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mercredi 14 février 2018

Petit voyage en absurdie

Shadokophilo
               Où va se loger l'absurde!...
                                         Parfois là où on ne l'attend guère.

        Comme dans les aventures abracadabranquo-farcesques un peu oubliées des Shadoks, méchants et idiots, mais inventeurs de machines improbables et de sagesse burlesque et surréaliste, qui ont divisé un temps les Français jusqu'aux plus hautes sphères.
  Mathématiciens très moyens, ils étaient experts en pompages de toutes sortes.
   On peut en rester à la perplexité amusée ou en faire une ébauche de réflexion philosophique à l'usage de la vie ordinaire.
   Comme Sylvain Portier, qui voit dans les frasques shadokiennes une fable sur la condition humaine dans son discours et ses activités répétitives et sans finalité, très drôles ou tragiquement loufoques, vues de Sirius.
   La philosophie du pompage, de l'activité sans finalité réelle, a de l'avenir...
          Le Shadok devient... un personnage conceptuel, un véritable concept qui, en tant que tel, se doit d’interroger notre propre condition. Or, ce qu’il met en question, c’est notre étrange incapacité humaine à vivre en harmonie avec nos semblables et avec notre planète. Au regard d’autres cultures auxquelles nous avons imposé notre modèle shadok du labeur, celui-ci s’est révélé être une tâche infinie, et qui peut s’avérer autodestructrice. Est-ce dans notre essence, ou pouvons-nous créer un autre rapport au monde technologique? C’est cette tendance de l’homme à s’aliéner lui-même, sa folie et son côté sombre que ces monstres montrent et qu’ils tournent en dérision, ce pouvoir obscur de notre société moderne qu’ils mettent joyeusement en lumière. Le Shadok et son pompage seraient ainsi une métaphore de notre absurdité face au travail et à notre avenir, la personnification de notre part propre d’ombre...
   Pourquoi pas?
     On se rapprocherait là de certaines analyses de Camus sur les contradictions insolubles entres les désirs et la réalité, entre la recherche de sens et la finitude, la morne répétition des choses, la mortalité sans issue
 « Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable […] Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et (du) désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme » dit-il dans le mythe de Sisyphe, condamné à une activité incessante, répétitive, sans but et sans finalité. 
    Schopenhauer est allé plus loin dans le constat et l'analyse de l'absurde comme dimension constitutionnelle de l'humanité, contre le finalisme idéaliste.
   Dans le théâtre, Ionesco est un digne représentant de cette veine qui souligne la dimension ubuesque de situation , avec une leçon sous-jacente.
   Comme plus tard Desproges, à sa manière, pour un plus large public. Il ne faut pas désespérer des imbéciles; Avec un peu d'entrainement, on peut arriver à en faire des militaires...
     Il y en a des situations shadokiennes!...
  Sous une forme ou sous une autre, élaboré ou non, institutionnel ou non, l'absurde nous cerne, de manière plus ou moins claire.
    En prendre conscience peut aider à vivre et, comme disait Camus, il faut imaginer Sisyphe heureux.
                                              C’est tout pour aujourd’hui...
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