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jeudi 14 février 2019

Point d'histoire

Le Traité de Versailles revisité.         
                                                               Il y a histoire et histoire.
   Celle qui se déroule et qui nous emporte et celle que l'on tente de reconstituer après coup, de manière partielle, imparfaite  et toujours remaniable. A la lumière de nouveaux documents ou d'objectivité plus fine, celle que donne le recul des passions et des aveuglements.
    En ce sens, nous n'aurons jamais fini d'écrire l'histoire de la Révolution Française, de mieux cerner la figure de Robespierre, par   exemple,etc...
    C'est encore plus vrai pour les événements proches.
        Cent ans après le Traité de Versailles, avons-nous une juste appréciation des pourparlers qui clôturèrent, non sans mal, les terribles affrontements qui eurent lieu pendant quatre longues années?
     La plupart des historiens convergent su un point, à savoir les conditions draconiennes imposées par la France et notamment par Clémenceau aux plénipotentiaires allemands, malgré les réticences anglaises, qui ne voulaient pas d'un voisin français  trop puissant et malgré les tergiversations de l'idéaliste Wilson. An vu des dommages de guerre immense, le Père la Victoire fut intraitable:              L'Allemagne paiera!
     On a beaucoup critiqué cette décision drastique, qui aurait préparé, par ce traité mal fait, le sentiment d'humiliation, de revanche et indirectement des drames qui suivirent.
          Une lecture assez différente, d'autant plus qu'elle émane d'un historien allemand, apporte un point de vue assez différent, non inédit mais souvent tu, une autre lecture.du Traité de Versailles, fait de nombreux désaccords et  de méfiances réciproques:
       Le traité de Versailles, signé en 1919 entre les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et l’Allemagne, a mauvaise réputation. Les conditions imposées au vaincu auraient été bien trop dures et contenu, de ce fait, les germes d’un inévitable conflit futur. Sauf que, en réalité, ce traité tant décrié n’était pas si mauvais. C’est ce qu’estime l’universitaire Eckart Conze dans un ouvrage paru récemment. Conze, qui enseigne l’histoire contemporaine à l’université de Marbourg, admet que les conditions de paix n’étaient pas tendres, mais parler d’une « paix carthaginoise », comme on n’a cessé de le faire dès 1919, est très exagéré.
   « En dépit de toutes les amputations de territoires et de toutes les réparations, de tous les affaiblissements économiques et de toutes les restrictions militaires, l’Allemagne restait non seulement un État, mais – contrairement à ce qui se passera en 1945 – une puissance européenne et une grande puissance potentielle », écrit-il dans l’hebdomadaire Die Zeit. Ses deux grands alliés, l’empire austro-hongrois et l’empire ottoman, définitivement démembrés, ne pouvaient en dire autant.
        En ce qui concerne le montant des réparations, il ne fut pas déterminé en 1919 à Versailles, mais laissé en suspens. Ce n’est qu’en 1921 qu’on fixa la somme de 132 millions de marks or. « L’indignation fut grande, rapporte Conze. Personne ne voulait se souvenir que, à peine deux ans plus tôt, les Allemands avaient proposé de payer 100 milliards de marks or, ni que les premières exigences britanniques étaient de 220 milliards de marks. » Par ailleurs,les versements finirent par être ajusté aux capacités de paiement de l’Allemagne et interrompus à partir de 1931. 
        Pourquoi alors le traité de Versailles a-t-il paru non seulement aux contemporains mais à de nombreux historiens par la suite particulièrement inique ? Selon Conze, ce serait parce que, dès 1919, il a été instrumentalisé par les ennemis de la République de Weimar. En dénonçant les conditions imposées à l’Allemagne, l’extrême droite cherchait moins à les remettre en cause qu’à fragiliser le régime qui les avait acceptées. Un calcul habile et, comme le prouva la suite, plutôt payant. 
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