lundi 3 mai 2010

Europe en péril


Grèce : énormes sacrifices en vue

-Un plan socialement injuste et économiquement dangereux,
critiqué par
Jacques Delors lui-même,
mais propulsé par DSK...

_____" Le grand FMI est de retour. Pour ceux qui soutenaient que l'institution internationale avait compris les désastres qu'il avait créés en Afrique et en Amérique du Sud et avait changé, le plan d'aide à la Grèce vient infliger un cruel démenti. Toutes les vieilles recettes libérales y figurent: démantèlement de la protection sociale, abaissement des salaires, privatisation, fiscalité sur la consommation. Et elles sont désormais avalisées par l'Union européenne. Acculé à la dernière extrémité financière, le premier ministre grec, Georges Papandréou, a été réduit à tout accepter..."

-Le ministre finlandais des Finances Jyrki Katainen a fait valoir que la Grèce était «un pays comparable à Lehman Brothers» la banque américaine à l’origine de la crise financière mondiale. «Si elle chutait, cela ébranlerait énormément l’économie européenne»
-Un prêt gagnant-gagnant?...qui ne sera sans doute jamais remboursé
____-"On prête de l'argent à la Grèce pour qu'ils achètent nos armes"
-Sortir de l'euro?

- Un engrenage infernal en marche?...
-La refondation ou le chaos
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-L'Europe de la déflation sociale
"...Alors que le gouvernement grec avait déjà gelé les salaires de la fonction publique, suspendu les recrutements, annoncé un recul de l'âge de la retraite, augmenté les taxes sur les carburants et l'alcool, le FMI et l'Europe, sous l'impulsion de l'Allemagne, exigent de nouvelles restrictions. Au menu de ce qui semble déjà acquis, suppression des 13 et 14es mois de salaires pour la fonction publique, nouveau recul de l'âge de la retraite qui serait porté de 53 ans à 67 ans, hausse de la TVA et d'autres taxes indirectes, réduction de toutes les autres dépenses publiques. La potion se veut radicale pour contraindre le gouvernement grec à réduire son déficit de 10 points de PIB d'ici à 2012. Un remède de cheval dans un pays à l'économie déjà anémiée et qui ne souffre d'aucune inflation.
__Les marchés, rassurés par cette intervention brutale du FMI, soufflent. Ils sont d'autant plus sereins désormais que la panique financière, cette semaine, a tétanisé les gouvernements européens. Pour éviter de se retrouver dans la même impasse que la Grèce, tous prennent les devants et se proposent de faire du FMI sans le FMI. Sus aux déficits, aux dépenses publiques, aux droits sociaux. C'est à qui aura le plus grand brevet de rigueur pour éviter de se trouver sous les feux des marchés et perdre la précieuse notation qui ouvre l'accès aux capitaux.
__Sans attendre, le premier ministre portugais José Socrates a passé, dès le lendemain de la dégradation du Portugal, un accord avec le parti social démocrate de Pedro Passos Coelho, la principale force d'opposition du pays, pour renforcer le programme d'austérité afin d'apaiser les inquiétudes des investisseurs. Dans la nouvelle mouture, le gouvernement envisage de ramener son endettement de 9,4% à 2,8% du PIB d'ici à 2013. Pour y parvenir, il prévoit une réduction drastique des dépenses publiques, qui devraient à elles seules représenter la moitié des mesures d'austérité.
__Dans la fonction publique, les salaires et les recrutements sont appelés à être totalement gelés pendant au moins trois ans. Les investissements publics seront réduits, passant de 4,9 à 2,9% du PIB, les programmes de défense sont promis à une réduction de 40%. Un programme de privatisations de 6 milliards d'euros est prévu, dont 1,5 milliard dès cette année. Les impôts sur le revenu augmenteront. Mais les recettes fiscales dans leur ensemble ne représentent que 15% du plan.
__L'Espagne, qui elle aussi est inscrite sur la liste des pays menacés, avait annoncé un programme d'économie avant la crise grecque avant de réduire son endettement. Le gouvernement prévoit de réduire ses dépenses de 50 milliards d'euros sur trois ans. Les recrutements dans la fonction publique seront gelés. Une réforme des retraites est en préparation, faisant passer l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans. Mais ces mesures ne sont plus jugées suffisantes par les marchés. Pour l'instant, le gouvernement de José Luis Zapatero, qui est confronté à un chômage de plus de 20%, refuse de renforcer la rigueur. Mais les pressions, jusqu'à présent discrètes, pourraient s'accentuer s'il campe dans son refus....
__________________La déflation sociale est-elle donc devenue désormais le cœur de la politique de l'Europe? Asphyxiés par les dettes, liées à la crise, à la baisse des rentrées fiscales et au sauvetage du secteur financier, les gouvernements n'ont guère d'autres choix, s'ils se refusent, comme depuis deux ans, au moindre changement par rapport au monde financier. Et plus encore face au dogme d'une fiscalité allégée pour les plus riches et les entreprises, qui a appauvri systématiquement les Etats depuis trente ans.
___Si tous ces paramètres restent identiques, l'euro se révèle être un corset de fer dans cette période de crise: les pays n'ont aucune possibilité de dévaluer, de jouer sur les taux, d'utiliser l'inflation. Dès lors, la seule arme qu'il leur reste est l'ajustement social, une dévaluation interne qui ne dit pas son nom.
___C'est la politique qu'a mise en œuvre l'Allemagne avec succès à partir de 2002 dans le cadre de son Agenda 2010, soutenue par tous les partis politiques et les syndicats, font remarquer certains analystes. Et cela a été un succès, soutient le gouvernement allemand qui demande désormais que la même rigueur soit appliquée aux autres. Mais les structures comme les circonstances sont différentes. D'abord, l'Allemagne a une industrie très qualifiée, de forte valeur ajoutée et très exportatrice. Ce qui n'est pas le cas de toutes les économies européennes. Ensuite, ce programme d'ajustement faisait suite à de forts dérapages liés à la réunification et il a été mené pendant une période d'expansion de l'économie mondiale. Le coût social, malgré tout, en a été très élevé. Enfin, l'Allemagne a été gagnante car elle a été la seule à mener ce programme. Ses excédents commerciaux ont été nourris par les déficits de l'Europe, qui lui a assuré 75% de ses débouchés. Qu'adviendra-t-il à l'Europe, et même à l'Allemagne, si l'ensemble de l'économie européenne plonge dans la déflation?...
C'est le début d'une spirale dépressive qui guette aussi la Grèce. Faute de débouchés et de soutien, l'économie s'effondre, l'Etat voit diminuer encore ses recettes, et proportionnellement les dettes prennent un poids démesuré, bientôt insupportable.
C'est aussi l'avertissement qu'a lancé l'économiste Nouriel Roubini ce vendredi, dans le Financial Times. «Le plan A (tel qu'il est conçu par le FMI et l'Europe pour aider la Grèce) fait courir le risque d'une faillite désordonnée et d'une crise financière.» Mieux vaudrait selon lui restructurer la dette grecque, conduire un plan d'ajustement budgétaire pour les pays périphériques de la zone euro, accompagné par une aide plus importante de l'Union européenne et du FMI, enfin engager des baisses de taux et une stimulation de la demande en Allemagne..."
(M.Orange)
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