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lundi 9 avril 2018

GAZA: éternellement?

Prison à ciel ouvert.
                           Une des partie du monde parmi les plus peuplées vit depuis des décennies dans des conditions qui se dégradent inéluctablement.
       Sous perfusion et à l'économie aléatoire de survie, coincée de toutes parts par un voisin maître de son destin. En Cisjordanie, on peut encore circuler un peu au milieu de ce qui reste du territoire autrefois délimité par l'ONU, au milieu des implantations de colonies de plus en plus nombreuses.. Mais l'espoir a déserté Gaza, livré au bon vouloir de son puissant voisin et de l'aide internationale.
    On comprend pourquoi cette situation souvent désespérée a permis au Hamas d'y faire souche, encouragé à une époque en sous-main par certains dirigeants israëliens. Diviser pour régner.
   Après la guerre de 2008-2009, cruelle et disproportionnée, et ses soubresauts, l'oubli s'est vite réinstallé.
   Manifester pacifiquement est devenu  impossible. Une manifestation pacifique est devenue impossible sur cette étroite Bande de Gaza, où la résilience est terriblement affaiblie.
  Israël n'a jamais comme aujourd'hui, sous son gouvernement  d'extrême-droite et son belliqueux ministre de la guerre, aussi cyniquement assumé ses méthodes. En silence et par la ruse en Cisjordanie, qui se réduit comme peau de chagrin. Ouvertement et par la force à l'Ouest, après avoir fait mine de se retirer.. A tel point que certains militaires résistent ouvertement à certains ordres donnés.
   "Le prétexte de la sécurité est exploité par Israël pour justifier toutes les formes de violation des droits humains des Palestiniens. Il faut se souvenir du contexte des manifestations auxquelles nous assistons pour le moment. La bande de Gaza est l'une des zones les plus densément peuplées au monde. Deux millions de personnes vivent sur cette petite bande de terre. Il n'y a presque plus d'eau potable. Les gens n'ont que quelques heures d'électricité par jour. Il y a une pénurie de médicaments. Les gens sont au chômage. Une grande partie d'entre eux dépendent de l'aide humanitaire pour survivre. Ce désastre humanitaire est le résultat de la politique israélienne, en particulier le siège qui est en place depuis plus de 10 ans. C'est contre ça que ces gens manifestent. Et face à cette mobilisation, Israël ordonne à ses troupe de les abattre."
    Dans cette prison à ciel ouvert, on ne trouve plus que résignation et immense colère rentrée, détresse explosive.
 Après l'embrasement, présent encore dans toutes les mémoires, une opération pour rien, où le droit fut bafoué, avec le silence complice du principal donateur de Tel-Aviv, que reste-t-il pour se faire entendre, dans ce manque de tout et surtout d'espoir, que l'aide internationale entretient objectivement, en se donnant bonne conscience, monnayant son silence?
       On estime qu’ils ont reçu entre 10 et 12 milliards de dollars durant la période de 1994 à 2009, sans compter les contributions à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).  En 2013, 793 millions de dollars d’assistance humanitaire ont été affectés au Territoire palestinien occupé, 2e bénéficiaire dans le monde.
Ce chiffre devrait considérablement augmenter pour l’année 2014 du fait de la guerre à Gaza. Lors de la Conférence des bailleurs de fonds pour Gaza (octobre 2014), les participants se sont effectivement engagés à verser 3,5 milliards de dollars pour la reconstruction. Néanmoins, à la fin du mois de mai 2015, seulement 27,5% avaient été débloqué"
    Cette aide ambiguë est perçue par les plus lucides non pas comme une providence, mais plutôt comme une entrave . De toute manière elle ne peut être que provisoire. En attendant quoi? Tout le monde joue à l'autruche. Israël fait la cuisine, l'Europe fait la vaisselle...
      "Selon les fonctionnaires de l’UE, l’essentiel de l’aide au peuple palestinien est affecté à un unique objectif à long terme : l’instauration d’institutions pour un futur État palestinien démocratique, indépendant et viable, coexistant en paix et en sécurité avec Israël.
   Mais compte tenu du manque de progrès enregistrés par les pourparlers de paix actuels engagés sous les bons offices des États-Unis, et plus généralement par le projet de création d’un État indépendant, certains en Europe – où les efforts d’austérité sont plus prononcés – s’interrogent sur la bonne utilisation de cette aide, dans un contexte de crise au Mali et en Syrie où l’argent fait défaut.
   « Il n’existe pas d’État palestinien à ce jour. La question c’est : que finançons-nous ? Aidons-nous Israël à maintenir l’occupation, ou aidons-nous véritablement les Palestiniens à construire leur indépendance ? », a dit à IRIN Caroline du Plessix, une politologue française spécialiste de la politique européenne prônant la solution des deux États."
    Question plus que pertinente quand on voit que le plan israëlien, c’est gagner du terrain et ne jamais négocier» 
       "...La prise de pouvoir du Hamas est présentée comme une preuve de l’arriération et du caractère belliqueux des Palestiniens, alors qu’elle résulte de l’exaspération d’une population qui a vu l’occupant poursuivre inexorablement sa politique de terreur et de spoliation. « On nettoie, et ensuite, peut-être qu’on verra enfin émerger un partenaire palestinien raisonnable », disent en substance les autorités israéliennes aujourd’hui - comme si elles ne s’étaient pas acharnées auparavant à discréditer, à diaboliser, à éradiquer les partenaires raisonnables qu’elles avaient en face d’elles, assiégeant le quartier général de Yasser Arafat tandis que les infrastructures du Hamas et du Djihad islamique restaient debout. Selon toute vraisemblance, c’est plutôt les Palestiniens qu’il s’agit de « nettoyer ». « Sharon fera la paix... quand les Palestiniens seront finlandais », prédisait à juste titre Charles Enderlin (Libération, 20 octobre 2004). C’est tout aussi vrai d’Ehud Olmert. Et cela risque malheureusement d’être encore plus vrai de celui ou celle qui lui succédera en février..." (Mona Chollet)"
          Aucune concession:  « La prochaine fois nous aurons les capacités de répliquer aux terroristes encore plus durement », avertit Avigdor Lieberman, le ministre de la défense et chef d'un parti ultra-nationaliste. Les consignes de tirs ont été maintenues : ceux qui pénètrent armés dans un périmètre de moins de 300 mètres de la frontière seront visés. Vendredi, au moins 11 des Palestiniens tués ont été présentés comme des « meneurs terroristes » membres du Hamas ou d'autres organisations jihadistes. Une hécatombe qui ressemble fort à des « éliminations ciblées » malgré les dénégations de l'armée.
Liberman dans ses oeuvres
     Cette politique de la poigne de fer est apparemment soutenue par la majorité des Israéliens, mais elle suscite des critiques. Les ONG de défense des Droits de l'Homme, tels la Paix Maintenant et une partie de l'opposition de gauche dénoncent la politique de la « gâchette facile » pratiquée par l'armée avec le feu vert du gouvernement. Giora Eiland, un ancien général, qui n'a rien d'un gauchiste, admet qu'il a l'impression « que nous avons tiré trop vite alors que la vie de nos soldats n'était pas en danger »."Hamas voulait du sang et Israël lui en a donné"     Pour un éditorialiste tel que Ben Dror Yemeni du quotidien Yediot Aharonotle « Hamas voulait du sang et Israël lui a en donné. Une fois de plus Israël a gagné une bataille, mais perdu la guerre ». De nombreux responsables militaires qui s'expriment en « off » s'alarment depuis des mois des conditions de vie intenable des Gazaouis et des dangers d'une explosion généralisée. Ils préconisent un allègement du blocus imposé depuis une décennie, la délivrance de milliers de permis de travail en Israël, la construction d'un port... En un mot il s'agit de désenclaver la bande de Gaza avec comme seule condition le désarmement du Hamas. Une telle proposition aurait le mérite de relâcher la pression internationale sur Israël et de mettre en mauvaise posture les islamistes en cas de refus de leur part. Mais encore faudrait-il que les dirigeants israéliens fassent preuve d'un minimum de créativité."
       Une conclusion angélique, à l'heure où Washington se rapproche un peu plus de son allié indéfectible,  où l'affaire syrienne détourne les regards. et où de nouvelles alliances, parfois improbables, se font jour dans la région.
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- Gaza et le presse française.
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