dimanche 12 octobre 2025

Escapade

 See you soon!

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samedi 11 octobre 2025

Hommage

  Lhomme qui osa

         Destin passionné et histoire passionnelle

                     Une trajectoire exceptionnelle et une abolition à contre-courant

                            ________________________

En trois mots

__ Repli

__ Alarmant

__ Migration

__ Trumpinades

__ Peurs rentables

__ Jobs Apocalypse

    __ Anéantissement  >>        

__ Désinformation

__ Arme centrale?

__ Couleur de peau

__ Coût du cochon

__ Ecole des Fafs

__ Enquête interdite

__ Alliance brisée

__ Grande triche

__ Homme d'affaires

__ Achats impulsifs

__ Trump et la science

__ Cordon sanitaire

__ Nécessaire et superflu

__  Petit pot sympa pour les vrais potes

            __________ Google, Trump et le climat ________________

vendredi 10 octobre 2025

Du côté de Matignon

 

             Mais ouvaton?

                              Parlons de la situation...

                           Chant du cygne?

                                              Point de vue: " Macron ne peut pas gouverner avec son socle minoritaire, il veut écraser la gauche mais il n'assume pas encore ouvertement de gouverner avec le RN : l'hypothèse d'une dissolution pour obtenir une majorité d'extrême droite –

La journée du dimanche 5 octobre s'est terminée comme une sinistre farce. Celle du lundi 6 démarre par la phase terminale d'une crise de régime. Hier soir, Sébastien Lecornu, macroniste de la première heure, militariste forcené et issu des rangs sarkozystes annonçait, après trois semaines d'attente, son nouveau gouvernement : on prend les mêmes et on recommence. La quasi-totalité des ministres du gouvernement Bayrou était reconduits, avec quelques retours inattendus, comme l'épatant Bruno Le Maire surnommé « le renflement brun » : le pire Ministre de l'économie de l'histoire chargé de prendre la tête de l'armée française.
Cette annonce imposait une nouvelle fois la coalition macroniste-LR en dépit du bon sens. C'était une provocation sans issue. Rappelons le : le camp macroniste a perdu les élections législatives de 2022 et n'a jamais eu de majorité, il a lourdement perdu les élections européennes de 2024. Macron a organisé une dissolution de l'Assemblée en 2024, que son camp a à nouveau perdu. Et depuis un an, deux Premiers ministres sont tombés suite à des motions de censure. Malgré tout cela, Macron fait comme si le réel n'existait pas, et nomme exactement les mêmes têtes, en sachant parfaitement que cela ne passera pas. Dans quel but ?
Ce lundi 6 octobre, la France est donc à nouveau sans gouvernement. Sébastien Lecornu vient d'annoncer sa démission, immédiatement acceptée par le président. C'est le gouvernement le plus court de l'histoire : il a tenu une nuit. L'éphémère Premier ministre a prononcé un discours, où il dénonce les partis qui « continuent d’adopter une posture comme s’ils avaient tous la majorité absolue à l’Aassemblée nationale » et regrette que « la composition du gouvernement n’a pas été fluide et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans, parfois non sans lien, (…) avec la future élection présidentielle ».
Traduction : ses camarades de LR et en particulier Bruno Retailleau ont réclamé encore plus de pouvoir alors qu'ils font péniblement 5% des voix aux élections, pour imposer leur programme avant les présidentielles. Bruno Retailleau adopte une ligne néofasciste depuis sa nomination, en attaquant « l'Etat de droit », en multipliant les déclarations racistes, et même en entrant en confrontation interne avec Macron, par exemple sur la Palestine. Il a été reconduit à l'Intérieur, mais il en attendait encore plus.
En juin 2024, le pari de Macron était clair : dissoudre l'Assemblée Nationale dans l'espoir d'obtenir une victoire du RN, et ainsi de terminer son mandat en cohabitation avec l'extrême droite. Ce qui lui aurait permis d'accélérer sa politique autoritaire, ultra-libérale et pro-guerre. On le sait, son pari a échoué : la coalition du Nouveau Front Populaire est arrivée en tête. Cependant, il a toujours été impensable pour Macron de nommer la gauche, même la plus tiède, dans son gouvernement. Hors de question de céder un centimètre sur les questions sociales, pas même de proposer une taxe, même minuscule, sur la fortune de ses amis ultra-riches. C'est donc ce dogmatisme et ce non respect de résultats électoraux qui provoque la crise de régime en cours. Macron ne peut pas gouverner avec son minuscule socle, il veut écraser la gauche, mais il n'assume pas encore ouvertement de gouverner avec le RN. Il est désormais dos au mur.
Déjà, l'extrême droite réclame une dissolution, et on voit mal comment Macron pourrait la lui refuser. Il n'a pas d'autres choix, à moins de basculer dans un régime d'exception. Ou simplement de respecter le résultat des élections de 2024, mais on l'a vu, c'est exclu. Il est donc probable que dans les heures ou les jours à venir, le président dissolve l'Assemblée et convoque de nouvelles élections en urgence. Cela impliquerait trois semaines de campagne électorale horrible, avec des médias des milliardaires plus agressifs et diffamateurs que jamais contre la France Insoumise, une répression à un niveau maximal, et une omniprésence de l'extrême droite à l'écran.
Cette fois-ci, le désir de Macron d'une victoire du RN pourrait bien devenir réalité. En effet, le PS répète depuis des semaines sur tous les plateaux télé qu'il ne passera jamais d'accord électoral avec la FI. Sans coalition de gauche, le RN a de fortes chances d'augmenter son nombre de députés et d'arriver en tête. Ainsi, le président pourrait nommer un gouvernement d'extrême droite, au nom du « respect de la volonté populaire ».
Face à ce scénario catastrophe, la lutte est plus que jamais nécessaire. La séquence ouverte par le mouvement « Bloquons tout » a effrayé le gouvernement. Souvenez-vous : avant le 10 septembre, tout le pays retenait son souffle, le pouvoir était terrifié, et Bayrou avait même renoncé à son poste de Premier ministre pour tenter de calmer la colère générale.
Un mois a passé. Les directions syndicales ont récupéré l'agenda social et ont neutralisé le mouvement, une police ultra-violente a fait le reste. Maintenant que la situation est redevenue « sous contrôle », Macron recommence donc ses petites manœuvres tactiques. Seul un puissant mouvement parti de la base, incontrôlable, et proposant un horizon désirable à la population, peut encore empêcher le désastre annoncé. Macron doit tomber, et le régime avec lui..."
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Informer ou légitimer? (suite)

 Informer ou légitimer?  (suite)

        That is the question

                      Surtout à l'heure de la toujours plus grande concentration des médias, de plus en plus  aux mains des puissants intérêts, de la prolifération des fakes New, l'objectif de tout organe de presse est bien de "faire l'opinion", de l'accompagner, de l'informer, de la constituer aussi, de l 'ouvrir au monde de manière rigoureuse, ce qui n'exclut pas des lignes éditoriales variées s'assumant entièrement, mais en respectant la liberté des lecteurs, ses capacités de choix, de sélection de ses interprétations et le pluralisme politique. Un équilibre délicat et parfois compliqué à trouver, résultat d'une forme de journalisme qui se veut autant que possible objective (non partisane au sens étroit), honnête, ouverte et nuancée. Ce qui est pas une fonction sans difficultés ni écueils. L'objectivité ne peut être dans ce domaine que l'aboutissement d'efforts constants et collectifs. Ce ne peut être qu'un idéal, mais une exigence nécessaire, surtout à l'heure ou beaucoup se détournent de la presse d'opinion. 


                                       Aujourd'hui, une certaine presse (écrite ou non, de plus en plus concentrée, se donne surtout pour tâche de conditionner l'opinion, sur la base de choix éditoriaux extrêmes pas toujours clairement assumés, ne faisant pas mystère de ses choix politiques du moment, montant à l'assaut de l'opinion. La concentration est la règle, comme la manipulation des faits et la pression sur les jugements, mettant à mal les principes républicains et la fonction de journalistes, qui se démettent ou qui se soumettent....

Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, François Bayrou, Sébastien Lecornu, Rachida Dati, Édouard Philippe, Aurore Bergé, Catherine Vautrin, Sylvie Retailleau, Sarah El Haïry, Marc Fesneau, Christophe Béchu, Marlène Schiappa… On ne compte plus le nombre de figures de la majorité présidentielle, anciens ou actuels membres du gouvernement, qui se pressent chaque week-end dans les colonnes du Journal du dimanche, entre deux chroniques de Pascal Praud, trois éditoriaux de Charlotte d’Ornellas et une tribune de Marion Maréchal.    L’hebdomadaire d’extrême droite, dirigé depuis quelques mois par Geoffroy Lejeune, a même récemment recueilli les confidences diplomatiques d’Emmanuel Macron, parfaisant ainsi son entreprise de banalisation. La reprise en main brutale de Vincent Bolloré en juin 2023, les semaines de grève de l’ancienne rédaction, le départ contraint de dizaines de journalistes, la bataille culturelle assumée par les nouveaux dirigeants du titre, les fausses informations qui y sont parfois distillées… Plus rien ne dissuade le pouvoir d’alimenter le JDD. Bien au contraire.....Tout au début, pourtant, des voix s’étaient élevées contre la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache et le député Renaissance Karl Olive, qui s’étaient rués dans les pages des premiers numéros de la nouvelle formule. Sylvain Maillard, patron du groupe macroniste à l’Assemblée nationale, avait même demandé à ses troupes de ne pas s’exprimer dans l’hebdomadaire. Mais l’Élysée avait rapidement fait savoir qu’il n’était pas question de le boycotter et les rares scrupules des troupes présidentielles avaient disparu avec les derniers jours de l’été.   À la rentrée de septembre 2023, un ministre expliquait ainsi à Mediapart que « passé un délai de décence », tout le monde finirait par s’exprimer dans le JDD – ce qu’il a d’ailleurs lui-même fini par faire assez rapidement. Même la députée Renaissance Violette Spillebout, qui s’était pourtant mobilisée aux côtés des salarié·es en grève, a récemment réservé une exclusivité au journal – contactée, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions. De quoi rebooster légèrement un titre dont les ventes accusent un repli continu. Mais surtout permettre à son rédacteur en chef de se frotter les mains.       ___                                                                                                                                    Le JDD est donc venu compléter la liste des médias Bolloré auxquels les membres du gouvernement et de la majorité apportent régulièrement leur caution : C8, Paris Match, Europe 1 et évidemment CNews. En quelques années, la chaîne dirigée par Serge Nedjar a littéralement envahi les palais de la République, où elle est devenue un bruit de fond quotidien. « Avant, les télévisions qui sont allumées en continu à l’Élysée ou dans les ministères étaient surtout branchées sur BFM. Désormais, de plus en plus de gens mettent CNews », confirme un conseiller de l’exécutif.                                                                            Une position parfaitement assumée au plus haut niveau de l’État. « CNews, c’est la fabrique de l’opinion, affirme l’entourage du président de la République. Contrairement aux autres chaînes d’info, ils offrent un sens – en expliquant toute la journée que la France n’est plus la France – et une perspective – le retour de la France contre-révolutionnaire sur des valeurs catholiques ultratradis. » Et d’ajouter : « Ce qui est important, ce n’est pas le médium, mais le public. Si on regarde CNews, c’est d’abord pour savoir ce que pensent huit millions de Français. »       ___« Parler à tout le monde », « aller convaincre là où les gens vous écoutent », « toucher d’autres publics », « mener le combat sur le champ de bataille »… Depuis quelques années, les macronistes multiplient les formules pour justifier leur présence sur les antennes de Bolloré. Vivement critiqué après son passage dans l’émission de Cyril Hanouna, le député Renaissance Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête parlementaire sur la TNT, a d’ailleurs tenté de les recycler. « Je pense qu’il faut parler à tous les publics », a-t-il indiqué sur France Info.    ______________ Sous couvert de « pédagogie » à destination du public de « Touche pas à mon poste » (TPMP), « et notamment des plus jeunes », Quentin Bataillon a surtout participé au dévoiement des institutions en sortant totalement de son rôle et de la neutralité qu’il impose. L’épisode a déplu jusqu’à l’Élysée, qui n’a pourtant rien trouvé à redire, ces dernières années, au défilé de ministres dans l’émission de Cyril Hanouna. En 2019, Marlène Schiappa avait même coanimé une émission avec ce dernier, contribuant ainsi à sa légitimation dans le champ politique.    ____________Avec ses multiples passages sur CNews, ses tribunes dans le JDD ou encore sa nouvelle maison d’édition – elle vient de signer chez Fayard, désormais propriété du milliardaire breton –, l’ancienne ministre est devenue une grande habituée de la galaxie Bolloré. Elle ne manque d’ailleurs jamais une occasion de défendre celle-ci, comme récemment encore, toujours sur le plateau de Cyril Hanouna, où elle est venue dire tout le mal qu’elle pensait de certain·es député·es de la commission d’enquête.   _________En 2021, Marlène Schiappa avait même lancé dans l’atmosphère l’idée selon laquelle l’animateur préféré de Vincent Bolloré pourrait coanimer le débat d’entre-deux-tours de la présidentielle. Passé les rires, la proposition a l’air de rien cheminé dans les esprits. Car si Emmanuel Macron n’a jusqu’ici jamais répondu aux invitations de Cyril Hanouna, son entourage n’insulte plus l’avenir. « Désormais, c’est lui qui incarne la politique sur C8, je pense que la question doit être examinée », indique un conseiller.                                                                                                                 Avec le temps, les figures de la « Bollosphère » ont profité de leurs relais dans les cercles du pouvoir pour se rapprocher de son cœur. Comme le racontait Le Monde au mois de décembre, le milliardaire lui-même échange de nouveau avec Emmanuel Macron. Le 13 mars au soir, juste après son audition devant les parlementaires de la commission d’enquête sur la TNT, il était encore à l’Élysée pour la cérémonie de décoration du patron de LVMH, Bernard Arnault, élevé à la plus haute dignité de la Légion d’honneur par le président de la République.___Pascal Praud, autre animateur phare de la galaxie Bolloré, a lui aussi plusieurs fois textoté avec le chef de l’État. À l’Élysée, il échange régulièrement avec le conseiller mémoire Bruno Roger-Petit, qui fut par le passé l’un des chroniqueurs de son émission. Il est même arrivé que ce dernier mette sa conversation sur haut-parleur pour en faire profiter Brigitte Macron. Selon Le Monde, Pascal Praud, qui n’hésite jamais à fustiger le « système » tout haut, en a même profité pour s’excuser tout bas des « vilenies » qu’il distille à l’antenne contre son époux.                                                             Les bonnes relations entretenues au plus haut niveau de l’État avec les figures de la « Bollosphère » ont tout naturellement infusé le reste de l’écosystème macroniste, où chacun évite les critiques. Les rares personnalités à s’être ouvertement inquiétées de la bataille culturelle conduite par les médias du groupe l’ont d’ailleurs payé très cher. Ce fut notamment le cas de l’ancien ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye – qui avait affirmé que CNews « était clairement d’extrême droite » –, mais aussi de sa collègue Rima Abdul Malak.                                              Pour avoir simplement rappelé que les chaînes du groupe Bolloré étaient soumises, comme tous les diffuseurs, à des règles précises qu’elles ont plusieurs fois enfreintes ces dernières années, la ministre de la culture a fait l’objet d’une large campagne de dénigrement sur C8 et CNews. Et ce, sans recevoir de soutien en interne. Auditionnée en mars par la commission d’enquête parlementaire sur la TNT, elle a cependant estimé que lier son départ du gouvernement à ces prises de position relevait de « la politique fiction ».           Également cible de nombreuses attaques après ses propos sur CNews, Pap Ndiaye n’avait, lui non plus, pas franchement été soutenu par ses collègues. L’un d’entre eux, Stanislas Guerini, était même allé jusqu’à prendre ses distances ouvertement sur Europe 1 : « Si je pensais qu’Europe 1 était une radio d’extrême droite, je ne serais pas venu ce matin », avait-il déclaré. À l’époque, face à la virulence des attaques, le chef de l’État avait certes évoqué la liberté d’expression de son ministre, mais en prenant soin de ne rien dire sur le fond de sa prise de position.    _____Car dans l’écosystème macroniste, chacun est conscient des risques encourus par celles et ceux qui osent émettre une critique sur les médias Bolloré. Selon plusieurs sources au sein de la majorité présidentielle comme du gouvernement, beaucoup craignent d’être « boycottés » par ces derniers ou de souffrir à leur tour d’une « mauvaise presse ». Les éditoriaux ad hominem, les commentaires déplaisants ou les petites phrases glissées ici ou là… La machine peut rapidement se mettre en marche. « Il y a clairement une forme de peur », reconnaît un conseiller ministériel.Certains ont directement fait les frais de leur liberté d’expression, à l’instar du député Renaissance Christopher Weissberg, qui n’a jamais plus été invité sur CNews après y avoir critiqué en direct sa ligne éditoriale. « C’était en pleine grève des journalistes du JDD, se souvient-il. Je me suis dit que c’était l’occasion idéale d’aborder le sujet. Immédiatement, j’ai été attaqué et insulté par certaines personnes autour de la table. C’était dingue. » Après avoir saisi l’Arcom au sujet des propos tenus par Pascal Praud liant les punaises de lit à l’immigration (sortie qui lui a depuis valu une mise en garde du gendarme de l’audiovisuel), l’élu a également eu droit à quelques messages gratinés de l’animateur. _____Au début de son mandat, Christopher Weissberg a lui-même plusieurs fois participé à des émissions sur CNews. « Lorsque vous vous lancez, il n’y a pas beaucoup de formats politiques dans lesquels vous êtes invités régulièrement et qui vous permettent de vous exprimer un peu longuement », dit-il. Mais il a rapidement compris que l’exercice était vain, voire dangereux : « Comme Murdoch aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ce groupe puissant sert de tremplin à l’extrême droite, affirme le député Renaissance. On est en train de lui donner les clés. C’est une guerre culturelle qui se joue et on perd quasiment toutes les batailles idéologiques. »                                                                                                     Rares sont celles et ceux, au sein de la majorité présidentielle, à avoir pris conscience de ce danger. L’attrait pour la lumière, la volonté de parler au plus grand nombre, une forme de naïveté… Plusieurs raisons expliquent l’omniprésence des macronistes dans les médias Bolloré. Mais la principale est plus triviale encore. « Chez nous, certains pensent comme CNews, confie un cadre du parti présidentiel. Pour eux, c’est une chaîne de droite comme une autre. Ils ne voient pas pourquoi ils n’iraient pas sur ses plateaux alors qu’ils acceptent d’aller sur le service public qu’ils considèrent de gauche. »   ____Dans ce contexte de droitisation à l’infini, CNews et C8 sont devenus incontournables. Certains, comme Olivier Véran, ont longtemps refusé de s’y rendre, avant de radicalement changer d’avis. Pour justifier sa venue dans l’émission « Face à Baba » de Cyril Hanouna en janvier 2023, après des années à se targuer qu’il ne participerait jamais à ce type de format, l’ancien porte-parole du gouvernement avait recyclé la formule préférée de l’Élysée : « Il est important d’aller s’adresser à l’ensemble des Français qui regardent la télévision ou qui écoutent la radio. »                                                                                                                                                 Les mêmes arguments avaient déjà été invoqués dès l’automne 2019 lorsque le président de la République avait accordé un entretien-fleuve à Valeurs actuelles, alors sous la direction de Geoffroy Lejeune, pour parler immigration, sécurité et identité. L’épisode était très vite apparu comme l’un des tournants du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Une entrée fracassante dans l’ère du confusionnisme macroniste où tout se vaut et où rien n’est grave. Depuis lors, et malgré ses dénégations, le pouvoir a largement contribué à la contamination du débat public par l’extrême droite.  Car contrairement à ce que prétendent celles et ceux qui estiment nécessaire de « mener le combat sur le champ de bataille », les membres du gouvernement et de la majorité qui regardent en boucle les chaînes du groupe Bolloré et s’y expriment souvent n’y mènent aucune offensive. Convaincus que les questions de Pascal Praud, Cyril Hanouna ou Sonia Mabrouk reflètent une grande partie de l’opinion française, ils viennent au contraire valider leurs obsessions. Et normalisent, dans le même temps, leur entreprise de désinformation. " [Ellen Salvi _ Merci à Mediapart   ___________________________

jeudi 9 octobre 2025

Quand un pays se sur-militarise

 Une histoire spécifique

           La sur-militarisation et ses dérives

                                       Un éclairage historique.    Une super-Sparte?



   

La"   La destruction de Gaza et de son peuple n’est pas qu’un projet politique. C’est aussi un projet économique, comme l’a confirmé la proposition de « plan de paix » de Donald Trump et Benyamin Nétanyahou, qui reprend l’idée d’un « Dubaï de la Méditerranée ».    _____Les racines économiques de la tragédie actuelle sont souvent occultées derrière les discours idéologiques, ou dans les analyses d’économistes ou d’institutions internationales comme l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), se félicitant de la « résilience » de l’économie israélienne, ou voyant comme principal problème les défauts du système éducatif. Or, si l’économie ne constitue pas la cause unique ni même principale des événements actuels, son rôle ne saurait être négligé.

   Pour le comprendre, il faut avoir en tête que l’économie israélienne est une des plus militarisées du monde. Par ce terme, on entend recouper plusieurs réalités qui toutes, cependant, confèrent à l’armée un rôle économique central.                                           En proportion du produit intérieur brut (PIB), Israël était déjà, avant la guerre débutée en 2023, un des pays où les dépenses militaires sont les plus élevées. Selon les données de la Banque mondiale, Israël consacrait l’équivalent de 4,5 % de son PIB en 2022 aux dépenses militaires. Un chiffre plus de deux fois supérieur à celui de la France, mais exceptionnellement bas pour Israël : entre 2010 et 2021, la proportion évoluait en effet entre 5 et 6 % du PIB.                                                                      Si, selon cet indicateur, Israël a été dépassé en 2022 par la Russie, en raison de l’invasion de l’Ukraine à grande échelle, il reste un des pays qui dépensent le plus en matière militaire. En 2022, l’Iran dépensait 2,1 % de son PIB dans l’armée, et les États-Unis 3,4 %. L’État hébreu était alors le douzième pays du monde en termes de dépenses militaires rapportées à sa richesse nationale.     Bien sûr, ce niveau de dépenses peut être justifié par la situation sécuritaire du pays. Mais ce qui compte, ici, c’est la centralité de ces dépenses dans le modèle économique israélien.                              L’analyse pourrait paraître contre-intuitive. Au moment de la guerre du Kippour, en octobre 1973, les dépenses militaires atteignaient jusqu’à 35 % du PIB israélien. Il en a résulté une crise inflationniste qui a conduit, en 1985, à un « plan de stabilisation » faisant entrer Israël dans l’ère des politiques néolibérales. Depuis, la proportion des dépenses militaires au regard du PIB n’a cessé de reculer.                     L’économie israélienne ne s’est pas pour autant libérée de sa dépendance à la dépense militaire. Dans un ouvrage publié en 2018, The Israeli Path to Neoliberalism (« La voie israélienne vers le libéralisme », Routledge, non traduit), Arie Krampf rappelle qu’à la fin des années 1980, l’armée est devenue « un groupe d’intérêt puissant non seulement en raison de sa taille, mais aussi de sa position stratégique et de son importance perçue par les politiques et l’opinion publique ». Cette position n’a pas changé sur le fond, mais sur la forme.                                                         Au milieu des années 1980, l’État n’est plus capable de porter seul le poids de cette centralité de l’armée. Il a perdu l’équilibre entre « le poids de la sécurité et le maintien d’une économie forte », résume Arie Krampf. L’armée capte alors trop de ressources. Le problème principal des dépenses militaires stricto sensu est leur caractère profondément improductif : leur « consommation » est finale et ne participe pas, en elle-même, à améliorer l’outil productif général du pays. En d’autres termes, l’armée a tendance à coûter cher et à rapporter peu, ce qui favorise l’inflation dans le reste de l’économie.                                                                                               Le financement des dépenses militaires doit donc dépendre d’autres secteurs. L’État décide alors de réduire le financement direct de l’armée, sans pour autant abandonner la militarisation de l’économie. Il s’agit pour Israël de rendre son industrie de défense, devenue une des plus importantes du monde, enfin productive.      Pour cela, les synergies entre l’armée et le secteur privé sont favorisées. Avec un objectif, développer des secteurs exportateurs forts qui permettent, en retour, de financer sans inflation les dépenses militaires.                                 Un nœud entre le secteur de la défense et celui de la technologie se met alors en place dans les années 1990. Le choix de cette spécialisation n’est pas le fruit du hasard : « C’est la technologie militaire qui a servi de précurseur direct à l’économie de la connaissance israélienne, car c’est la première industrie où des technologies innovantes ont été développées en Israël à grande échelle », résume David Rosenberg dans un ouvrage sur l’histoire de l’économie technologique israélienne, Israel’s Technology Economy (« L’économie de la tech en Israël », Palgrave Macmillan, 2018, non traduit).                C’est donc sans surprise que le secteur technologique israélien s’est fortement développé dans les années 1990 et 2000, dans des domaines très liés à la technologie militaire : télécommunication, sécurité, information. « Beaucoup de ces technologies ont leur origine dans des applications militaires, ce qui donne aux start-up israéliennes et à leurs dirigeants et militaires issus de l’armée un coup d’avance sur la compétition internationale », résume David Rosenberg. Il donne comme exemple le cas des technologies liées aux voitures autonomes, où de nombreuses entreprises israéliennes occupent une place décisive grâce aux transferts d’usage militaire et alors même qu’Israël n’a jamais disposé d’industrie automobile.                                                                                                            Dans les statistiques, cela a conduit à réduire le rôle économique direct de l’armée. Mais en réalité, l’économie israélienne est demeurée hautement militarisée. Ce qu’il s’est passé, c’est que l’État a réussi à transformer la priorité donnée à la défense en une source de croissance et non plus en un simple coût pour le budget de l’État. « La place critique des Forces de défense israéliennes [le nom officiel de l’armée – ndlr] dans la société israélienne n’est que partiellement rendue par les chiffres », appuie David Rosenberg.                                                                                                 L’auteur insiste, au-delà même des transferts croisés de technologies, sur ce qu’il appelle la « socialisation militaire », qui caractérise d’une manière très particulière le « capital intellectuel utilisé dans l’industrie high-tech ». Un chiffre l’illustre bien : en 2013, 89 % des employés israéliens du secteur étaient des vétérans de l’armée. Quand on sait que ces emplois sont, de loin, les mieux payés du pays, on comprend mieux la profondeur de ce nœud techno-militaire dans l’économie israélienne : l’armée fournit technologies et main-d’œuvre à un secteur qui finance largement la défense et ses vétérans.                Avec ce nouveau modèle, l’économie israélienne est devenue, du moins en apparence, une des plus dynamiques du monde occidental. Mais ce phénomène a conduit à la création d’une économie duale. En parallèle d’un secteur technologique très productif et lié à l’armée, représentant 15 % du PIB, le reste de l’économie est caractérisé par une très faible productivité. Le niveau global de productivité du pays est ainsi inférieur de 6,7 % à la moyenne des pays de l’OCDE.                     Faiblement productifs, les secteurs traditionnels ne peuvent pas fournir de salaires aussi élevés que ceux du secteur technologique. Ainsi, entre 2012 et 2022, ces derniers ont progressé de plus de 50 %, contre moins de 30 % pour le reste du secteur privé. Et de fait, Israël est un des pays les plus inégalitaires de l’OCDE, juste derrière les États-Unis. Ce qui a de nombreuses conséquences.       D’abord, l’économie intérieure israélienne doit, pour être rentable, se concentrer sur la rente et le monopole. C’est une économie qui se révèle très concentrée, et dont l’un des principaux moteurs est la bulle immobilière.              Ensuite, les salaires réels hors high-tech sont sous tension : les travailleurs et travailleuses subissent le double effet des monopoles et de la hausse des prix poussée par les hauts salaires de la tech. Pour combattre le mécontentement qu’une telle situation ne peut manquer de créer, la réponse est naturellement celle du nationalisme. Une rhétorique à la fois identitaire et sécuritaire justifie ainsi les sacrifices mais aussi la centralité de l’armée dans la société.                                                                                                                                                    Cette économie politique particulière, qu’Arie Krampf baptise le « néolibéralisme faucon » (« hawkish neoliberalism »), reste donc dominée par la militarisation de la société. Or, même si Israël prétend avoir pu rendre productif le secteur de la défense, un tel mode de développement a des conséquences concrètes. Si l’armée reste centrale dans le modèle économique du pays, il faut qu’elle soit « utile » et qu’elle puisse être active pour jouer son rôle de « terrain d’essai » pour les technologies.                                          C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’accélération de la colonisation de la Cisjordanie, qui permet à la fois d’entretenir le nationalisme, d’offrir à certains une issue à la société inégalitaire, et de maintenir l’armée sur le pied de guerre. Une solution de paix conduirait en effet à des problèmes majeurs pour l’économie politique israélienne telle qu’elle s’est construite depuis le milieu des années 1990. Sans une armée active, la dynamique technologique peinerait à se maintenir, alors même que le reste de l’économie israélienne est trop peu productif et donc trop peu compétitif.                   Non seulement Israël reste lié par des dépenses militaires relativement élevées, qui conduisent à la constitution de stocks qu’il faut en permanence chercher à renouveler pour rendre la production militaire rentable, mais la partie productive de la militarisation reste hautement dépendante de l’activité militaire.                Aussi, lorsque le massacre du 7-Octobre est intervenu en 2023, la réponse a été logiquement disproportionnée. Le conflit visant à l’annihilation de Gaza et d’une partie de sa population a permis de relancer l’activité militaire avec l’espoir, à peine dissimulé, que cela pourrait soutenir la croissance du secteur technologique.                                                                                                                      En juillet, l’agence Reuters soulignait combien de nombreux réservistes revenaient du front de Gaza avec de nouvelles connaissances et en faisaient bénéficier des entreprises attirant les investisseurs internationaux. Avi Hasson, du think tank Startup Nation Central, affirme alors que le mouvement lui rappelle la « révolution technologique d’il y a vingt ans », qui avait débouché sur la naissance des smartphones.                   D’autres ne cachaient pas non plus que la guerre favoriserait la performance à l’exportation du secteur de la défense israélien qui, en 2024, a atteint le chiffre record de 14,8 milliards de dollars, pour moitié dirigé vers l’Europe. C’est un élément clé, alors que les États européens s’engagent dans une politique de réarmement. « À la fin, quand une partie achète, ce qu’elle veut, c’est le meilleur produit possible », résume à Reuters Yair Kulas, un officiel du ministère de la défense israélien. Et quoi de mieux qu’une guerre pour prouver que ses armes sont « les meilleures » ?                                                                                                                            Le massacre de Gaza a donc été accompagné d’un déploiement technologique majeur, notamment avec l’usage de l’intelligence artificielle. De même, la destruction des bipers du Hezbollah en septembre 2024 a aussi eu pour fonction d’appuyer la capacité d’innovation et l’avance technologique de l’armée israélienne.   La guerre n’est pas un accident de parcours malheureux pour l’économie israélienne, c’est un moyen de favoriser le modèle économique du pays. Au reste, dans ce cas, le secteur technologique n’est qu’une des données du problème. La destruction de Gaza vise également à soutenir d’autres secteurs, notamment celui de la construction, qui était en crise depuis la pandémie du covid, avec les projets pharaoniques proposés par Tel-Aviv et Washington.             Ce que les économistes appellent la « résilience » de l’économie israélienne n’est que le fruit de l’intégration de la guerre dans son mode de fonctionnement. Ainsi, la croissance de 2023 et 2024 s’appuie sur les dépenses militaires très largement financées par les exportations de services technologiques.                                                                                                                         Le cas israélien doit alerter les opinions publiques occidentales. Bien sûr, la situation de cet État est particulière et explique en grande partie la centralité de l’armée dans son modèle économique. Et bien sûr, cette question économique n’épuise pas les autres causes du génocide en cours. Mais la situation du pays rappelle aussi qu’on ne peut pas innocemment construire une « économie de guerre ».

Celles et ceux qui s’enthousiasment sur le réarmement de l’Europe comme moyen de relancer son économie devraient y regarder de plus près. Lorsque le secteur de la défense devient un moyen central, directement ou indirectement, de favoriser l’accumulation du capital, l’économie devient dépendante de la guerre, qui devient indispensable pour faire la promotion des armes à l’exportation, renouveler le stock existant et stimuler « l’innovation ». [Romaric Godin]  ______________


Varia

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__ Paix à reculons

__ Société fracturée

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__ Un complot américain

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                   ______________ Revue de presse _________