"La sauvagerie et la brutalité de l’occupation déchirent les militaires qui ont été déployés en Irak. "(C.H.)
"La presse sait tout cela et, si les journalistes avaient pris la peine de regarder, ils auraient pu le savoir depuis belle lurette. Mais la presse ou, du moins, la plupart des gens de la presse, a perdu la passion, le sens de l’offuscation et celui de sa mission, lesquels, jadis, poussaient les journalistes à défier le pouvoir et à dire la vérité." (C.H.)
La guerre en Irak ? Une succession de meurtres, ni plus ni moins:
"Le 6 juin 2008. Quand une armée combat des forces d’insurrection, comme c’est le cas en Irak, à Gaza ou au Vietnam, elle est confrontée à des « situations propices à commettre des atrocités ». Le fait d’être entouré d’une population hostile transforme des actes simples – par exemple, se rendre dans un magasin pour acheter une canette de Coke – en actes dangereux. La crainte et le stress poussent les militaires à voir des ennemis dans toutes les personnes qui évoluent autour d’eux. L’hostilité pèse encore plus lorsque cet ennemi, comme en Irak, est indécelable, furtif et pratiquement insaisissable. La rage impuissante éprouvée par les soldats après l’explosion d’une bombe au bord d’une route et la mort ou la mutilation de certains de leurs camarades, est du genre à se tourner aisément et très vite contre les civils innocents dont on suppose qu’ils aident et soutiennent les rebelles.
Aux yeux des troupes assaillies de toutes parts, civils et combattants ne sont qu’une seule et même entité. Ces civils, qui ont rarement des échanges avec les soldats ou les marines, n’ont souvent pas de nom ni de visage, mais se muent aisément en abstractions de haine, aux yeux de la plupart des militaires des troupes d’occupation. Ils sont méprisés comme des êtres moins qu’humains. Il s’agit d’un pas psychologique bref. Mais, moralement, il s’agit d’un bond massif. C’est la distance entre le fait de tuer, de détruire quelqu’un qui a la capacité de vous faire du mal – et celui de commettre un meurtre – s’en prendre à quelqu’un qui ne peut vous faire du mal, avec l’intention de le tuer.
La guerre en Irak est devenue avant tout une affaire de meurtre. Il y a peu de destructions d’individus. La sauvagerie et la brutalité de l’occupation déchirent les militaires qui ont été déployés en Irak. Comme les informations viennent de nous l’apprendre, 115 soldats américains se sont suicidés, en 2007. Soit une augmentation de 13 % par rapport à 2006. Et les suicides, comme ce fut le cas dans les années de guerre au Vietnam, ne feront qu’augmenter lorsque les vétérans, rongés par les angoisses, rentreront dans leurs foyers, se débarrasseront des couches d’ouate auto-protectrice qui les empêchaient de ressentir quoi que ce fût et affronteront l’horrible réalité ...."
-La terreur des soldats américains en Irak
-Etats-Unis: Après l'Irak, le suicide
-"Epidémie de suicides" chez les vétérans des guerres américaines
-".... L’exemple de l’Irak et de l’Afghanistan est effrayant au niveau de la psychologie. Les suicides chez les vétérans rentrés de la guerre (autour de 6.000 suicides en moyenne annuelle en 2006 et 2007, en accroissement par rapport aux années précédentes) sont très largement supérieurs aux pertes au feu, ce qui est un cas sans précédent (ces guerres causent plus de pertes, indirectement par leurs effets individuels psychologiques hors de la guerre, que par l’action du feu de l’ennemi). La RAND Corporation vient de montrer que 300.000 vétérans souffrent de troubles psychologiques graves (PTSD ou Post Traumatic Stress Disorder), et 320.000 autres de troubles psychologique consécutifs à des blessures. Cela fait 40% du nombre de vétérans (1,6 million) et l’on ne parle que des cas recensés. Au feu, les suicides sont en constante augmentation (115 en 2007) et plus de 20.000 soldats prennent officiellement des drogues anti-dépressives, simplement pour “tenir” psychologiquement. Plus qu’un problème militaire grave, c’est une catastrophe sociale qui menace essentiellement les sociétés des pays qui lancent ces guerres. (Cette menace concerne aussi bien le tissu social des pays ayant lancé la guerre que la stabilité de leurs régimes.)
La cause de cette catastrophe psychologique est l’isolement total où sont tenues ces forces par rapport à l’environnement culturel et humain des pays où elles opèrent. Littéralement, ces troupes sont victimes de la cruauté dont elles sont elles mêmes les instigatrices et les actrices, parce qu’elles la subissent mais surtout parce qu’elles la provoquent et la propagent. Leur isolement ajouté à l’illégitimité de la guerre, transforment leur psychologie et les chargent d’une culpabilité insupportable. La puissance des communications, qui est le facteur essentiel de la puissance aujourd’hui (nous sommes passés de l’‘ère géopolitique’ à l’ère ‘psychopolitique’) et qui agit dans tous les sens, y compris ceux qui sont défavorables aux politiques officielles, joue un rôle de chambre d’écho qui aggrave et multiplie le phénomène...."( de defensa)
-L’Irak entre terreur et puissance: leçons d'un échec américain
-Le « moment » américain au Moyen-Orient
-L’Irak : jusqu’à quand ?
-Le plan secret pour maintenir l'Irak sous contrôle américain
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