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jeudi 2 juillet 2020

Psychiatrie en déshérence

Toujours plus bas...
                        Ce n'est pas la première fois que des rapports, parfois très officiels, font état de la lente dégradation de notre système de soin psychiatrique. Depuis plusieurs dizaines d'années.
   Si l'hôpital général est malade, l'institution psychiatrie est ensituation critique et personne ne s'en préoccupe guère. Surtout en cette période de crise profonde où la santé mentale pose de nouveaux problèmes.
  Le déni de l'Etat continue sur une situation concernant plusieurs million de personnes, malgré quelques aveux passagers, et la spécificité de la formation disparaît peu à peu. Comme elle était une branche de la médecine générale.
   On a oublié qu'un malade mental n'est pas un malade comme un autre et que sa guérison éventuelle ne relève pas de la pratique médicamenteuse seulement, sinon comme appoint occasionnel.
   La psychiatrie est devenue le parent pauvre des systèmes de soin, où dominent les pressions de l'industrie pharmaceutique.
Or c'est l'état d'urgence qui est proclamé par plusieurs spécialistes et institutions, après bien d'autres avertissements, pour certains déjà anciens.
  La situation n'a cessé de se dégrader, dans un secteur qui concerne plus de personnes qu'on imagine, marqué par le déni, le silence, la honte parfois.

   Un secteur de plus en plus à l'abandon, condamné à fonctionner avec des bouts de ficelle.
     Il manque une volonté politique pour redresser et améliorer un système qui se dégrade à bas bruit depuis des décennies, alors que les divers désordres d'ordre mental de toutes natures n'ont cessé de croître.
   Un rapport parlementaire vient de confirmer l'état de délabrement de ce secteur trop longtemps négligé. Cela après un plus ancien rapport du Sénat, préconisant d'urgence de nouvelles voies.
     Le constat est accablant (*)
  Dans le silence institutionnel, cela ne tourne pas rond. La relation personnelle, si essentielle en ce domaine, est négligée. La chimie, si commode, ne suffit pas et peut parfois aggraver la situation. Les techniques de soins doivent être diversifiées.
   Le système est sous contention un peu partout.
       Ce ne seront pas quelques millions de plus, distribués sans discernement, qui amélioreront les choses en profondeur.
  Repenser la psychiatrie, ses présupposés et ses pratiques est une exigence impérieuse et urgente.


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                  (*)      «... Il faut redonner des moyens supplémentaires à la psychiatrie, je crois que c’est évident pour tout le monde, insiste (d’ailleurs) Martine Wonner, députée et médecin psychiatre de profession, interrogée par Mediapart. Mais je crois aussi très fermement que cela ne suffit pas. Moi, je ne veux plus, à quelques exceptions près, financer un seul lit supplémentaire dans les hôpitaux. Il faut totalement transformer l’offre de soin. » Là encore, même si Caroline Fiat, aide-soignante de profession, diverge sur la rigueur d’un tel moratoire, les deux députées se rejoignent et plaident pour un virage ambulatoire sévère, en réorientant à moyen terme 80 % des professionnels sur l’ambulatoire d'ici 2030.       Le rapport va encore plus loin et propose d’en finir avec l’organisation historique de la psychiatrie depuis les années 1960. À cette époque, pour sortir de la logique asilaire et ouvrir les malades vers la cité, l’institution psychiatrique se divise en « secteur », crée des équipes d’infirmiers extra-hospitalières, des structures d’accueil pluridisciplinaires en ville (comme les CMP, centres médico-psychologiques), le tout tournant autour de l’axe central que reste l’hôpital psychiatrique public. Chaque secteur correspond à un bassin de population.    Les deux rapporteuses, constatant l’échec d’un tel modèle, plaident pour réduire le « mille-feuille » des structures, et pour une offre de soin tissée « autour du patient », où il aurait « le libre choix ». Pour y parvenir, Martine Wonner assure miser sur un changement du mode de financement (acté par la ministre de la santé pour janvier 2020) en dotant davantage le médico-social, tout en forçant un peu la main aux établissements lucratifs. « Sans parler de contraindre, parce que je n'aime pas ce mot, on peut, par le biais du financement par la sécurité sociale, demander aux cliniques psychiatriques privées de participer à un soin de proximité, ou aux médecins de prendre tout type de malades en charge, de faire du soin d’urgence », explique la députée LREM. L’État, en la matière, doit être régulateur, assume le rapport, pour faire participer tous les acteurs à la « permanence des soins »....

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