"LA RUEE VERS L'OUEST..." (suite)
Quand la Roumanie fait appel aux ouvriers chinois. L'"effet domino"...
Dans un précédent article (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17217) , j'avais essayé de mettre en évidence un phénomène européen que certains économistes ont baptisé "la ruée vers l'Ouest". Du fait de la faiblesse des salaires de leurs pays, des travailleurs de certains pays d'Europe orientale sont amenés à se déplacer , légalement ou non, vers d'autres pays plus à l'Ouest pour y chercher des conditions d'emploi et de rémunération plus acceptables. C'est l'appel d'air bien connu, qui fait que, après les débats sur le "plombier polonais", l'ouvrier ukrainien vient combler le déficit de la main d'oeuvre de la Pologne, qui maintenant manque de bras dans certains domaines, comme le bâtiment.
Aujourd'hui, il est question d'ouvriers chinois qui sont sollicités par les autorités roumaines pour pallier au manque de main-d'oeuvre dans des secteurs comme le textile, le bâtiment, l'agriculture même....alors que beaucoup de Roumains vont chercher en UK ou en Espagne des salaires plus attractifs. Il y en aurait environ trois millions travaillant sans visa en hors de leurs frontières.Par exemple environ 200000 maçons travaillent à l’étranger ; or, il en faudrait 50000 pour assurer le développement de l’immobilier en Roumanie, dans les années qui viennent.Les salaires de ce pays sont parmi les plus bas d’Europe orientale.Dans certaines branches , on trouve encore des rémunération à un euro l’heure.Certains secteurs deviennent désertés : des institutrices,des infirmières partent en Espagne et en Italie, créant ainsi des situations difficilement gérables, abandonnant parfois pour plusieurs années leurs jeunes enfants à la famille proche…
Pour l'instant, environ 3000 Chinois travaillent légalement en Roumanie, mais on en attend beaucoup d'autres, car l'économie de ce pays connaît un développement assez soutenu , une croissance d'environ 8% depuis quelques années (développement des infrastructures, implantations d’entreprises délocalisées de l’Ouest ). Attirées par les conditions salariales exceptionnelles, beaucoup d’entreprises investissent actuellement en Roumanie, comme les groupes français Renault, Carrefour,Veolia ,Michelin..Il faut savoir que les ouvriers chinois sont payés en moyenne 100 euros, alors que le salaire roumain tourne autour de 300 ; par exemple, les jeunes chinoises qui travaillent dans le textile à Bacau, chez Wear Company par exemple.
On comprend que le mouvement n'est pas près de s'arrêter, car le vivier chinois est quasiment inépuisable et que les patrons roumains sont très demandeurs. Maria Grappini, présidente de la Fédération patronale de l'industrie textile déclarait:" Cette année, le marché du travail a été libéralisé et la main-d'oeuvre roumaine est partie à l'étranger. Nous allons donc devoir faire face à une véritable crise d'ouvriers" (Le Monde).
Mais ces ouvriers ne se montrent pas aussi dociles qu'espérés.Il y a déjà eu des mouvements de grève à Bacau.Des ouvrières chinoises réclamaient des augmentations de salaire.Avec le temps, elles prennent conscience de leur véritable statut par simple comparaison avec la main-d’œuvre d’origine locale, même si au début elles jugeaient leur sort enviable par rapport à leurs conditions initiales en Chine.
Comment les choses vont-elles évoluer, quand la paysannerie roumaine, encore très archaïque ,va se moderniser et libérer de nouveaux bras disponibles pour l’industrie et les services ?.Le taux officiel de 5/6 % de chômage masque une situation qui pourrait bien se modifier rapidement avec la modernisation des campagnes à marche forcée et entraîner une remise en question de la présence des ouvriers chinois sur le sol roumain…
ZEN
Documentation :
Mirel Bran : Le Monde (21 juin 2007)
http://www.newropeans-magazine.org/index.php?option=com_content&task=view&id=3905&Itemid=121
http://www.francophonie-roumanie-2006.info/nouvel_observateur.htm
http://fr.novopress.info/?p=8764
Article publié le 6/8/07
(http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=27584)
Excellent article, cher Marcel.
RépondreSupprimerNouveau proverbe: on est toujours le Chinois de quelqu'un...
Amicalement
Bonsoir Zen !
RépondreSupprimerTrès bel article qui fait suite au précedent que j'ai apprécié aussi. Merci.
Il pourrait susciter un vrai débat de fond et sur le déplacement et transfert de la main d’œuvre européenne à faible coût, moins riches vers plus riches… et sur l’offensive que mène la Chine partout et pas seulement en Europe. En Afrique, par exemple.
J’ai lu récemment un article sur l’Algérie. Une main d’œuvre chinoise massive arrive depuis un certain temps en Algérie qui, pour booster le marché de l’emploi local, lance de grands projets de construction : logements, barrages, ports, routes…Sans oublier le secteur des hydrocarbures.
(Sourire) :-)...car:
La majorité des ces grands chantiers de construction ont ainsi été “raflés” par les 18 groupes chinois du bâtiment et des travaux publics (BTP) présents en Algérie, dont le géant public China State Construction & Engineering Corporation (CSCEC).
Et la main-d’œuvre employée par ces grands groupes est en effet importée de Chine au grand dam de nombreux hommes politiques qui ne comprennent pas que l’on fasse appel à une main- d’œuvre étrangère, alors que le pays souffre d’un taux de chômage important ! Un vrai paradoxe ?! Qu'en penses-tu ?
Bien amicalement à toi,
Nono