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mardi 4 juin 2019

A chacun son ghetto

Chacun chez soi
                       Surtout, ne pas mélanger les torchons et les serviettes, comme disait ma grand-mère.
      Chacun chez soi et les vaches coffres seront bien gardés, disait un sage.
   Le phénomène des ghettos des (plus ou moins) pauvres et des ghettos des (très) riches, où l'entre-soi est un impératif économique et culturel, se développe à bas bruit.
   On ne va créer une panique à Passy et commencer à construire des HLM à Neuilly. Vous n'y songez pas. Encore moins dans l'île de Cavallo.

    Dans le premier cas, ce n'est pas choisi. Montfermeil, n'est ni Le Vésinet, ni Neuilly.
 Cette tendance s'amplifie, souvent en dépit des règles, parfois jusqu'à l'indécence. Bien sûr, le phénomène n'est pas spécifiquement français. Mais on n'est pas à Durban, ni en Floride, ni même sur la Costa Smeralda.
   La nouvelle tendance des Gated Communities favorise souvent l'isolement et le repli sécuritaire, avec services de garde à l'appui et caméras partout.
    L'ISF n'est qu'un indicateur de la concentration des plus fortunés, qui se retrouvent souvent ailleurs qu'en métropole, pas seulement dans les beaux quartiers de Ouest parisien. où l'on a parfois quelques frayeurs: certains partageux parlent parfois d'augmentation d'impôts, un peu comme sous Roosevelt.
  Mais qu'on se rassure dans les ghettos d'Auteuil-Passy. Quelque dix mille personnes seulement seraient concernées. Pas de quoi paniquer à la Villa Montmorency.
   On se demande encore pourquoi un riche n'aurait pas le droit d'aller vivre à La Courneuve s' il le souhaite....Ce n'est pas la promiscuité de la Porte de la Chapelle tout de même...IL faut libérer aussi les plus fortunés!
___La France, à l'instar des USA, est-elle en voie de ghettoïsation urbaine, dans ce Paris où la gentrification se développe à grande vitesse, où les quartiers populaires fondent à vue d'oeil. Les promoteurs ne sont pas fous.
   Il fut un temps à Paris où les classes sociales se côtoyaient dans les mêmes quartiers et même parfois dans les mêmes immeubles, malgré les clivages bien visibles et les distances bien marquées.
  Depuis le 19° siècle surtout, l'espace urbain s'est davantage clivé en beaux quartiers et quartiers populaires défavorisés.
  Un pas de plus est en train d'être franchi avec le développement des résidences sécurisées, où se développe un entre-soi narcissique, même là où le danger n'est là qu'à titre de fantasme. Auteuil-Passy n'est pas Mexico, Le Cap ou Rio...
  Les espaces publics privatisés semblent avoir la cote un peu partout, de Montpellier à Strasbourg, même  chez les classes moyennes supérieures et les retraités aisés.
   La banalisation  de l'entre-soi  déborde maintenant le cadre des seules classes dites supérieures privilégiées.
   On n'en n'est pas encore à des villes privées comme aux USA, mais à des quartiers homogénéisés, où se bunkérisent certaines  classes sociales et même, dans certains de ces quartiers, à des îlots super-protégés comme la villa Montmorency, appelée parfois le « ghetto du Gotha »...
    La ségrégation urbaine , visant à s'affranchir des zônes sensibles, est  en route, comme les replis identitaires économico-sociaux, dont les mécanismes économiques sont mouvants.
"...Cette auto-ségrégation des classes supérieures est celle qui, du point de vue des mécanismes de production de la ville et de définition de l’accès aux localisations résidentielles pour les différents groupes sociaux, est de loin la plus structurante pour la hiérarchisation des inégalités urbaines. D’une part, l’appropriation par ces classes des meilleurs espaces urbains pour leur résidence comme pour les sièges sociaux de leurs entreprises, y entraîne, selon la logique de la rente foncière, les prix fonciers et immobiliers les plus élevés. Prix élevés qui ne peuvent que rendre ces espaces rapidement inaccessibles aux catégories sociales moins huppées. Pas besoin d’être activement raciste anti-pauvre ou raciste tout court pour éviter la présence des classes populaires, la logique du marché y suffit – il faut seulement prendre garde à empêcher les décisions politiques qui pourraient conduire à l’implantation de logements sociaux. Prix élevés qui, en contribuant de proche en proche à l’établissement de ceux des localisations un peu moins désirables, puis les suivants etc. constituent, comme les économistes du marché foncier l’ont montré, le principe de hiérarchisation des prix et de diffusion des mouvements de hausse, donc de la sélectivité sociale des localisations résidentielles ainsi hiérarchisées. Si les plus pauvres se trouvent (statistiquement et en l’absence de politiques publiques venant modifier cette logique) relégués dans les localisations les moins désirables, c’est au terme d’une chaîne de sélections sociales successives des populations résidentes dont le premier maillon s’origine au cœur des beaux quartiers..." 
   La discrimination spatiale est le reflet  d'un  retranchement social et politique et aboutit à une sorte de libanisation de l'espace urbain.
   Certes, les barrières peuvent être symboliques, mais leur développement est à la fois un effet, un symptôme et renforce la ségrégation économique, sociale, physique et morale.
   Une pathologie de la vie sociale, expression d'un individualisme-consumériste montant.
  Le candidat_Hollande avait semé autrefois la terreur, avec ses menaces d'hypertaxation et sa condamnation de la finance. Mais c'était pour rire...
____ Les beaux quartiers sont cependant encore en émoi. La pénurie menacerait toujours..
. (lol)

"...Des réflexes de temps de guerre refont surface. A la Madeleine, de longues files d’attente étaient ainsi constatées dans l’après-midi devant chez Ladurée, Hédiard et Fauchon, qui affichaient en vitrine des annonces de rupture de stock sur plusieurs produits de première nécessité. « Les filières d’approvisionnement en caviar pourraient être interrompues », s’inquiète Anne-Cécile, poussant devant elle sa poussette à quadruplés, tandis que pour Enguerrand, foulard Louis Vuitton noué à la Rambo autour du front, « on se demande combien de temps on pourra encore sortir librement, peut-être les hollandistes vont-ils nous imposer le port d’un signe distinctif ! ». Le jeune homme complète immédiatement : « mais on ne se laissera pas faire ! », en agitant un club de golf d’un air menaçant. Il a passé toute la matinée avec quelques amis à ériger une barricade de meubles Louis XVI pour bloquer l’entrée de sa rue dans le 16èmearrondissement de Paris, fortification de fortune sur laquelle il s’apprête à monter la garde « toute la nuit ». Pour Marie-Xavière, présidente de l’association des riverains d’une villa (NDLR : quartier privatisé) de la banlieue ouest, « la question de l’exode va bientôt être posée », pour devancer ce qu’elle appelle un « viol fiscal ». Ses voisins, selon elle, n’ont plus rien à perdre et sont prêts à utiliser leurs « domestiques philippins » comme « bouclier humain » contre les agents du Fisc. « Tout est prêt pour une extraction d’urgence », affirme-t-elle en dévoilant les plans de l’héliport dont la construction vient d’être votée en conseil de copropriété. Des camps de réfugiés du Rotary Club seraient prêts à être ouverts à la frontière luxembourgeoise pour accueillir les premiers rescapés de « l’enfer de l’imposition » socialiste..." (Variae)
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