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samedi 6 avril 2019

Yémen en ruines

L'hypocrisie est totale
                             Le machiavélisme est révoltant.
       Pendant que le Yémen se meurt sous la mitraille  des forces aériennes de Riyad,  les marchands d' armes et d'avions ne se sont jamais aussi bien portés.
  Au service de nos amis du golfe
 On oublie le drame qui se joue non loin de nous, la population civile et surtout les enfants payant un lourd tribut dans ce conflit qui les dépasse, subissant les pires souffrances dans cette lutte armée à la fois locale et géopolitique.
   On assiste à la mort lente d'un pays que la Syrie fait oublier. Mais que reste-t-il à détruire?
   Le mensonge français continue de sévir. 
L'Allemagne, bonne pourvoyeuse de quincaillerie militaire, a dû se résoudre, sous la pression des sociaux-démocrates, à suspendre provisoirement ses livraisons.  Mais des marchands contournent l'interdit. De son côté:
     Le gouvernement français a fait pression sur l’Allemagne pour une levée de son embargo afin que les exportations d’armes de fabrication commune puissent reprendre.
   Un blocage qui ne sera peut-être pas durable (solidarité oblige), avant de reprendre les affaires as usual.
    La mort lente du pays pourra alors continuer.
                           Mais qui se soucie de la tragédie du Yemen?  

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      "...En poursuivant ses ventes d’armes, utilisées par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans leur guerre au Yémen, l’une des pires tragédies humanitaires du moment, le gouvernement actuel viole-t-il allègrement les engagements internationaux de la France ?       Si la ministre des Armées continue de le nier, les preuves du contraire s’accumulent avec les récentes révélations d’un groupe de médias allemands et internationaux. Pire : le gouvernement français a fait pression sur l’Allemagne pour une levée de son embargo afin que les exportations d’armes de fabrication commune puissent reprendre.      Des armements français sont-ils utilisés dans le conflit yéménite ? Cette guerre peu médiatisée, qui s’est transformée en conflit régional avec l’intervention il y a quatre ans d’une coalition emmenée par l’Arabie Saoudite, a déjà fait des milliers de morts civils, menace la survie de trois millions d’enfants souffrant de malnutrition et oblige une grande partie de la population à dépendre de l’aide humanitaire . « Nous n’avons récemment vendu aucune arme qui puisse être utilisée dans le cadre du conflit yéménite », a encore répété la ministre des Armées, Florence Parly, le 20 janvier 2019 .
    (Elle a dit "récemment"?...)
    Une enquête menée par un groupe de médias allemands et internationaux, publiées fin février, montre pourtant que des armements français et allemands vendus aux pays membres de la coalition en guerre, en particulier à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, sont bel et bien utilisés sur le terrain de la guerre yéménite. Le collectif de médias, ont visionné les images du conflit qui circulent sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram, vidéos Youtube) ainsi que des images satellites via les services cartographiques en ligne. Les journalistes cherchaient d’éventuelles preuves de présence d’armements vendus par l’Allemagne ou d’autres partenaires européens. Et ils n’ont malheureusement pas été déçus.Le collectif a aussi retrouvé la trace des chars lourds français Leclerc, également fabriqués par Nexter, vendus aux Émirats arabes unis « Grâce à l’analyse d’images vidéo et satellite de 2018 #GermanArms a pu localiser deux chars Leclerc au Yémen – à Aden et Al Khawkhah », écrit le site. Les deux véhicules étaient équipés d’un blindage similaire à celui produit par la firme allemande Dynamit Nobel, dont le gouvernement allemand a autorisé la vente aux émirats en mars 2017. Devant les députés français, le PDG du groupe Nexter vantait d’ailleurs les performances au Yémen des chars français Leclerc, un an après le début du conflit. Entre 1994 et 2010, la France a livré plus de 400 chars Leclerc aux Émirats arabes unis.
   Le site German Arms documente aussi l’implication des avions militaires de transport et de ravitaillement d’Airbus, l’A330 MRTT (pour Multi Role Tanker Transport). Ce modèle produit par le groupe aéronautique européen est en partie fabriqué sur le site de Toulouse. Au moins six avions de ce type ont été livrés à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis entre 2011 et 2015. L’équipe d’investigation de #GermanArms « a pu géolocaliser une vidéo, qui montre un avion Eurofighter saoudien ravitaillé par voie aérienne [l’Eurofigter est produit par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne]. La vidéo a été prise dans la région frontalière du Yémen. Selon les données d’un compte Twitter proche du gouvernement saoudien, sur lequel la vidéo a été publiée, le ravitaillement a été réalisé par un A330 MRTT », indique le site. Les journalistes rappellent que « selon les données des Nations Unies, des milliers de civils ont été tués par les attaques aériennes saoudienne au Yémen ». En début de semaine, Médiapart a aussi révélé comment l’entreprise française Naval group (ex-DCNS) assure la modernisation de navires militaires saoudiens, alors même qu’un blocus naval affame la population yéménite....L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis figurent depuis des années parmi les plus gros clients des exportations d’armements lourds français. La monarchie saoudienne est le deuxième plus gros client de la France – derrière l’Inde – sur la période 2008-2017 [. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne sont également de gros fournisseurs de l’Arabie Saoudite. ....  Sébastien Nadot, élu de Haute-Garonne, a même été exclu du groupe LREM en décembre. Le 19 février, il s’est fait remarquer en déployant en pleine séance une banderole « La France tue au Yémen ». En Allemagne aussi, « le gouvernement dit qu’il n’a pas connaissance d’armes allemandes utilisées au Yémen, ou qu’il ne peut pas en parler », écrit l’équipe de #GermanArms. Néanmoins, fin 2018, l’Allemagne a décidé de suspendre pour plusieurs mois ses exportations d’armes à l’Arabie saoudite, suite à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
       Ce moratoire devait se terminer le 31 mars. Le gouvernement allemand vient de décider de le prolonger pour six mois, après des mois de désaccords ente le parti-social démocrate et le parti conservateur, tous deux membres de la coalition au pouvoir. Le gouvernement français a, lui, fait pression pendant des semaines sur l’Allemagne pour reprendre les exportations coûte que coûte. Nombre de systèmes d’armements exportés contiennent des équipements des deux pays, comme pour les chars Leclerc et les canons Caesar. L’autorisation des deux gouvernements est donc nécessaire pour les exporter. Et Paris semble prêt à tout pour y parvenir.
   L’ambassadrice de France en Allemagne, Anne-Marie Descôtes, a ainsi déploré « la politisation croissante du débat allemand sur les exportations d’armements ». Selon elle, le choix allemand de suspendre les ventes d’armes à des pays en guerre ressort d’« objectifs de politique intérieure » liés aux « échéances électorales ». Autre moyen de pression : selon des observateurs, Paris conditionnerait son soutien à Berlin, dans le cadre de négociations commerciales face à Donald Trump impliquant l’industrie automobile, à la reprise des exportations d’armes vers l’Arabie Saoudite.
    Pendant ce temps, mi-février, un rapport de parlementaires français se plaignait lui aussi de l’embargo allemand. « L’Arabie saoudite est l’un des principaux clients de l’industrie de défense française et un allié important de notre pays dans la région. Un tel embargo aurait pour nous des conséquences politiques et économiques majeures. Le président de la République en a pris la mesure en refusant de l’envisager », écrivaient les députés. Peu importe la situation humanitaire des populations civiles au Yémen, victimes des bombardements et des blocus de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite.
    Au même moment, le Parlement britannique publiait lui aussi un rapport qui, au contraire, disait que les exportations d’armes vers l’Arabie saoudite étaient probablement illégales. Ces exportations pourraient en effet violer des conventions internationales, comme le Traité international sur le commerce des armes, qui interdit les transferts de matériel militaire quand il existe des risques de violations graves du droit international humanitaire ou de déstabilisation régionale. Le 26 mars encore, une frappe aérienne a touché un hôpital yéménite. L’attaque a fait au moins sept morts, dont quatre enfants, rapporte l’ONG Save the Children. L’organisation demande une « suspension immédiate des ventes d’armes aux parties belligérantes au Yémen, où des enfants sont tués et mutilés aveuglément ». Les gouvernements allemands et français entendront-ils cet appel " ? [Rachel Knaebel]
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