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jeudi 2 mai 2019

Macron: rester et résister?

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                     Macron va-t-il durer, dans la tourmente qui se prolonge et se durcit?

    L'état de grâce, c'est terminé.
         Déjà plus que des nuages apparaissent.
     Malgré un virage apparent, rien ne bouge fondamentalement.
  Le patron a invité ses troupes  à changer de braquet, et au plus vite.
       Le capitaine est toujours seul. Comme l'avait vu Machiavel. La situation est très, très compliquée....
             Points de vue:
                               "...Finies les grandes envolées sur le nouveau monde et le temps de l'audace. À l'image de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron choisit de gouverner pour durer.
      Mais où est donc passée cette conviction d'Emmanuel Macron que le pays aspirait à un profond changement et que l'énergie de sa propre jeunesse allait tout renverser sur son passage pour transformer le pays de manière radicale ? Après deux années de pouvoir, le mirage s'est définitivement dissous lors de la conférence de presse du chef de l'Etat le jeudi 25 avril dernier. Et c'est désormais au gouvernement, réuni en séminaire ce lundi, de s'attaquer au casse-tête de l'application et du financement des mesures annoncées par Emmanuel Macron. 
      Confronté aux difficultés, le président a rendu les armes et s'est soudain banalisé. Oubliant le nouveau monde, il est promptement rentré dans les clous de la Ve République et a choisi de gouverner pour durer, retrouvant même au passage le rôle de fusible du Premier ministre. Cette trajectoire est au fond identique à celle de tous ses prédécesseurs. Depuis Valéry Giscard d'Estaing, aucun occupant de l'Elysée n'a pu tenir ses promesses au-delà de quelques mois de pouvoir. Chacun d'entre eux a dû renoncer aux illusions de la victoire et changer de cap pour pouvoir rester à la tête de l'Etat. Les obstacles qu'ont rencontrés les présidents n'ont pas tous été de même nature mais tous ont été contraints de composer et de renoncer à bien de leurs projets.Nul doute qu'Emmanuel Macron n'imaginait pas qu'il subirait ce sort-là. Il a cru que sa victoire éclair et l'effondrement des partis traditionnels lui ouvraient tous les champs du possible. Il s'est imaginé qu'aucune force de résistance ne pourrait entraver ses projets. Il a du coup surestimé son succès, oublié que sa base électorale était étroite et que le rassemblement sur son nom au second tour était d'abord le produit du rejet de l'extrême droite. Il a pensé qu'une large majorité de Français le suivait alors que 18,19% seulement des inscrits lui avaient fait confiance au premier tour. Terrible erreur d'analyse qui l'a conduit à agir sans à chercher à connaître les tréfonds de ce pays qu'il venait de conquérir.
   Une technocratie déconnectée des réalités; Quand il s'est installé à l'Elysée, il ne connaissait de la France que ses données macro-économiques. Sa maîtrise des dossiers impressionnait mais elle était d'abord le fruit d'une culture technocratique déconnectée de la réalité quotidienne. Le grand débat a souligné cette faiblesse. Le président y a certes déployé une impressionnante énergie, affiché un grand talent de maître de conférence mais il a surtout donné le sentiment de découvrir un pays qu'il ne connaissait pas ou mal. Son échange avec la presse en a apporté la confirmation. Comment tant d'évidences avaient-elles pu lui échapper ? Fallait-il être à ce point ignorant du pays pour constater enfin la fracturation de la société, la peur des grands changements, l'attachement aux frontières, etc. Ces découvertes tardives traduisent les faiblesses d'Emmanuel Macron et éclairent ses erreurs. Il a, en quelque sorte, avoué jeudi aux Français qu'il avait été jusqu'à présent un président hors sol.
     Ses prédécesseurs ont connu, eux-aussi, de rudes atterrissages mais sans passer par la case grand déballage car ils avaient appris tout au long de leur parcours politique combien ce peuple est difficile à gouverner. Il n'est pas hostile aux réformes, contrairement à une idée reçue - il en a connu et accepté des dizaines au cours des dernières décennies – et il est beaucoup moins fantasque qu'on ne le dit mais il a en permanence le nez sur la balance de l'égalité. Cette volonté de vivre entre égaux accepte de nombreux dérèglements mais ils ne sont plus tolérés lorsque le pays juge que les réformes proposées n'ont pas pour but final de les combattre. C'est ce qui s'est passé avec la suppression de l'ISF et la théorie des premiers de cordée. Emmanuel Macron n'a pas su démontrer que cette mesure et sa philosophie conduiraient à une amélioration du principe d'égalité. Il a laissé s'installer l'idée qu'au terme de son mandat il y aurait des gagnants et des perdants. Au vrai, c'est souvent la conséquence d'une action politique mais il est essentiel en France de ne pas en faire une fatalité et d'entretenir le fonctionnement de l'ascenseur social.
   De Jupiter à Hollande bis .Tout indique qu'il est aujourd'hui en panne et les sondages montrent qu'au terme de la conférence de presse du chef de l'Etat, les deux tiers des Français pensent qu'il ne sera pas remis en état de marche. Le "je vous ai compris" présidentiel n'avait pas des accents de réelle repentance, faute peut-être de vraie compréhension de ce ressort égalitaire très gaulois. Dans cette rencontre avec la presse, Emmanuel Macron n'a pas donné de contenu puissant à son ambition pour le pays, il s'est même banalisé en refermant la porte des grandes réformes et tergiversant sur le terrain économique. Il propose de travailler plus mais clôt le dossier des 35 heures, renonce à repousser l'âge de la retraite. Il ne promet rien sur le chômage mais ne propose rien non plus pour le ramener au moins dans la moyenne de l'Union européenne. Il veut relancer la décentralisation et la déconcentration mais reste imprécis sur ses projets. Il annonce certes des réductions d'impôts et le retour de l'indexation des petites retraites mais oublie que la France demeure championne du monde des dépenses publiques. Rien ne laisse prévoir dans son propos qu'il veuille s'employer désormais à les réduire. Il se dit même prêt à renoncer à sa promesse d'alléger la fonction publique de 120.000 fonctionnaires. Comment s'y retrouver dans ce macronisme sans véritable cap ?
      Après avoir voulu foncer tout schuss, le chef de l'Etat passe en fait au slalom et à cette godille gouvernementale expérimentée par ses prédécesseurs pour durer. Malgré ses déclarations sur le thème "les transformations doivent être poursuivies et amplifiées", son objectif n'est plus de transformer le pays, faute peut-être d'imaginaire, mais de demeurer au pouvoir le plus longtemps possible. Il a beau affirmer que "diriger, c'est accepter de ne pas être populaire", il pèse l'opinion au trébuchet et fait ses calculs électoraux. Tout indique qu'il conserve un socle électoral de 20% et qu'il a toujours pour seul adversaire l'extrême droite du Rassemblement national. Il pense sans doute que cette situation le met à l'abri pour la suite de son quinquennat et lui en garantit un autre. Bref, après avoir voulu être Jupiter, Emmanuel Macron a décidé sans le dire d'être un Hollande bis, un spécialiste du flou et de la demi-mesure...."
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