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mercredi 8 juillet 2020

Une Europe chamboulée

Rééquilibrer les priorités budgétaires
                   L'urgence, malgré Karlsruhe.  Seulement sauver les meubles?
                                              Point de vue:
                                                               "...Merkel et Macron, la chancelière allemande et le président français, étaient réunis lundi 29 juin au soir au château de Meseberg en banlieue de Berlin pour une dernière séance de travail avant le démarrage, mercredi 1er juillet, de la présidence allemande de l’Union européenne. "Nous sommes arrivés à un moment de vérité pour l'Europe. Et avec cet engagement franco-allemand résolu, nous pouvons en faire un moment de succès", expliquait pour sa part Emmanuel Macron pendant que sa pragmatique voisine précisait que "nous espérons que nous pourrons trouver une solution, même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir".
   
 La rencontre était bien sûr destinée à montrer qu’en ces temps de crise hors norme, l’attelage formé par les deux poids-lourds de l’UE, le "moteur de l’Europe", est de retour. Mais ce rendez-vous de travail aux multiples sujets illustrait aussi à quel point le programme de la présidence allemande va être lourd à gérer. L’expérience et les qualités stratégiques de la chancelière ne seront pas de trop pour cimenter un socle européen très lézardé.
        "La pandémie de coronavirus a bouleversé notre monde, tout comme les plans de la présidence allemande", prévenait déjà la chancelière allemande à la fin mai. Et ce n’est pas peu dire. Avant la pandémie, les thèmes prioritaires étaient la réorganisation du budget de l’Union après le Brexit, mais aussi un grand pacte écologique, une redéfinition de la politique migratoire européenne ou encore un plan pour préparer l’Europe à la numérisation.
      Cet agenda a été définitivement chamboulé", insiste Claire Demesmay, directrice du "Programme France/Allemagne" pour le think tank public berlinois DGAP (Société allemande de politique étrangère). Pour cette experte des questions européennes, les priorités de la présidence sont tournées vers le futur de l’UE et sont davantage dictées par l’urgence : "La première chose qui s’impose est une réponse européenne à la crise économique et sociale, via la mise au point du fonds d’aide proposé par la France et l’Allemagne."
     "La pandémie de coronavirus a bouleversé notre monde, tout comme les plans de la présidence allemande", prévenait déjà la chancelière allemande à la fin mai. Et ce n’est pas peu dire. Avant la pandémie, les thèmes prioritaires étaient la réorganisation du budget de l’Union après le Brexit, mais aussi un grand pacte écologique, une redéfinition de la politique migratoire européenne ou encore un plan pour préparer l’Europe à la numérisation.
    "Cet agenda a été définitivement chamboulé", insiste Claire Demesmay, directrice du "Programme France/Allemagne" pour le think tank public berlinois DGAP (Société allemande de politique étrangère). Pour cette experte des questions européennes, les priorités de la présidence sont tournées vers le futur de l’UE et sont davantage dictées par l’urgence : "La première chose qui s’impose est une réponse européenne à la crise économique et sociale, via la mise au point du fonds d’aide proposé par la France et l’Allemagne."
    La création de ce fonds de 500 milliards d’euros se négociera lors du Sommet européen des 17 et 18 juillet. Il permettra de distribuer des prêts, mais aussi des subventions aux pays les plus affectés par la crise. "C’est entre autres dans le choix des aides que l’on devrait lire les inflexions européennes en faveur de l’environnement ou de la numérisation de l’économie", estime Mme Demesmay. Proposé par la France, l’Italie et l’Espagne, il sera financé sur la base d’une dette commune qui sera remboursée - et c’est la nouveauté - non pas par le pays bénéficiaire, mais par la communauté des Etats.
    L’idée a été rendue possible grâce au soutien de l’Allemagne qui a accepté pour la première fois de son histoire, le 18 mais, un financement selon le principe de la mutualisation des dettes. "Que les Français et les Européens ne se trompent cependant pas. Rien ne dit que ce revirement allemand s’inscrira dans la durée. Berlin a accepté ce principe budgétaire parce que la situation est exceptionnelle et que le fonds n’est pas un mécanisme permanent", assène la chercheuse de la DGAP.
     "Au-delà de la question du fonds, pour laquelle il faut encore gagner l’adhésion de l’Autriche, des Pays-Bas, du Danemark et de la Suède, la présidence allemande va s’atteler à des dossiers imposés par le calendrier. Les impératifs sont d’une part la négociation avec la Grande-Bretagne sur les conditions du Brexit, et d’autre part la négociation sur le futur budget septennal de l’Union européenne. Et ça, cela va être un véritable casse-tête", prévient Mme Demesmay.
    Alors que la récession actuelle creuse les budgets nationaux, le départ des Britanniques va en effet créer un trou de près de 84 milliards d’euros sur 7 ans (2021-2027). "Il faut donc rééquilibrer les priorités budgétaires et les cotisations des Etats membres. Or, les Français et les Polonais ne veulent pas toucher à la politique agricole. Quant à l’Espagne et l’Italie, elles tiennent absolument à augmenter l’enveloppe de la politique migratoire, entre autres blocages. Il faudra aussi renégocier les rabais budgétaires dont profitent les Pays-Bas ou même l’Allemagne. C’est un dossier sans consensus", souligne Claire Demesmay.
    Une fois les questions financières évoquées, que reste-t-il au programme de la présidence allemande ? Il y a bien les dossiers internationaux. Mais pour les relations transatlantiques, tout le monde attend le résultat des élections américaines. Quant au dossier chinois, la réunion UE-Chine prévue pour septembre a été annulée. Berlin espère donc, au mieux, aboutir à une prise de position commune face à Pékin, mais pas plus. "Bien sûr, il y a la politique migratoire, un dossier en souffrance depuis 5 ans. Mais les divergences sont profondes et ce n’est clairement pas la priorité d’un certain nombre de gouvernements européens. La Commission européenne avait annoncé des propositions sur le sujet, on les attend toujours. C’est bien un signe qu’il ne faut pas espérer de grandes avancées sur le sujet", objecte la chercheuse, qui n’attend aucune vraie avancée sur ce dernier dossier.
    Face à cette jungle de "méga-dossiers", une question plus prosaïque se pose à l’occasion du Sommet européen, le premier sommet physique après la pandémie, mais toujours avec un impératif de distanciation sociale. Rien n’a été vraiment prévu pour un tel cas de figure. Ainsi, les salles de la Commission ne sont pas prêtes à recevoir des délégations importantes où chaque membre doit se tenir à 1,5 mètre des autres. Qu’adviendra-t-il alors de la fameuse diplomatie du confessionnal, chère à Merkel, et des multiples discussions parallèles nécessaires pour tisser les compromis européen..."
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