous semblent faussement naturelles. Or, comme elle le répète: «Rien de ce qui nous paraît naturel n’est naturel» ...Même dans ce qui nous paraît le plus privé.
                         Pendant toute ma période active, j’ai eu la conviction profonde que les choses pouvaient changer. Je continue de le penser bien sûr. Je me fonde en cela sur l’idée que, dans le rapport hommes-femmes qui est un rapport de domination, il n’y a rien qui soit dicté par la nature. Et c’est en même temps un rapport que l’on trouve dans toutes les sociétés du monde. J’ai été amenée à former l’hypothèse qu’au fondement du social, il y a la domination de l’homme sur la femme, et que c’est le premier grand système idéologique. Parce que les hommes n’enfantent pas directement avec leur propre corps, alors que les femmes enfantent des filles et des garçons, ils ont fait en sorte que les corps féminins soient à leur disposition. Cela a entrainé toute une série de mises au point techniques qui ont privé les femmes de la liberté d’user de leur corps librement : elles appartiennent à des hommes, - à un père, à un frère, à un oncle, … qui les cèdent à un mari -, et ces hommes décident de leur sort. Ceci depuis le tréfonds de l’humanité, depuis Neandertal, jusqu’à aujourd’hui. Ce que j’ai mis en évidence, c’est qu’on a posé une relation d’antériorité de l’homme sur la femme, une antériorité du masculin. Cette histoire d’antériorité n’est pas à prendre à la légère : dans ce que j’appelle la valence différentielle des sexes, on établit un rapport de supériorité de l’homme sur la femme en tant qu’il est considéré comme antérieur. De la même façon que les parents sont antérieurs aux enfants et que les aînés sont antérieurs aux cadets, on a établi un rapport tel que les filles sont toujours les cadettes des garçons.     Cela a été inventé par l’esprit humain, et donc par définition, c’est quelque chose que l’esprit humain peut détruire car ce n’est pas ancré dans un substrat biologique qui ferait que les femmes seraient naturellement inférieures et dépendantes....(Entretien avec M.Rotfus)

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