-"Au lieu de demander aux plus riches de participer par l'impôt à la réduction des déficits, au nom de la solidarité nationale, Sarkozy recourt à l'emprunt. Il offre une rente à ces mêmes nantis, ceux qui peuvent encore épargner par ces temps de crise, rente qui leur sera payée par l'ensemble des Français !" (P.Fremaux)
-"Emprunter, c’est la réalité quasi quotidienne d’un Etat dont les caisses sont vides. La nouveauté, c’est la possibilité de réserver un emprunt aux particuliers. Exactement comme vient de le faire EDF. La problème, c’est que l’opération risque d’être plus coûteuse que le circuit habituel des marchés financiers. Aujourd’hui sur les marchés, sur 5 ans, il emprunte à 3%. Pour attirer l’épargne des Français, il devra au moins proposer 4,5%, la même chose qu’EDF. Il faudra y ajouter des commissions à verser aux banques pour récolter l’argent, une campagne de pub, peut-être une carotte fiscale. La dernière expérience en date, l’emprunt Balladur en 1993, s’était révélée une mauvaise affaire pour l’Etat.L'intérêt est avant tout politique. Il s’agit d’associer les Français à un programme de dépenses dont on dit qu’il serait porteur pour l’avenir, pour financer des investissements dans l’industrie verte par exemple ou les nouvelles technologies. En fait, c’est un plan de relance bis qui ne dit pas son nom, car les quelque 30 milliards mobilisés l’an dernier pour soutenir l’économie sont déjà censés être tournées vers l’investissement. Le résultat, ce sera tout de même une nouvelle dégradation des finances publiques. Et quel que soit l’emballage, les emprunts d’aujourd’hui doivent un jour se rembourser. Autrement dit, ce sont les impôts de demain." (E.Kessler)
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-Sarkozy annonce un grand emprunt: attention, danger ! | Mediapart:
"...Si l'emprunt est lancé auprès des marchés financiers, ce n'est franchement pas une nouvelle. Pour financer sa dette, l'Etat intervient chaque jour, sans que le chef de l'Etat n'ait à s'en mêler, sur les marchés financiers pour y trouver les conditions les plus avantageuses. En revanche, si l'emprunt est lancé auprès des épargnants, c'est un projet gravissime qui verrait le jour: gravissime sur le plan politique, car il tendrait à prolonger sous d'autres formes cette «égo-présidence ». Gravissime tout autant au plan économique, car un emprunt national, s'il est ouvert à tous les épargnants, n'a, au plan financier, aucun avantage. Pis! Il peut s'avérer ruineux pour les finances publiques. Ce qui se comprend aisément: pour cajoler les épargnants, qui sont aussi des électeurs, il faut souvent leur offrir des conditions financières autrement plus attractives (sinon démagogiques) que celles en vigueur sur les marchés.
Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner, là encore, les expériences passées. Dans l'histoire économique française contemporaine, au moins depuis la Libération, tous les grands emprunts nationaux se sont en effet mal passés. C'est ainsi un paradoxe que Raymond Barre aimait souvent, de son vivant, à relever: Antoine Pinay est passé à la postérité avec une image de sagesse financière exemplaire. Or, cette réputation était totalement usurpée: avec son emprunt, l'homme au chapeau rond de Saint-Chamond contribua à vider dans les années 50 les caisses de l'Etat.Lancé en 1973, le célèbre emprunt Giscard, indexé sur l'or, avait été tout aussi ruineux pour les finances publiques: il avait permis à l'Etat de trouver facilement 7,5 milliards de francs, mais il avait fallu, quinze ans plus tard, rembourser, capital et intérêts compris, plus de 90 milliards de francs aux heureux souscripteurs.Si l'on prend un précédent plus récent, l'emprunt lancé à l'été 1993 par le premier ministre de l'époque, Edouard Balladur, épaulé par son ministre du budget... Nicolas Sarkozy, l'enseignement est presque le même. Accédant à Matignon, Edouard Balladur avait justifié cet appel à l'épargne des particuliers par des raisons qu'à l'époque nul n'avait critiquées. Alors que la France était (déjà!) en récession, il s'agissait, selon lui, de mobiliser très vite des fonds pour prendre des mesures d'urgence et relancer l'économie. Les privatisations annoncées ne pouvant intervenir sur-le-champ et les sommes provenant de la vente des actifs publics n'étant donc pas immédiatement disponibles, l'emprunt avait été présenté comme une sorte de «crédit-relais» permettant au nouveau gouvernement de ne pas perdre de temps. Il était en effet prévu que les souscripteurs de l'emprunt puissent ultérieurement échanger leurs créances contre des titres des «privatisées»...
-L'emprunt de la discorde:
"...L'affaire de l'emprunt est une nouvelle bataille de la guerre trentenaire entre les "rigoristes" et les "dépensiers". Lundi, Sarkozy, a tranché pour les dépensiers. Devant le Congrès, le chef de l'Etat a revendiqué les bons déficits, les déficits d'avenir, les déficits d'investissement. Les commentateurs se sont focalisés sur le mythe du "grand emprunt national"- la population invitée à apporter son écot au redressement... Erreur. "Je n'attache pas de valeur propre à l'emprunt", dit Eric Woerth. Et le gaulliste Henri Guaino lui-même considère l'emprunt comme un moyen de marquer les esprits, en affirmant que des fonds seront spécialement dédiés aux dépenses d'avenir. Une manière de renouer avec l'esprit de conquête industrielle de l'Airbus ou du nucléaire... Mais cette conquête peut faire peur. Lundi matin, à quelques heures du discours de Versailles, des conseillers élyséens essayaient encore de freiner. Et les disputes ont repris aussitôt après. Mardi, le lendemain le président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, présentait un rapport accablant sur l'endettement du pays, et prophétisait comme quasi inévitable le recours à l'impôt; il a nourri l'ironie des socialistes - le président de la commission des finances, Didier Migaud, ou le député Jérôme Cahuzac - ou l'amertume d'une partie de la droite. "La dette publique est passée de 58% du PIB en 2002 à près de 80 % cette année, rappelle le rapporteur général du Budget, Gilles Carrez. Jamais dans notre histoire nous n'avons vu une telle progression."..."
-Emprunt national : le gouvernement devra convaincre les sceptiques:
"...l'idée même d'un grand emprunt national laisse d'ores et déjà sceptiques la plupart des Français, qui sont 82 % à assurer ne pas avoir l'intention d'y souscrire. Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche et la télévision M6, seuls 12 % des personnes interrogées ont "plutôt" l'intention de le faire, et 5 % "tout à fait". L'idée lancée par le président de la République séduit à peine davantage au sein de son électorat, puisque seuls 30 % des sympathisants de droite pourraient se laisser tenter....Au-delà de son succès populaire, c'est le principe même d'un emprunt d'Etat qui suscite des réticences au seins des rangs de la majorité (Lire aussi : A droite, l'emprunt Sarkozy soulève des interrogations). Invité à débattre de l'après-crise avec son club et celui de Jean-François Copé, mercredi, Jean-Pierre Raffarin s'est ainsi interrogé sur la pertinence de l'idée du chef de l'Etat : "La valeur d'un emprunt, c'est la valeur des projets, [mais] est-ce que l'Etat est toujours le mieux placé pour trouver la manière de dépenser l'argent qui va créer la richesse ?"..."
-L'emprunt Sarkozy, une fuite en avant:
"...lancer un grand emprunt populaire coûte cher. En tous cas, toujours plus cher que d'aller chercher l'argent sur les marchés financiers. En effet, pour attirer le grand public, il faut proposer un taux supérieur à celui de marchés financiers, où les marges se calculent en centième de point d'intérêt. Les exemples sont nombreux, de l'emprunt Balladur à l'emprunt Giscard, en passant par la fameuse rente Pinay, une des plus coûteuses émises par l'état depuis... "
-Le grand flou du grand emprunt
-Discours de Sarkozy : objectifs pertinents, mensonges fiscaux
-La majorité des Français hostile à l'emprunt national
-Emprunt Sarkozy = cadeaux aux riches:
"...Sarkozy refuse de faire payer des impôts aux riches. Il manque donc de recettes et aggrave « les déficits ». Alors il emprunte aux riches les impôts qu’il ne leur fait pas payer. Puis il leur rembourse à un taux confortable. Et il fait payer ce remboursement majoré par les pauvres en les faisant travailler plus toute leur vie jusqu’à 67 ans. C’est simple.En fait la France est riche, elle n’a jamais été aussi riche. Sa crise vient de ce que les richesses sont accaparées, pillées, et que la machine est bloquée, les pauvres appauvris, et les riches rapaces accumulent en dormant, et brûlent leur argent en subprimes, titrisation, hedge fund, et cie..."
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