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dimanche 14 janvier 2018

Un rabbin pas comme les autres

Elle détonne.
                  Dans le concert d'approbation saluant à Tel Aviv la décision de Trump au sujet de Jerusalem,
    Delphine Horvilleur fait part de ses critiques sur ce coup de tête uninatéral, intempestif et dangereux dans le contexte actuel, qui réjouit Netanyahu, l'extrême droite israëlienne et une bonne partie de l'opinion, à part une certaine gauche israëlienne qui se démarque et des manifestants ici et là, qui voient le danger de toucher pour l'instant au statut spécial de la ville-symbole, instrumentalisée une nouvelle fois.
  Son franc-parler, qui n'est pas unique dans le monde juif, lui vaut des menaces dans certains milieux de son propre camp.
   En plus du fait qu'elle en énerve certains.
    Menaces qu'elle prend avec distance, dans son combat contre tous les fondamentalismes.
  Elle dit« L’intégrisme religieux est cette pathologie du regard qui le rend incandescent. L’obscurantisme renvoie précisément à l’étude dans le noir, c’est-à-dire sans dialogue avec les affaires du monde, et dans le mépris de ceux qui plantent et qui récoltent. C’est un retrait du monde qui y met le feu en s’imaginant paradoxalement le sauver. ..Tel est le propre du discours fondamentaliste qui enferme ou mutile ses pairs au nom de ses pères. C’est-à-dire qui cherche à restreindre l’expérience humaine à sa vision du monde, au nom d’un passé souvent fantasmé ou d’une pratique ré-inventée comme atemporelle. Un tel projet religieux est « pharaonique » au sens biblique du terme, dès lors qu’il tente par la force de se construire des mausolées-pyramides pour y enfermer les dépouilles d’une divinité mortifère. »
       Mais commentYHWH y retrouve-t-il les siens?
  On sait, depuis les études de l'historien israëlien Shattner, que la société israëlienne, où portant plus de 40% des juifs s'estiment laïcs, pas seulement le monde juif dans son ensemble, est traversé par de profonds clivages et des tensions fortes, parfois violentes.
   Le monde des rabbins, lui aussi, est multiforme; parfois appuyant la politique d'implantation de Bibi, qui les introduit dans son gouvernement,  parfois en opposition interne ouverte.
 Comment être juif aujourd'hui est une question qui se pose toujours, surtout dans le contexte du regain du projet sioniste et d'implantations affirmées, question plus politique que religieuse.
   Le judaïsme orthodoxe est un monde divers, depuis les plus modérés jusqu'aux plus extrémistes juifs ultra-orthodoxes qui veulent le démantèlement d'Israël, que ce soit à Jérusalem, à New-York ou à Toronto, posant certains problèmes au pouvoir par leur radicalité. Pour eux «Les sionistes n’ont aucun droit sur la terre sainte», «La Torah exige que toute la Palestine soit rendue aux Palestiniens et redevienne souveraine», «La solution: le démantèlement pacifique de l’État israélien», «Anti-zionism is not anti-semitism». Ces hommes appartiennent au mouvement Neturei Karta se définissant comme ultra-orthodoxe et antisioniste. Tous rabbins, ils alimentent leur discours politique d’une rhétorique religieuse et de constantes références à la Torah..
Ils s'appuient su le fait que les fondateurs du sionisme, comme Théodore Herzl, étaient des Juif laïcs, incroyants de surcroît, et dénonce l'amalgame entre antisionisme et antisémitisme.
        Cette opposition est ancienne.
Les mouvements antisionistes datent d’avant la création de l’État d’Israël et participent aussi de son histoire. Les neturei karta son nés d’une scission au sein des partis religieux de l’union Agoudat Israël, créée en 1912. Ils reprochaient au rabbin Isaac Breuer de l’Agoudat d’être trop conciliant avec le sionisme, l’idéologie honnie des religieux considérée comme un «danger mortel pour le judaïsme».
Dans le contexte historique de l’époque, la propagation des fascismes en Europe, certains religieux avaient cherché à créer des alliances avec les sionistes. D’autres n’ont pas varié, tels les partisans du grand rabbin Chaim Sonnenfeld, ardent détracteur du sionisme mort en 1932. Ceux-ci choisissent de se séparer d’Agoudat Israël et créent en 1935 un premier groupe, Hevrat ha Hayim («le parti de la vie»), qui deviendra ensuite Neturei Karta: «les gardiens de la cité» en araméen. Cette expression provient du Talmud de Jérusalem qui présente les religieux comme les vrais défenseurs de la ville sainte."
  D'autres  rabbins extrémistes  ont encouragé le pire repli identitaire et ont inspiré le bras armé de l'assassin de Rabin, dans sa tentative de conciliation avec les leaders palestiniens.
   Un monde ultra-orthodoxe divisé, certains rabbins allant jusqu'à vouloir interdire la conduite aux femmes, et plus...
     Le centriste modéré Lapid, favorable à un retour rapide aux négociations pour deux etats indépendants, cite certains  rabbins qui inspireraient les extrémistes de droite
   Tant que la confusion entre antisionisme expansionniste et antisémitisme sera entretenue, souvent à dessein, les tensions ne seront pas prêtes de se résoudre.
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