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mardi 11 février 2020

Trou noir financier

Abus de liquidités
                         Bonne ou mauvaise nouvelle?
      Le liquide, c'est du solide, pense-t-on parfois. Des espèces sonnantes et trébuchantes en poche autrefois rassuraient.Mais jusqu'à un certain point seulement et dans une optique purement individuelle et domestique.

     Tout semble dans l'ordre à première vue et parfois intéressant pour certains.
    Mais il faut sortir de la vision à court terme et élargir le point de vue au niveau  macroéconomique, celui des échanges internationaux, des marchés financiers, de la spéculation en général et interbancaire en particulier. là où se joue le sort de la monnaie.
  Là, si, après Draghi, Mme Lararde est sur ses gardes, plus d'un économiste s'inquiète d'un phénomène atypique, qui rassure certains mais en inquiète d'autres.   Un phénomène largement ambigü et à terme inquiétant.
    Comme le dit Jacques Ninet:
     " ... Les politiques monétaires non conventionnelles (taux d’intérêt négatifs ou nuls et quantitative easing) sont à la fois le fruit des désordres structurels de l’économie mondialisée et financiarisée et la seule réponse apportée à ses crises récurrentes.
  A partir des années 1980, l’économie mondiale a adopté un modèle de croissance fondé sur la maximisation de la richesse actionnariale. Or ce modèle a deux faiblesses majeures : il est par construction générateur d’un accroissement des inégalités (de revenu et de patrimoine) ; il conduit les détenteurs du capital à arbitrer entre les différents moyens d’augmenter la valeur actionnariale, sur des horizons courts, en privilégiant fréquemment les opérations de fusions-acquisitions avec LBO (Leveraged buy-out, achat à effet de levier) et les rachats d’actions plutôt que l’investissement productif, dans une optique de maximisation du RoE (Return on equity, rendement sur le capital investi).
  Ces deux éléments pèsent sur la croissance, le premier en freinant la demande globale (car les détenteurs de la richesse ont une faible propension à consommer), le second en limitant les gains de productivité faute d’investissements suffisants dans l’innovation, d’où l’idée de stagnation séculaire avancée par certains économistes.
  L’augmentation de l’endettement global (ménages, entreprises, états) est la conséquence inéluctable de ces faiblesses. Cette dérive conduit inévitablement à des crises périodiques, financières et économiques, via le système bancaire ou les marchés financiers.
   Comme aucune remise en cause du modèle économique global n’est intervenue, les politiques monétaires accommodantes ont été le seul palliatif, crise après crise, le remède apporté à chaque crise devenant la source de la suivante. Dans un contexte mondial désinflationniste du fait de l’ouverture des marchés du travail « à bas salaire », les taux d’intérêt n’ont alors cessé de baisser, jusqu’à franchir la barre du taux zéro en Europe et au Japon...."
       Mario Draghi voulait surtout contribuer à désendetter les Etats et les banques et relancer l'économie. Il a crée un "monstre" économique en incitant à la création de taux d'intérêt les plus bas possibles, mais ce faisant, il a posé les bases d'un jeu dangereux qu'on lui a même reproché à Berlin. Les investissements  n'ont pas suivi.
   Voulant relancer l'économie réelle, il a surtout fourni des armes à la spéculation.
     Certains voient dans ce processus comme une anticipation du pire, une annonce de nouveaux désordres monétaires.
  Les conséquences peuvent inquiéter. On sait trop où mène la spéculation financière, dans certaines conditions.
 C' est comme le monde à l'envers par rapport à son fonctionnement "normal".
  L'abus de liquidité n'est pas  un phénomène rassurant, contrairement à ce que pourrait croire le sens commun. Ce remède nuit à la santé économique.
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