"Votre capital-santé m'intéresse.."
(Monde -Diplo:janvier 2008):l'obligation de santé comme enjeu économique.
"Théorisée par F.Ewald et D.Kessler (Medef) sous les noms ronflants de "risquologie"(la théorie du risque comme" dernier lien social") et de"principe de précaution", la détection systématique de toutes les conduites à risques et l'approche qui la sous-tend en termes de maximisation et d'amortissement de soi ont investi peu à peu toutes les régions de l'existence qui en étaient restées indemnes. Car il faut désormais prévenir la panne sexuelle, organiser ses vacances comme un ressourcement optimal, coller à une diététique de la vie saine, où à la nouvelle biopolitique de la minceur, ...la santé comme vecteur d'optimisation de l'individu, c'est à dire avant tout de sa force de travail...Les Echos:"Les entreprises veulent des ouvriers en forme"... Les entreprises les plus innovantes se font les champions de la moralisation des attitudes, des conduites à risques...encouragent les bilans de santé,récompensent les employés les plus soucieux de leur santé (prix Axa-santé) et même aux US pénalisent les salariés récalcitrants "en cas d'objectif pondéral non atteint (Clarian Health Partners)...." (F. Cusset)
"Bonjour, comment va votre capital santé ?" ...C'est ainsi que maintenant je salue toutes les connaissances,car si la santé est importante , capitale (..et"surtout la santé" souhaite-t-on au Nouvel An), elle est devenue un capital , une source de profits possibles ... Notre corps n'est pas seulement un élément essentiel de notre identité,une face indissoluble de notre moi, notre "corps-propre", mais aussi un aspect qui peut être représenté, distancié,objectivé,soumis à la connaissance scientifique et à la manipulation technique (chirurgicale,....)
Nous vivons une époque formidable. Notre corps est devenu l'objet d'attentions multiples de la part d'intérêts qui nous dépassent , intérêts légitimes, dans le cadre de la santé publique, intérêts plus discutables de la part de ceux qui y voient une source de profits possibles :les firmes pharmaceutiques, les professionnels de la mise en forme et du culte du corps, les chirurgiens-plasticiens, les managers de sport de haut niveau et de la mode, les marchands de "compléments alimentaires", les assurances de toutes sortes,les mutuelles privées et surtout les banques, qui voudraient avoir le contrôle d'un secteur si juteux...Notre santé est donc bien UN capital...
Comment résister à cette dérive capitalistique , qui contribue aussi à façonner notre image du corps, nos normes esthétiques, notre estime de nous-mêmes, notre image du bonheur..?
"...Depuis les lois de 2002 et 2004, les associations de malades ont continué de mener bataille : droit à l'assurance pour les personnes ayant un risque aggravé, franchises médicales, droit de masquage d'informations confidentielles dans le futur dossier médical personnel (DMP)..
Devenues une force majeure, elles ont aussi été courtisées par l'industrie pharmaceutique. Les plus grands laboratoires internationaux (Pfizer, GlaxoSmithKline, Eli-Lilly,...) ont recherché des partenariats et offert leur soutien à ces structures. Mais c'est le maintien de l'indépendance des associations à l'égard des intérêts privés ou institutionnels qui leur permettra de continuer à jouer le rôle indispensable qu'elles ont tenu ces dernières années."(P.Benkimoun)
Assurance santé,( Axa veille sur vous...)
Se former au profit de l'industrie pharmaceutiqueSelon l' IGAS, les laboratoires déploient des moyens démesurés:3 milliards d'euros pour la promotion des médicaments (12% du chiffre d'affaires). Les 3/4 vont aux visites médicales (=25000euros par généraliste et par an.22702 visiteurs médicaux sur le terrain). Chaque médecin reçoit en moyenne 330 visites par an. Un tiers d'entre eux accueille plus de 7 visites par semaine d'une durée de 8 minutes environ. But : quadriller le territoire avec une stratégie promotionnelle, plus persuasive qu'informative...
----------------"Même le Sénat s'est inquiété de létat de dépendance de la médecine française face aux multinationales pharmaceutiques, qui ont tous les pouvoirs en France, sans aucun contrôle. Face à cette emprise tentaculaire, il y a des réactions qui méritent qu 'on en parle et qu'on les soutienne. Le mouvement FORMINDEP , lancé par des médecin, pour que la médecine serve l'intérêt du patient, pas celui financier et commercial des laboratoires. Leur site nous apprend beaucoup sur le retard français en matière de transparence médicale. Ils ont une CHARTE qui peut être signée par tout le monde "
http://www.formindep.org/article.php3?id_article=6-1
La Charte du Formindep
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-Périphéries - Normes de beauté(L'obsession du corps parfait)
"...De plus en plus étroitement imbriqués, la mode, le showbiz et la publicité fabriquent chaque jour les images qui, diffusées si massivement qu’il sera à peu près impossible d’échapper à leur matraquage, serviront de modèles identificatoires à des millions de femmes à travers le monde. Il est très difficile de lutter contre leur influence : par leur omniprésence, elles se faufilent dans notre cerveau à notre insu, précédant et déjouant toute réflexion, toute démarche critique ; elles agissent insidieusement, conditionnant nos réflexes, modifiant notre regard, notre perception de notre propre corps et de ceux qui nous entourent, nous rendant toujours plus scrutateurs, plus sensibles à des détails auxquels, auparavant, nous ne nous serions pas arrêtés, déplaçant la limite de notre tolérance, de nos critères de beauté, de santé, de normalité, de ce que nous acceptons et réprouvons. Etre conscient de ce processus, le contester, ne permet pas automatiquement d’y échapper..."(M.Chollet)
L'obsession du corps parfait (Objet application/pdf)
Premières Rencontres internationales sur le thème "Le corps et son image
"...l’image du corps joue insidieusement comme vecteur d’une marginalisation sociale qui pourrait se résumer en cette formule :" dis-moi quel corps tu as et je te dirai jusqu’où tu peux espérer aller dans ta carrière professionnelle ."
L’individu dont le corps est trop éloigné des canons de la beauté conventionnelle sait qu’il part défavorisé sur le marché du travail. Il n’ignore pas que par le privilège qu’elle lui accorde, notre société a fait de la beauté plastique l’équivalent d’un diplôme supplémentaire. A niveau de compétences égales, celui dont l’image corporelle présente des atouts qui font défaut à son concurrent a plus de chances d’emporter la mise. C’est ce qu’ont bien compris tous ceux qui frappent aujourd'hui à la porte des cabinets de chirurgie " réparatrice." Il serait superficiel de ne voir en un tel phénomène qu’un acharnement esthétique lorsqu’il s’agit, en bien des cas, de conjurer la menace d’un discrédit professionnel et social !..." (Dr Mattéi)
Sport : la revanche du corps ?
"...la question du sport paraît essentiellement liée à une entreprise de valorisation du corps, non en tant que réalité biologique mais en tant qu’image ; à la fois image sociale et représentation de soi. Un corps doit être musclé, sain et beau selon, bien sûr, les canons en cours de la beauté, de la santé et du muscle. Dans la pratique du sport, il s’agit de construire le corps de la conformité, de produire et reproduire des archétypes idéologiquement avalisés..."
"...L'orgie de fragments corporels qui inonde nos sociétés révèle comment les médias exploitent le corps naturel et le présentent sous forme d'imitation de second ordre (Featherstone, 1983). Les médias sportifs constituent un exemple particulièrement pertinent de la façon dont les parties du corps (e.g., les bras des joueurs de tennis, les poignets des joueurs de hockey, les pieds des footballeurs, les quadriceps des cyclistes, etc.) sont aliénées et marchandées. Le sport constitue un mécanisme idéologique puissant - Le corps naturel devient un échec du point de vue de cette société: un objet superflu à l'opération d'un système capitaliste avancé. Le corps sportif est couvert de vêtements aéroddynamiques ou rasé pour plus de vitesse; il est bouclé dans des attelles et des prothèses fortifiant la cheville, le genou, I'épaule ou le cou; il est envahi par les diurétiques, les hormones de croissance, les aliments hautement calorifiques, les vitamines, les hydrates de carbone, le sang oxygéné et les drogues multiples; il est divisé en parties qui sont entraînées et moulées séparément à l'aide de machines informatisées; et il est divisé en pièces qui sont parfois jetées et remplacées (e.g., les articulations en téflon). Dans la post-modernité, c'est le corps humain qui est modelé à partir de l'image.."
Le prix du bonheur : la publicité et l'imagehttp://www.staps.uhp-nancy.fr/bernard/docpdf/corps_cap
"...En publicité et en marketing, la glorification du corps parfait condamne le corps naturel à être fragmenté en parties qui sont achetées, vendues, échangées, remplacées, détruites, formées, entraînées, modifiées, bronzées, photographiées, filmées, dessinées et réifiées. L'orgie de fragments corporels qui inonde nos sociétés révèle comment les médias exploitent le corps naturel et le présentent sous forme d'imitation de second ordre (Featherstone, 1983). Les médias sportifs constituent un exemple particulièrement pertinent de la façon dont les parties du corps (e.g., les bras des joueurs de tennis, les poignets des joueurs de hockey, les pieds des footballeurs, les quadriceps des cyclistes, etc.) sont aliénées et marchandées. Le sport constitue un mécanisme idéologique puissant - Le corps naturel devient un échec du point de vue de cette société: un objet superflu à l'opération d'un système capitaliste avancé. Le corps sportif est couvert de vêtements aéroddynamiques ou rasé pour plus de vitesse; il est bouclé dans des attelles et des prothèses fortifiant la cheville, le genou, I'épaule ou le cou; il est envahi par les diurétiques, les hormones de croissance, les aliments hautement calorifiques, les vitamines, les hydrates de carbone, le sang oxygéné et les drogues multiples; il est divisé en parties qui sont entraînées et moulées séparément à l'aide de machines informatisées; et il est divisé en pièces qui sont parfois jetées et remplacées (e.g., les articulations en téflon). Dans la post-modernité, c'est le corps humain qui est modelé à partir de l'image..."
deux-trois ans. Ce sont eux qui sélectionnent les couleurs, les matières, les top-models. Une
fois que leurs choix sont faits, on les diffuse dans la société par des clips, par la mode, par la
pub, par des icônes féminines et masculines. A partir de ce moment les gens imitent l’image
par un phénomène, connu depuis Aristote, sous le nom de mimesis. Ils l’incorporent, c’est-àdire,
ils transforment leurs corps. Sa matière va désormais adopter une forme qui ne lui est pas
naturelle. On se crée une seconde nature que Bourdieu appelle habitus. Cette seconde nature
est sociale, puisqu’elle permet de s’intégrer. Les gens obèses se sentent aujourd’hui exclus,
car leurs corps n’incarnent pas la norme en vigueur.'"(Bernard Andrieu)
Olivier Barzac: La grande santé (Climats)
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