mercredi 11 novembre 2009

Pakistan: dangereuse instabilité

Pays en voie d'éclatement

-Causes internes et externes-

Une conséquence de la politique US dans la région

-."Comme en Irak, ce sont une profonde ignorance et l’arrogance militariste qui conduisent la politique des États-Unis en Afghanistan. Les gens d’Obama ne comprennent pas ce vers quoi ils se dirigent en « Af-Pak ». ...Un triste désastre que nous regretterons longtemps."(E. Margolis)

-"Dans l’imbroglio afghan, les USA sont convaincus que le Pakistan représente un levier d’action pour faire pièce voire contrôler la menace talibane.
Dans la partie de bras de fer qui se joue avec la Chine, ces mêmes USA pensent pouvoir transformer le Pakistan en digue antichinoise – de la même manière qu’il servit jadis de digue antisoviétique – afin de contrer les ambitions et menées de l’empire du milieu en Asie centrale, gisements d’énergie et réseaux oléoducs et gazoducs obligent … .
"(JLD)
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-Pakistan : l’inexorable montée du fondamentalisme wahhabite:
"Loin d’être cantonné aux zones tribales, le fondamentalisme travaille en profondeur la société pakistanaise, avertit l’universitaire Pervez Hoodbhoy, enseignant à Islamabad, qui rapporte qu’un nombre croissant de ses élèves ont adopté le voile et se sont transformées en « silencieuses preneuses de notes », s’abstenant de poser des questions ou de prendre part aux discussions. Les comportements ultra-religieux d’inspiration wahhabite véhiculés par les madrassas se répandent, nous dit-il, dans toute la classe moyenne et les couches défavorisées. « Depuis trente ans, des forces tectoniques éloignent le Pakistan du sous-continent indien, et le rapprochent de la péninsule arabique. » Comme bien souvent, cette évolution a été initiée par le pouvoir, qui croyait trouver ce faisant un moyen de conforter son emprise sur la population. Vingt cinq ans plus tard, le résultat est là : lors des opérations de sauvetage après le tremblement de terre de 2005, des secouristes masculins se sont vu interdire de porter secours à des jeunes filles ensevelies sous les décombres, et sous la pression des islamistes, l’enseignement de la musique doit désormais s’effectuer hors des murs de l’université. « Le futur immédiat ne laisse guère de place à l’espoir. Un nombre croissant de mollahs font l’objet d’une dévotion par les croyants qu’ils ont rassemblés. La pauvreté, les privations, l’absence de justice et les inégalités fournissent le terrain idéal qui permet à ces démagogues de recruter à leur cause. »
Les bombardements américains répétés sur le sol pakistanais, qui sont autant de bombes incendiaires lancées sur un pays chauffé à blanc où l’anti américanisme spontané nourrit l’islamisme le plus archaïque et radical, sont une folie géostratégique. Considérés comme un outil tactique dans la lutte contre les talibans, ils prennent le risque de faire naître une nouvelle mollarchie, mais cette fois-ci dans un pays nucléarisé de 180 millions d’habitants. Les humiliations répétées subies par l’appareil militaire pakistanais, transformé en supplétif de politiques occidentales qui ne tiennent pas compte de sa vision entièrement structurée par le conflit latent avec l’Inde, pourraient à terme le faire basculer vers le choix de la rupture avec l’occident. Les USA après avoir, avec le brillant résultat que l’on sait, nourri et renforcé l’islamisme radical, d’abord au nom de l’anticommunisme, puis en raison de leurs visées sur les ressources énergétiques de la région, sont une nouvelle fois en train de jouer avec le feu, et l’Europe, décidemment incapable de produire des dirigeants dotés d’une vision géostratégique, lui emboite le pas, frappée de somnambulisme.
En 2002, un proche de Rumsfeld avait énuméré à un général Wesley Clark abasourdi la liste des opérations de déstabilisation que le Pentagone envisageait de déclencher après une victoire imaginée rapide en Irak. La réalité a rattrapé ces rêves de toute puissance, mais pas exactement comme l’imaginaient les néoconservateurs. La logique de l’affrontement a aujourd’hui échappé à ses instigateurs et se développe selon son propre élan interne, accompagnée par cette stupéfaction de la pensée que fait naître la violence. Il est encore temps de faire machine arrière. Encore faudrait-il prendre conscience de la séquence dans laquelle nous sommes engagés....
"
[Wahhabisme ]_____ [L'islam d'Arabie : le wahhabisme]

-Trois questions sur la situation au Pakistan:
"...Visiblement l’offensive pakistanaise de l’été dernier dans la Vallée de Swat, à 160 Km d’Islamabad, n’a pas porté ses fruits. Nous assistons donc à une ultime tentative avant la pause hivernale, en vue de réduire les capacités des Taliban et soulager la pression croissante qui s’exerce maintenant un peu partout en Afghanistan sur forces de la coalition… Autant dire que le gouvernement légal pakistanais est à présent pris entre le marteau américain et l’enclume Taleb. Cela ne rend pas particulièrement optimiste pour l’avenir d’un pays où la population – forte de 165 millions d’âmes sur un espace géographique représentant environ une fois et demie la France - et l’armée sont de plus en plus remontées contre la soumission du pouvoir politique aux oukases de Washington. Cela entre autres en raison d’une aide votée par le Congrès américain de 7,5 milliards de $ sur cinq ans qui impose en contrepartie de la part du Pakistan un complet alignement sur les desiderata de Washington…
N’oublions pas que l’armée pakistanaise - de surcroît titulaire de l’arme nucléaire et des vecteurs ad hoc - est travaillée en profondeur par un national-islamisme qui pourrait bien, un jour pas très lointain, opérer le cas échéant un nouveau coup d’État militaire à Islamabad. Une possibilité que nul ne peut exclure...
on peut émettre l’hypothèse qu’en partie des services pakistanais ou même certaines factions au sein de l’armée pakistanaise instrumentent ou apportent un soutien logistique – des renseignements par exemple – suivant divers degré de « complicité » avec les groupes d’activistes et de kamikazes.
Pour le reste, accordons-nous la licence d’un peu de politique-fiction… Cette montée de la violence contre le gouvernement d'Ali Zardari est indirectement dirigée contre les intérêts américains au Pakistan...
De facto la guerre s’est étendue à bas-bruit au Pakistan. Le Président Obama n’a d’ailleurs fait qu’emboîter le pas à George Walker Bush (qui lui, le pauvre, n’a pas été nobélisé), qui avait autorisé dès juillet 2008 des opérations terrestres et aériennes à l’intérieur des frontières du Pakistan et sans accord préalable d’Islamabad pourtant allié des États-Unis. Aujourd’hui l’armée américaine intervient au Waziristân et demain où ? Au Penjab où des signes d’embrasement général se manifestent de plus en plus ?
À bien y regarder, la situation à l’ouest du Pakistan commence à ressembler furieusement à d la guerre du Vietnam et à son extension périphérique au Laos et surtout au Cambodge à partir de 1969… Enlisé, l’état-major américain est convaincu que les bases arrières dont les insurgés disposent au Cambodge sont coupables de l’échec américain. Le président Lyndon Jonhson ordonne alors des campagnes de frappes aériennes sur le Cambodge. Une extension de la guerre à un pays où le conflit s’est finalement prolongé pendant les dix-sept ans qui ont suivi la débâcle américaine au Vietnam...

-Le Pakistan, un piège pour Obama:
"Karim Pakzad explique en quelques minutes la complexité du problème Pakistanais. Un problème qui concerne directement la France, en guerre contre la rébellion afghane et impliquée étroitement au commandement intégré de l'Otan.
D'une part, il rappelle que le problème taliban, principalement lié aux Pachtounes comme les talibans afghans que combat la France, concerne à peine plus de 10 % de la population Pakistanaise (qui compte 200 millions d'habitants). D'autre part il souligne bien l'importance stratégique de l'Afghanistan pour le Pakistan, dont le contrôle lui fait gagner une profondeur stratégique déterminante dans sa lutte contre l'Inde, et les manœuvres de l'ISI (Inter-service intelligence, services secrets pakistanais) pour ne pas laisser gagner l'Alliance du Nord de Massoud (pro-indienne), en favorisant le mouvement Taliban a la fin du XXe siècle....
Une situation difficile pour l'administration américaine qui doit payer le prix de la politique des néoconservateurs républicains et de l'image ternie des USA dans cette région hautement géostratégique où les influences chinoises, russes et indiennes sont en concurrence. Néanmoins, ses conseillers ont demandé à M. Obama de soutenir la décision de l'administration Bush de poursuivre les frappes de drones dans les régions tribales pakistanaises (au risque de replonger dans les mêmes travers ?).
David Petraeus, commandant du commandement central américain, et le lieutenant général Douglas E Lute, conseiller adjoint de la sécurité nationale pour l'Irak et l'Afghanistan, ont clairement recommandé la poursuite de ces attaques
....

-Obama et le guêpier pakistanais:
"...Les pakistanais ont rejeté à maintes reprises les partis islamiques militants. Nombreux sont ceux qui ont peu d’amour pour les Pachtounes, qu’ils considèrent comme de rustiques montagnards qu’il vaut mieux éviter.L’arsenal nucléaire du Pakistan, bien gardé, ne représente pas non plus un danger - du moins pas encore. Les craintes au sujet des armes nucléaires pakistanaises proviennent des mêmes fabricants de preuves - ayant un agenda secret - que ceux qui nous ont sorti les fausses armes de Saddam Hussein.Le véritable danger provient des États-Unis qui agissent comme un mastodonte enragé, foulant aux pieds le Pakistan, et contraignant l’armée d’Islamabad à faire la guerre à son propre peuple. Le Pakistan pourrait finir comme l’Irak occupé, divisé en trois parties et impuissant.Si cela continue, les soldats pakistanais patriotes pourraient à un moment se rebeller et abattre les généraux corrompus et les politiciens qui émargent à Washington.Tout aussi inquiétant, un soulèvement de pauvres se répandant à travers le Pakistan - lui aussi dénommé à tort « taliban » - porte la menace d’une rébellion radicale rappelant celle des rebelles naxalites de l’Inde.Comme en Irak, ce sont une profonde ignorance et l’arrogance militariste qui conduisent la politique des États-Unis en Afghanistan. Les gens d’Obama ne comprennent pas ce vers quoi ils se dirigent en « Af-Pak ». Je peux le leur dire : un triste désastre que nous regretterons longtemps."
- Pakistan : le danger taliban:
"... Comme on le sait aujourd'hui, l'administration Bush a commis, dans cette région, des erreurs historiques. Après la chute des talibans, tout le monde pensait que les Etats-Unis allaient se consacrer à la construction d'un Etat afghan capable d'assurer une vie meilleure à sa population qui, de ce fait, ne serait pas tentée de se tourner une nouvelle fois vers les extrêmes. Au lieu de quoi, en 2002, la Maison-Blanche s'est, du jour au lendemain, désintéressée de l'Afghanistan pour se consacrer à la préparation de la guerre en Irak. Elle n'envoyait plus guère de troupes ni d'argent sur place, ce qui a laissé un gigantesque vide que les talibans, battus mais pas détruits, ont entrepris de combler. Mais les Américains ne sont pas les seuls à blâmer, loin s'en faut. Le pouvoir pakistanais, et en particulier son président jusqu'à l'été dernier, le général Musharraf, n'a rien fait pour venir à bout des talibans - bien au contraire. Il les a hébergés dans les zones frontalières et laissés tranquilles pendant des années...."
-Le Pakistan en danger -Pakistan : le risque d'éclatement du pays:
"...La situation qui se dégrade de jour en jour au Pakistan fait craindre à l'éclatement du pays un peu à la manière somalienne. Un expert américain déclare même « ce serait un désastre à l'échelle de la révolution iranienne ». En fait, cela serait pire car le Pakistan est une puissance nucléaire. Nul ne sait ce qui pourrait arriver si les quelques 60 armes nucléaires pakistanaises tombaient dans des mains malveillantes.L'hypothèse la plus probable est l'éclatement du pays en différentes régions. Très schématiquement, les unes seraient tenues par des chefs de guerre proches d'Al-Qaida [1], d'autres par des islamistes que l'on peut qualifier de nationalistes [2] et enfin le reste (Balouchistan et Sind) passeraient sous le contrôle de différentes factions à caractère politico-ethno-mafieuses ,à l'image de l'Awami National Party (ANP) qui regroupe différentes tribus pachtounes mais dont les membres sont surnommés les « taliban sans barbes ». Seul le territoire de la capitale Islamabad [3] pourrait rester aux mains d'une pseudo administration centrale qui, pour survivre, serait obligée de faire toutes les concessions aux différents potentats locaux. Pour compliquer un peu la donne, les taliban pakistanais se répartissent entre factions nationalistes et internationalistes.Si un tel scénario devait advenir, ce serait une catastrophe pour les pays voisins, en particulier pour l'Inde et l'Afghanistan. En effet, plus encore qu'aujourd'hui, les zones incontrôlées serviraient de bases arrières à tous les activistes islamiques ou nationalistes. Il est aussi prévisible ce Pakistan renforcerait encore son rôle de base arrière pour tous les activistes islamiques qui souhaitent déclencher des actes terroristes dans le monde, dans le cadre du califat planétaire qu'appelle de ses voeux Oussama Ben Laden.Mais la plus grande inquiétude provient du devenir des armes nucléaires pakistanaises. Les Américains auraient dans leurs cartons un scénario prévoyant leur neutralisation avant que le chaos général ne s'étendent à l'ensemble du pays. "
-"Les talibans afghans et pakistanais n'ont pas les mêmes objectifs" -
-Afghanistan-Pakistan, « mission impénétrable »
-Pakistan: le trou noir de l’Empire
-Tribus et société au Pakistan
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-Condamnations sélectives

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