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lundi 20 septembre 2021

Souffrance au travail

Il y a le travail et les conditions dans lesquelles il s'exerce.

                              On en parle peu. Mais elle existe bien, dans certaines activités professionnelles plus que dans d'autres, sporadiquement ou de manière prolongée     Certaines formes de management favorisent la souffrance au travail par les pressions qu'elles exercent, souvent insidieusement, sans caractères visibles en apparence. Les diverses formes de précarité montante y participent. Elles se masquent souvent derrière un détournement de langage assez insidieux, " une certaine "duperie lexicale, qui consiste à subtiliser et détourner des mots à connotation positive, comme « résilience », « care » ou « bienveillance » (des patrons avaient même osé une tribune appelant les entreprises au « capitalisme bienveillant », à lire - ou pas - dans Les Échos), est « devenue l’un des meilleurs chevaux de Troie de la logique néolibérale », selon Marwen Belkaid.   Évoquant cette récupération de la bienveillance par les dominants et l'inégalable puissance de corrosion des mots – et des idées qu’ils embrassent – qu’est le capitalisme, l’auteur décrit avec précision combien cette injonction de douceur faite aux salariés vêtit l’exploitation et l’aliénation d’atours respectables illusoires. Le mantra de la bienveillance agit comme une force de neutralisation des rapports de force et de la conflictualité au sein des entreprises. « Ne pas trop réclamer pour ne pas mettre en danger l’entreprise et donc des emplois ? Bienveillance. Accepter de subir sans broncher le management toxique présent dans certaines entreprises ? Bienveillance évidemment. » En oblitérant les rapports de domination, alors même que la « violence » issue des travailleurs est toujours dénoncée, ce travail d’aseptisation « est avant tout une manière d’anesthésier les luttes, voire de les tuer dans l’œuf. »                     ___ Un lourd dossier tournant autour de la souffrance au travail, qui déboucha sur de nombreux drames.

    C'était l'époque où France Télécom voulait à marche forcée se transformer en Orange, avec reconversions brutale
et exigences de résultats immédiats, dans le plus pur esprit du  new public management en vogue à l'époque, où on ne jurait que par la privatisation, dans l'esprit du plus pur libéralisme actionnarial.
   La fin d'un procès qui a trop duré et scandaleusement indulgent ne représente pas la fin du problème, celui de la souffrance au travail, qui ne se manifeste pas toujours de cette manière et qui affecte bien des secteurs d'activité et ce depuis longtemps, avec accélération dans les années 1990.
               "...Aujourd’hui, le nombre et la part des troubles psychosociaux dans les accidents du travail est en constante augmentation. Il paraît dès lors délicat de parler d’une époque révolue en ce qui concerne France Télécom et son management. Plus que des hommes, le procès France Télécom condamne un management borgne, focalisé sur l’intérêt unique de l’actionnaire. Il condamne également une réification par le management de l’humain, devenu simple objet qu’il faut gérer dans le processus de création de valeur. Pourtant, malgré l’ambition de ce premier jugement, il n’est pas garanti que les pratiques changent..."
          Au coeur du débat sur les retraites revient en surface la question de la pénibilité du travail. Une question difficile à analyser et à mesurer avec précision.
   La peine accompagne toujours plus ou moins toute activité laborieuse non choisie, la pénibilité fait partie intrinsèquement de certains métiers manuels, mais aussi intellectuels. Mais le stress intense et durable est un aspect bien connu, pouvant conduire l'individu au pire. A l'atelier comme à l'hôpital.
   Mais la souffrance au travail  n'est pas inéluctable. Elle dépend de conditions diverses qui peuvent être évitées ou changées, de facteurs organisationnels dépendant d'un type de production, pas seulement de simples rapports humains.      Il n'y a pas là de fatalité. L'absurde n'est pas une donnée intrinsèque du travail.
      La question de l' évaluation, telle qu'elle est pensée et menée renforce les pressions de toutes sortes, en devenant souvent contre-productive.
  Le problème n'est pas nouveau. Il devient même croissant, en tendant à se généraliser. Malgré la législation récente ici ou là, quand elle peut s'exercer.
           Mais il prend des formes nouvelles suivant les types de tâche et d'organisation du travail.
                 Gagner sa vie, ce peut être aussi la perdre physiquement, brutalement ou à petit feu, comme le montrait le document diffusé mardi soir sur France 5.

   L'activité de traitement ou de transformation de certains produits, de certaines matières, surtout sans précaution,  engendre des effets dévastateurs sur l'organisme, comme pour l'amiante, de triste mémoire. Mais il y en d'autres...

  Les formes de travail changent selon les activités et les relations dans la production.
   Le travail dit de force, les tâches traditionnelles de type  fordien régressent, mais les tâches répétitives sont à l'origine de nombreux troubles musculo-squelettiques.
    La souffrance psychologique et morale tient une place moins spectaculaire, mais elle n'en n'est pas moins réelle, avec le développement des nouvelles méthodes de gestion où l'obsession de compétitivité devient la règle, où la vitesse devient la norme, dans un nouveau cadre technique où la machine numérisée et ses algorithmes donnent le ton et le rythme, où la qualité des relations humaines souffrent d'une mise en concurrence systématique et génère parfois isolement et culpabilité, qu'on a pu appeler souffrance éthique.
    Depuis les travaux de Dejours, il a été montré que ces maux n'avaient rien de médical.
On parle toujours de burn-out  , mais aussi de bore-out.
      Il n'y a pas que le management brutal qui reste d'actualité.
La perte de sens dans le travail a des incidence sur la manière dont l'individu se juge, s'apprécie.
    La gestion par le stress, voulue ou non directement intentionnelle, reste une pratique connue, elle a fait des dégâts à France-Télecom. Mais pas seulement, et pas seulement hier.
         
 


    Depuis les travaux de Dejours, il a été montré que ces maux n'avaient rien de médical.
On parle toujours de burn-out  , mais aussi de bore-out.
      Il n'y a pas que le management brutal qui reste d'actualité.
La perte de sens dans le travail a des incidence sur la manière dont l'individu se juge, s'apprécie.
    La gestion par le stress, voulue ou non directement intentionnelle, reste une pratique connue, elle a fait des dégâts à France-Télecom. Mais pas seulement, et pas seulement hier.
          Le nouvel esprit du capitalisme , la mise en place d'une précarité de plus en plus grande, engendrant une crainte latente de déclassement ou de perte d'emploi,  le développement des tâches éclatées et souvent solitaires, la déstructuration de la vis sociale en général sont des éléments associés qui constituent la toile de fond de ces nouvelles formes de souffrances, qui peinent à s'avouer
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