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jeudi 12 septembre 2019

Quand la haine monte

Non à la haine?
                                  [Quelques notes sur un sujet complexe, multiforme et récidivant]
  Parler des sentiments humains n'a jamais été simple, eux qui résistent largement aux critères rationnels, mais comprendre les expressions émotives extrêmes, qui entraînent l'homme parfois aux pires excès, se révèle être une entreprise d'une autre ampleur. Le mode littéraire semble le meilleur moyen pour seulement les évoquer, en dessiner les formes, en montrer les effets, individuels ou collectifs.
     Surtout quand il s'agit de la haine, sous ses formes les plus intenses.
  La psychanalyse a et a eu des difficulté pour en comprendre les racines et les ressorts infantiles notamment, avec plus ou moins de succès, mais est muette pour en comprendre ses effets destructeurs, surtout quand ils sont collectifs.
   La haine a ses raisons obscures que la raison peine à comprendre, surtout quand elle plonge dans la  haine de soi ou quand elle gangrène une société jusqu'au pire. Les exemples abondent. malheureusement : des guerres de religions aux conditionnements fascistes à la haine, leur principal carburant, sans parler des terribles drames cambodgiens ou à l'inouï massacre rwandais.
   Le pire, c'est le phénomène de rationalisation et d'auto-justification qui l'accompagne. Pour s'entretenir, la haine a besoin de raisons, de justifications après coup de ses pires excès individuels ou collectifs. Sans culture de la haine et habile propagande, elle n'aurait pas lieu ou s'éteindrait d'elle même.
    Sur ses origines préhistoriques de ce phénomène si universellement partagé, il n'y a rien à dire de sérieux.
   Un des caractères majeurs de la haine est bien sûr son aveuglement à elle-même, qui neutralise d'emblée tout esprit critique, même dans les relations interpersonnelles, comme le montrent bien Racine et d'innombrables auteurs, c'est aussi son aspect paradoxal souvent souligné.
  La haine, un amour qui a sombré, comme le disait Kierkegaard? C'est en partie vrai, quand on voit comment dans un couple apparemment lié peuvent naître des sentiment explosifs de rejet, pour des raisons qu'on peine souvent à expliquer. Que l'amour puisse se retourner en son contraire n'a pas fini de poser problème. Comme en politique, où l'adoration mystique du Führer, s'est mutée en rejet haineux à la fin tragique du régime.
   La théorie du bouc émissaire n'a pas pris une ride: pour se justifier ou (croire) surmonter ses peurs, accuser l'autre est une échappatoire dans certaines situations de tensions ou de conflits. La haine vient parfois du sommet
    Invoquer un fragile humanité n'est pas faux, mais reste partiel.
 Le problème est que nul n'est à l'abri de montée haineuse. La claire gestion rationnelle des sentiments qui la sous-tendent peut heureusement permettre de mieux la comprendre et donc de mieux l'éviter.
   Non, vous n'aurez pas ma haine, entend-on dire parfois. Elle n'est donc pas une fatalité, pas plus que pour les résistants allemands qui voyaient monter les périls. Elle n'est pas fatale comme une maladie: avoir la haine, expression qui nous vient des banlieues, suggère qu'elle s'attraperait comme la grippe.
  Il n'y a pas de fatalité dans ce domaine. La raison et la vigilance s'imposent, comme un minimum de culture et de recul historique. IL ne suffit pas de dire: non à la haine!
                                   Car le piège peut toujours se refermer sur nous.
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