Risques de désintégration possible de la zone euro?
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"J’appartiens à un petit pays. Une pointe rocailleuse sur la Méditerranée, où il n’y a pas d’autre richesse que la lutte de son peuple, la mer et la lumière du soleil. Elle est petite notre terre, mais son patrimoine est énorme."
(Georges Séférise,prix Nobel de littérature en 1963)
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Alors que N.Sarkozy déclare: "Un pays membre de la zone euro doit d'abord compter sur les autres pays de la zone euro, sinon pourquoi avoir fait la monnaie unique ?",
A.Merkel, coincée par son opinion publique à l'approche d'élections régionales, traine les pieds
Les égoïsmes nationaux risquent de prendre le dessus, révélant la faiblesse structurelle de l'Europe...et du système bancaire allemand, à la faveur de la crise
["...plusieurs banques allemandes sont particulièrement exposées en Grèce, dont la Hypo Real Estate (HRE), à hauteur de 9,1 milliards d'euros, selon le Bafin.
HRE, qui a déjà subi des pertes massives du fait de la crise financière mondiale, a dû être nationalisée en juin.
Parmi d'autres banques très exposées en Grèce figurent la Commerzbank qui détiendrait 4,6 milliards d'euros d'obligations grecques, ainsi que les banques régionales LBBW (2,7 milliards d'euros d'obligations grecques) et Bayern LB (1,5 milliard d'euros d'obligations)."]
-Une affaire allemande aussi ?
"..La politique d'austérité excessive menée en Allemagne depuis le début des années 2000, sous la houlette notamment du social-démocrate Gerhard Schröder, porte une lourde responsabilité dans les difficultés actuelles de la zone.
Compte tenu du poids de l'économie allemande, un quart de la zone euro, sa très faible croissance depuis dix ans a plombé ses voisins, contribuant notablement à la dérive des comptes publics des autres pays.Cette politique trop restrictive, logiquement associée à une inflation très basse, a également empêché la Banque centrale d'augmenter ses taux d'intérêt pour calmer la surchauffe qui se produisait parallèlement en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Grèce, du fait de taux d'intérêt réels trop faibles.
Enfin, cette austérité excessive s'est traduite par des excédents commerciaux colossaux : 166 milliards d'euro soit 6,6 % du PIB en 2008. Des excédents réalisés aux deux tiers en Europe : en ne consommant pas assez, votre pays a posé depuis dix ans, le même type de problèmes à ses voisins que la Chine au monde…
Les Européens tentent (en effet) d'imposer aux Grecs des mesures d'austérité de plus en plus draconiennes, sans leur apporter en contrepartie les prêts à bas taux d'intérêt que le FMI leur consentirait. Du coup, les Grecs sont obligés d'emprunter à des taux très élevés et le consensus qui s'était établi en Grèce autour des mesures d'austérité vacille.
Avec au bout du compte le risque d'une explosion sociale et d'une victoire des spéculateurs entraînant par contagion la chute du Portugal puis de l'Espagne…" (G.Duval)
-Un contentieux qui refait surface ?
-Entre les Grecs et le mark, l’Allemagne choisit… le mark
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-Le piège grec d’Angela Merkel:
"...C’est dans un climat franchement délétère que Georges Papandréou, le Premier ministre grec, a rencontré vendredi à Berlin Angela Merkel. Malgré les mots apaisants de la chancelière, déclarant «se réjouir de la venue de Papandréou», l’opinion publique allemande, emmenée par la presse populaire et notamment le très puissant quotidien Bild, ne veut pas entendre parler d’une quelconque solidarité financière avec la Grèce.
___Alors que la grève générale paralysait vendredi tout son pays, Georges Papandréou avait pris les devants en déclarant dans la presse que «nous n’avons pas demandé au contribuable allemand de nous payer nos vacances et nos retraites». Et d’enfoncer le clou : «Les Grecs n’ont pas la corruption dans les gènes, tout comme les Allemands n’ont pas le nazisme dans les leurs.» Réplique immédiate, vendredi matin, du ministre allemand de l’Economie : «Monsieur Papandréou a dit qu’il ne voulait pas un centime, le gouvernement ne donnera pas un centime.» Et vlan ! Vendredi soir, après une petite heure d’entretien, les deux chefs d’Etat ont donc, lors d’une conférence de presse commune, été obligés d’évoquer longuement l’amitié entre leurs deux pays, et notamment les milliers de touristes allemands se rendant en Grèce chaque année. Mais pour ce qui est des gros sous, Angela Merkel a estimé qu’Athènes n’avait actuellement pas besoin d’aide financière et que la stabilité de la zone euro était «assurée».
___... La chancelière est dans une position difficile. Consciente de la nécessité d’éviter la faillite de la Grèce, elle ne sait comment «vendre» cette idée à son opinion. Les Allemands, jadis jaloux de la valeur du mark, sont plus soucieux que leurs voisins de la stabilité de l’euro menacée par la crise grecque. Sans compter que le pays serait massivement menacé en cas de faillites dans le sud de l’Europe : les Etats dits «faibles» de la zone euro sont endettés à hauteur de 383 milliards d’euros auprès des banques allemandes, dont 43 milliards d’euros pour la Grèce. Les banques allemandes, affaiblies par la crise de 2008, ne peuvent risquer une nouvelle secousse. Josef Ackermann (patron de la Deutsche Bank) en tête, les banquiers du pays pressent l’exécutif d’intervenir. «Le cas grec est bien plus compliqué et délicat que celui de Lehman Brothers», estime-t-on dans les rangs du gouvernement.
___Mais trois obstacles de taille s’opposent à toute intervention. Tout d’abord l’opinion, chauffée par la campagne anti-Grèce du très populaire Bild Zeitung (12 millions de lecteur par jour), est profondément hostile à toute idée d’une intervention sur le dos du contribuable. «Les Grecs dilapident nos beaux euros à coups de grèves et de moralité douteuse», s’insurge le Bild. Si 70% des Allemands étaient opposés à une intervention de leur gouvernement aux débuts de la crise grecque, ils sont désormais 80% à partager cet avis. A deux mois de très importantes élections régionales, début mai, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Angela Merkel ne prendra pas le risque de brusquer l’opinion. «Je ne crois pas qu’elle survivrait politiquement si elle virait de l’argent à Athènes plutôt qu’à Hanovre ou Leipzig», jugeait mercredi l’économiste Willem Buiter dans les colonnes du quotidien d’affaires Handelsblatt..."
-Amis allemands, il est temps de venir en aide aux Grecs :
"Chers amis allemands
L'avenir de l'Europe dépend plus que jamais de vous. Mais l'attitude qui domine actuellement dans votre pays à propos de la crise grecque parait très dangereuse : elle risque de transformer une alerte, sérieuse mais a priori limitée, en une crise grave tant sur le plan économique que politique.__Une crise qui serait d'ailleurs dommageable au premier chef pour l'économie allemande très dépendante de ses exportations vers le reste de l'Europe.__De quoi s'agit-il ? Quand un Etat se trouve dans la situation de la Grèce, il s'adresse d'habitude au Fonds monétaire international. Mais nous avons demandé aux Grecs de ne pas le faire. La zone euro, quasiment aussi riche que les Etats-Unis, devrait en effet pouvoir régler sans difficultés cette affaire : la dette grecque ne pèse jamais que 3,8 % des dettes publiques de la zone.…"
-Grèce : les Etats de la zone euro respecteront leurs engagements "si nécessaire"N. Sarkozy:"Il existe des moyens concrets, précis, sur lesquels nous n'avons pas à communiquer ce soir mais qui permettront de démontrer, le moment venu, que la Grèce n'est pas simplement soutenue politiquement, elle est soutenue dans tous les aspects de ses demandes éventuelles", a-t-il précisé, "si la Grèce a besoin de nous, nous serons là"__Devant son hôte qui rencontrera la semaine prochaine le président américain Barack Obama à Washington, Nicolas Sarkozy a défendu la "solidarité européenne" vis-à-vis de la Grèce. "Un pays membre de la zone euro doit d'abord compter sur les autres pays de la zone euro, sinon pourquoi avoir fait la monnaie unique ?, a lancé le chef de l'Etat français, ce n'est pas du tout une défiance vis-à-vis de qui que ce soit (...), c'est une question de logique, de cohérence."__"Les marchés doivent savoir que la solidarité, ça veut dire quelque chose et que quand il y a un problème, on est là (...). Plus tôt on dit ça, plus fermement on dit ça et plus rapidement on règle les problèmes", a-t-il estimé. Nicolas Sarkozy a également précisé que Mme Merkel, qui s'était montrée prudente vendredi après avoir rencontré M. Papandréou, l'avait assuré de "sa disponibilité à faire davantage" pour la Grèce..."
"Messieurs, Dames, des instances européennes, je m’adresse à vous : il y a feu en la demeure !
Vous ne sauverez pas la Grèce en lui enjoignant de baisser le salaire de ses fonctionnaires. Vous ne sauverez pas la Grèce en l’encourageant à combattre la fraude fiscale. Vous ne la sauverez pas non plus en créant une... cagnotte (on tombe ici dans le dérisoire !). Il est beaucoup trop tard pour tout cela. Et de toute manière, le problème n’est pas là.
Le 3 février, je participais à l’émission « Le Débat / The Debate » sur France 24. Si vous parlez l’anglais, écoutez je vous en prie ce que je dis quand la discussion s’enlise sur le sujet de savoir si les statistiques économiques de la Grèce ont été bidouillées oui ou non, et si vous ne parlez pas l’anglais, lisez s’il vous plaît la façon dont je résume mon intervention :
Je dis qu’il y a à nouveau un petit jeu sur les Credit-Default Swaps (CDS). Cette fois, ce n’est plus 1) Bear Stearns, 2) Lehman Brothers, 3) Merrill Lynch, c’est 1) Grèce, 2) Portugal, 3) Espagne. Ce que font en ce moment les marchés financiers n’est pas sans rappeler l’opération de George Soros qui coula la livre britannique en 1992 (quand on pense que le renouveau de la « science » économique est entre ses mains !)
Votre cagnotte pour la Grèce, si péniblement rassemblée, sera emportée par la bourrasque en quelques heures, et il vous en faudra immédiatement quatre autres : une autre pour le Portugal, une pour l’Irlande, une pour Chypre et une beaucoup plus grosse que les quatre autres mises ensemble, pour l’Espagne.Vous aurez alors quelques jours pour reprendre votre souffle parce que la victime suivante ne fait pas partie de la zone euro puisqu’il s’agira du Royaume-Uni.
Il n’est pas question de salaires trop élevés : il s’agit de dominos, et de la même manière que le nom de Lehman Brothers était écrit dans le ciel le jour où Bear Stearns est tombée, le nom du Portugal s’inscrira au firmament le jour où la Grèce fera défaut sur sa dette.
___Alors que faire ? Tourner les projecteurs vers la cause. Vers la combinaison mortifère des notations de la dette publique des États par les agences de notation et les positions nues des Credit-Default Swaps, ces paris faits par des gens qui ne courent aucun risque mais qui créent du risque systémique à la pelle, dans un seul but : d’énormes gains personnels.Il est temps, Messieurs, Dames, d’envisager l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix.Ne m’objectez pas que c’est compliqué : ce ne l’est pas, c’est déjà écrit en filigrane dans la norme comptable américaine FASB 133.Ne me dites pas que cela va « affecter la liquidité » : à ce reproche, j’ai l’habitude de répondre que les parieurs ne créent de la liquidité que pour d’autres parieurs et que cela n’a donc aucune importance, mais aujourd’hui, j’ajouterai autre chose : « À ce stade-ci de désintégration probable de la zone euro : la liquidité, on s’en fiche ! »
-Démystifier la finance
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-Aider ou lâcher la Grèce ?
-La Grèce et Goldman Sachs (2)
-La Grèce, l'euro et les spéculateurs (1)
-Goldman Sachs :santé douteuse?
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