mardi 11 mai 2010

Fin de crise ?(2)

De dettes en dettes

-"Pour résoudre le problème de la dette on va créer une nouvelle montagne de dette !" (Y.B.)
-Les dieux sont tombés sur la dette…

-Comment briser l'encerclement de la dette?

-«Le plan européen est une dose de morphine qui soulage le patient, mais le vrai traitement est encore à venir» ( Marek Belka, responsable européen du FMI)

-L’esprit de Munich régnait à Bruxelles !

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-La crise ? quand c'est fini ça recommence!

______"...La mutation de la crise de finances privées en crises de finances publiques, et leurs métamorphoses subséquentes en crises monétaires et en crises politiques étaient prévisibles dès la fin 2007...
L’habileté de la finance privée, il est vrai bien servie par le barnum des éditorialistes et de leurs experts toujours bien accrochés, consiste à faire oublier qu’au commencement était non pas le verbe mais le foutoir spéculatif. Il n’y a pas d’intelligence politique possible de la situation présente sans remonter à son fait générateur et redéployer méthodiquement les enchaînements qui s’en sont suivis, ce qui donne à peu près ceci :
__-1. Avant le choc financier déclenché en 2007, il n’y a pas de problèmes de dettes publiques en Europe. Il n’y en a « fucking pas » !
__-2. Tous les ralentissements/récessions des deux dernières décennies ont pour origine des chocs financiers antécédents transmis à l’économie réelle par le canal du crédit (récession d’après krach immobilier au début des années 1990, récessions dans les pays d’Asie du Sud-Est post crise internationale de 1997-1998) ou par celui de l’effet richesse (krach Internet).
__-3. La crise financière dite des « subprime » est d’une ampleur inédite. Elle a frappé directement les banques, elle était par conséquent vouée à produire des effets récessifs de première grandeur.
__4. Laisser se creuser les déficits publics est un impératif conjoncturel dans ce genre de situation récessioniste. Le déficit est d’autant plus grand que la récession est violente, celle-ci l’étant dans les mêmes proportions que le choc financier qui l’a déclenchée. Mais c’est ainsi.
__-5. Bien sûr, on peut vouloir déférer aux marchés et tenter de cadenasser le déficit budgétaire – à l’image des cinglés qui proposent de constitutionnaliser une règle d’équilibre budgétaire sans même se rendre compte qu’ils auraient l’air malin en ce moment. Il faut simplement savoir que tenter de réduire ou de maintenir le déficit en phase de récession demande des hausses d’impôts et des baisses de dépenses si violentes qu’elles aggravent immanquablement la situation qui leur a donné naissance… laissant au total les finances publiques dans un état plus dégradé qu’au départ ! (car l’approfondissement de la récession fait chuter les recettes fiscales plus vite que ne s’opère l’ajustement budgétaire), Avec juste en prime un taux de chômage à deux chiffres (dont le premier n’est pas nécessairement 1). Splendide résultat.
Le cas de la Lettonie, généralement jugé admirable par la presse économique, est assez spectaculaire sous ce rapport. Car ça n’est pas faute d’avoir fait saigner la bête en contrepartie des 10 milliards de dollars du FMI et de l’UE. Réduction des salaires de fonctionnaires de 25 % et réduction de leurs effectifs de 20 %... Avec pour remarquable effet que le déficit budgétaire… s’est creusé encore plus ! Il est passé à 9 % pour 2009. Mais patience, ça va payer. Pour 2010, il est prévu à… 8,5 %, gain époustouflant qui justifie largement de continuer la potion.
__-6. A ma droite ce qu’il faudrait faire pour calmer les marchés, à ma gauche le contraire qui convient pour ne pas trop maltraiter les populations dans l’épisode récessioniste (d’origine financière). L’antagonisme est maintenant constitué : corps sociaux vs. finance. On n’attend plus que de voir comment les pouvoirs politiques vont arbitrer.
__-7. Comme toujours ils tenteront de s’en tirer en donnant un peu à chacun. Mais dans quelles proportions ? Et surtout avec quel espoir d’efficacité ? Car dès lors qu’ils passent en mode « foldingue » les marchés sont encore moins capables de moyen terme qu’au naturel. Or le pilotage sans casse d’un ajustement budgétaire est très possible, en premier lieu parce que celui-ci s’effectue pour l’essentiel par le retour de la croissance mais, par conséquent, à la condition de pouvoir tenir l’horizon temporel adéquat – qui est de trois à cinq ans. Et pas de trois semaines. Strictement incapables de voir au delà quand leurs croyances collectives se polarisent à la défiance, les sur-réactions de court terme des marchés ont au surplus les pires propriétés autoréalisatrices possibles : les ventes spéculatives massives des titres publics en font plonger les cours, donc grimper les taux, avec pour effet d’alourdir immédiatement le coût de la dette variable ou renouvelable. La crise grecque est gérable tant que les taux sont de 5 %, elle ne l’est plus quand ils passent à 8 ou 10, ce qui s’est produit en quelques semaines, à situation objective quasi-inchangée et du seul fait de l’emballement spéculatif ! – lequel trouve là une confirmation de son propre bien fondé sans voir qu’il a, par ses effets d’autovalidation, produit entièrement à lui seul la « confirmation » en question…
__-8. Le propre de l’entrée en régime de délire de l’opinion financière ne tient pas seulement à la puissance de ces effets d’autoréalisation mais également à la dramatique dégradation des termes de l’arbitrage que s’escriment à rendre les gouvernements entre la finance et leur corps social. Car l’intensification de l’angoisse collective des marchés a pour résultat l’élévation potentiellement indéfinie des mesures capables de venir l’apaiser. Obtenir une satisfaction marginale donnée de la finance oblige à faire subir une « désutilité » marginale surproportionnelle à la population. Dit autrement, « acheter » un même « degré » de « tranquillisation » de la finance devient d’un coût économique et social explosivement croissant. À mesure que son jugement se dérègle, le Shylock moderne ne veut plus seulement une livre de chair, mais trois kilos, et puis cinq… et puis quoi encore à la fin, la bête entière ? En situation de crise aiguë, les gouvernements qui s’engagent dans cette voie du « compromis » sont certains d’en sortir en lambeaux – façon de parler puisque ce sont les populations qui sont en fait destinées à la charpie...." (F.Lordon)
- Quand c'est fini ça recommence! (2)


-Europe: un plan à 1.000 milliards de dollars qui rassure mais ne résout rien:
"...les analystes qui annoncent la naissance tant attendue d'une Europe économique et politique pourraient être vite démentis. Certes, les sommes annoncées sont importantes. Mais le mécanisme imaginé laisse à penser que les pays européens ont davantage voulu impressionner les marchés que marquer une volonté réelle de faire jouer la solidarité européenne. «Le plan européen est une dose de morphine qui soulage le patient, mais le vrai traitement est encore à venir» , remarque Marek Belka, responsable européen du FMI.
De fait, la vraie question est sur le traitement à venir.
Bien que théorique, le choix des critères retenus pour le redressement des finances publiques dans les pays européens n'a pas été soulevé. A l'unisson, les gouvernants européens prônent le retour aux critères du traité de Maastricht: le déficit public ne doit pas dépasser 3% du PIB par an et les dettes publiques ne doivent pas franchir la barre des 60% du PIB. La défaite électorale d'Angela Merkel, l'affaiblissement de Nicolas Sarkozy rendent compliquée la réouverture de cette question: affaiblis, les gouvernements allemand et français n'ont aucune capacité de manœuvre pour engager un tel débat...
Le contrôle des finances publiques est indispensable mais fallait-il le faire à cette vitesse? Depuis, les pays européens multiplient les plans de rigueur. La quasi-faillite de la Grèce pousse les gouvernements européens à passer de la rigueur à l'austérité. Pour convaincre les marchés, chacun fait assaut d'annonces: c'est à qui aura le budget le plus sévère, le programme social le plus rigoureux pour assurer leur crédibilité. Se sachant très vulnérables en cas de nouvelles attaques et souhaitant donner des gages à l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal ont ainsi annoncé dès dimanche un renforcement de leur plan d'économies. Madrid, qui a affiché un déficit public de 11,2% du PIB en 2009, avait prévu de le ramener à 9,8% cette année. Désormais, il veut le rabaisser à 9,3%, ce qui représente 15 milliards d'euros d'économies supplémentaires. Lisbonne, qui pensait abaisser son déficit de 9,4% en 2009 à 8,3% cette année, a décidé de l'abaisser d'un point de plus dès cette année pour atteindre 7,3% du PIB. Et on ne parle pas de la Grèce, priée de ramener son déficit de 13,8% à 3% d'ici à 2014.
Il n'existe aucun exemple de pays qui ont su réduire à un tel rythme leur déficit public, sans que leur plan soit accompagné de dévaluation et (ou) de restructuration de dettes, afin de soutenir le rebond de leur économie. Pourtant, l'Europe s'entête. Alors que la crise, contrairement à toutes les annonces, est loin d'être achevée, elle entend imposer une déflation économique et sociale, tout en maintenant une fixité des données financières et monétaires.
Loin de rassurer les marchés, ce dogmatisme monétaire et économique constitue plutôt une menace à leurs yeux. Pour beaucoup, ce programme inadapté en temps de crise risque de plonger l'Europe entière, voire le monde, dans une grave récession et créer des tensions économiques, sociales et politiques de plus en plus dangereuses au sein de l'Union. «Le programme de rigueur européen est irréaliste. Plutôt que d'annoncer une rigueur généralisée dans un calendrier intenable, il serait plus sain que les gouvernements s'engagent sur une baisse de 1% de leur déficit par an. La réduction de l'endettement prendrait plus de temps, mais il serait clair qu'il y a une volonté européenne et même une certaine convergence entre les pays», explique un banquier..."

Enfin, il y a un silence troublant dans le programme européen. A aucun moment, le gouvernement de l'un ou l'autre pays n'a évoqué le sujet de régulation financière. Pourtant, la crise de la dette souveraine en Europe repose d'urgence un certain nombre de questions agitées au moment de la faillite de Lehman Brothers, notamment celle des ventes à découvert, de l'opacité des marchés de dérivés de crédit, des ventes à haute intensité, des hedge funds, etc.___Il y a dix-huit mois de cela, les promesses de réforme ne manquaient pas. Rappelons-nous: c'en était fini des paradis fiscaux, de l'économie casino, des financiers sans responsabilité. Dix-huit mois plus tard, rien ne s'est passé. La faute au long processus de la démocratie, qui impose des consensus, comme l'expliquait péniblement Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux affaires européennes ce matin sur France Inter? La responsabilité incombe plutôt à l'absence de volonté politique en Europe.

Pendant que les gouvernements européens s'empressent d'oublier ce grave débat, les Etats-Unis, eux, avancent. Un projet de loi de 1.800 pages est en discussion au Sénat qui prévoit la séparation entre les activités des banques de dépôts et des banques d'investissement, de nouvelles règles de provisions sur les marchés de dérivés et pour les activités de trading sur fonds propres. Tout ne verra peut-être pas le jour mais le gouvernement affiche sa détermination à encadrer le monde financier, selon des règles qui feront jurisprudence: son combat contre Goldman Sachs est l'affirmation qu'un établissement financier quel qu'il soit ne peut être plus puissant que le gouvernement des Etats-Unis.
En Europe, rien de cela. Pas un mot, pas un projet."
(M. Orange)

-Le second hold-up des marchés financiers
-Crise systémique, vers une dette européenne
-Dette publique, dette publique... Et la dette privée alors ?

-Ces banques qu'il faut toujours sauver...
-C'est la 2° fois qu'on sauve les banques
-Crise de l'euro : partie de poker truqué et gros mensonges
-Crise systémique
-Rien n'a changé?
-L’économie française au bord de la récession
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-Fin de crise ? (1)

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