jeudi 13 mai 2010

Rigueur: pour qui?


A contre-plan

-Vers une asphyxie économique , dans une Europe en grand risque de déflation sociale...

"Le pacte de stabilité européen joue aujourd'hui comme un pacte récessif. Alors qu'il faudrait un autre pacte. Un pacte économique et un pacte social, dessinant un autre avenir" (L.M.)

[Mode ironique -on]"Nous devons tout faire pour éviter que les victimes de la crise ne deviennent des exclus que nous ne pourrions plus réinsérer dans l'économie et dans la société. L'exclusion, c'est sans doute ce que la crise peut engendrer de plus grave", a ajouté Nicolas Sarkozy. "La crise est aussi un puissant révélateur de nos défaillances et de nos faiblesses et faire le dos rond en attendant que ça passe serait une erreur", a-t-il jugé estimant que "nous avons laissé faire la part trop belle au capital financier".[Mode ironique -off]

Une absurdité économique?
Une mauvaise réponse...

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-L’heure de vérité:
"...Le faramineux plan de sauvegarde concocté à Bruxelles se heurte à un scepticisme généralisé, comme le prouve la flambée de l’or qui redevient une valeur-refuge et la remontée des taux d’intérêt exigés de la Grèce. Gageons que, bientôt, même Frédéric Lefebvre ne clamera plus que c’est Sarkozy tout seul, comme un grand, qui en a eu l’idée.
En fait, c’est Barack Obama qui a exigé cette mobilisation virtuelle de 750 milliards de dollars pour éviter une dégringolade de l’euro, ce qui aurait dopé excessivement le dollar et cassé le début de reprise américaine...
notre croissance en 2009 et au premier trimestre 2010 ayant été beaucoup plus faible qu’annoncée, notre dette a d’ores et déjà augmenté de 1 % (en part de PIB). Et, il se confirme, en outre, que la reprise économique pour 2010 et 2011 sera, au mieux, deux fois moins dynamique que prévue : moins de 1 % en 2010.
Ajoutons que les mesures lourdes d’austérité prises dans plusieurs pays, qui sont nos partenaires et clients, et la réduction de nos propres dépenses (au mieux de 10 % en trois ans) risquent même de rendre plus grises encore ces prévisions. Donc, mécaniquement, les suppléments de recettes attendus vont faire défaut. En conséquence, pour réduire les déficits, ne serait-ce que de 3 %, si on ne veut pas s’attaquer au système fiscal, ce sont à des coupes budgétaires d’une extrême brutalité qu’il va falloir procéder. Lesquelles auront à leur tour un effet récessionniste.
Le reste est camouflage et poudre aux yeux.
...Des mesures de rigueur acceptables et efficaces, on pourrait en décliner quelques-unes : si on récupérait les 15 milliards qu’a coûté la loi TEPA, défiscalisation des heures supplémentaires comprise ; les 23 milliards correspondant aux niches fiscales les plus iniques, telle la fameuse niche Copé qui exonèrent les plus-values générées par les ventes de filiales de grandes société ; les 20 milliards que représentent ce que nous dépensons de plus que l’Allemagne et la Grande-Bretagne en matière militaire ; les 20 milliards qui correspondent à la partie la plus obsolète des réductions de charges sociales accordées aux grandes entreprises pour faire passer les 35 heures ; les 3 milliards de baisse de TVA sur l’hôtellerie et la restauration qui n’ont quasiment pas créé d’emplois ; les milliards de trop que coûte le train de vie de l’Etat, présidence de la République en tête (le plus dispendieux, et de loin, de toute l’Europe en frais de personnel, d’apparat, de protection, de transport, de communication, etc.) ; et quelques autres milliards qui servent à subventionner des associations bidons ou amies, voire des clientèles… si, donc, on réinjectait dans le budget ces quelques 90 milliards que représentent, soit des dépenses abusives, soit des moindres recette aberrantes, on réduirait considérablement le déficit des comptes publics.
Mais, il est évident qu’on ne fera pas ces choix-là. On préférera, entre autres, couper dans les dépenses sociales..."

-Bonjour l'austérité! Adieu la reprise, au diable le social!
"Alors que dans toute l'Europe des politiques d'austérité se mettent en place, plus ou moins violentes selon les pays, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié ce mercredi 12 mai une rafale d'indicateurs qui viennent alimenter le doute sur la pertinence de cette purge administrée à des économies encore malades. Cette série d'indicateurs confirment en effet la gravité de la crise et de la récession que la France a traversées en 2009, mais surtout ils font apparaître une réalité inquiétante pour l'avenir: la reprise attendue en ce début d'année 2010 n'est pas au rendez-vous.
D'où une interrogation qui risque de prendre de plus en plus d'ampleur au cours des prochains mois: la coordination des politiques restrictives qui a été décidée dans la zone euro ne va-t-elle pas conduire dans le pire des cas à faire replonger certains pays dans la récession, et dans le meilleur des cas, comme dans celui de la France, à casser tout espoir de reprise et à maintenir le pays, à demi asphyxié, dans une situation de croissance zéro.L'interrogation prend d'autant plus de relief, en France, que Matignon a confirmé que, parmi les mesures d'austérité budgétaires envisagées pour les trois prochaines années, les dépenses sociales seraient au premier chef concernées, dont les dépenses qui profitent au plus démunis, comme l'Aide pour le logement (APL), le Revenu de solidarité active (RSA) ou encore l'Allocation pour adulte handicapé (AAH)...
...si la détérioration de la dette publique de 10,6 points en 2009 est historique, un autre chiffre retient l'attention. Déjà en 2008, la dette publique s'était détériorée de presque 4 points. Ce qui souligne une réalité que l'Elysée s'applique à masquer: le creusement des déficits et de la dette n'est pas, en France, que le produit de la récession; c'est aussi le résultat de la politique économique impulsée par Nicolas Sarkozy qui, dès son élection, a multiplié des gestes ou des baisses d'impôts discutables. C'est ce qui transparaît aussi de ces comptes nationaux.

...Mais c'est une troisième publication de l'Insee, les comptes nationaux du premier trimestre de 2010 (que l'on peut télécharger ici), qui retient surtout l'attention. Car ils font apparaître que la croissance a été au cours de ce trimestre de seulement +0,1%. Or, cette indication est inférieure à ce que le gouvernement escomptait et ce que l'Insee espérait dans ses dernières prévisions, celles de mars dernier (que l'on peut consulter ici): l'institut tablait alors sur une croissance de +0,2% et 0,3% respectivement aux premier et deuxième trimestre de cette année 2010.
Pour le gouvernement, cela va donc être la douche froide. Lui qui escompte une croissance (déjà très faible) de 1,4% sur l'ensemble de l'année, il a désormais la quasi-certitude qu'il n'atteindra pas même cette barre. Car le scénario que dessine l'Insee est celui d'une économie qui n'arrive pas à redémarrer. Après un hoquet de croissance au dernier trimestre de 2009 (+0,5%), l'économie française a fait, ensuite, comme une vieille «deux-chevaux» sur un terrain accidenté: elle a brutalement calé. En bref, la reprise annoncée n'est pas au rendez-vous....
Sous couvert de «renforcer la gouvernance économique de la zone euro», Sarko et Merkel proposent de renforcer la surveillance budgétaire des Etats, le contrôle statistique et la responsabilité budgétaire de chaque Etat-membre. Les deux avancent aussi une évidence : «les Etats ne devraient pas être contraints de secourir les banques». Le sont-ils donc toujours ? Oui.
La régulation du secteur bancaire, promise en octobre 2008, n'a pas progressé.
Vendredi, les dirigeants européens se retrouvaient à Bruxelles pour un sommet de crise. L'analyse des statistiques européennes est édifiante sur notre propre situation: la France affiche des déficits plus importants que la moyenne de la zone euro, comme la Grèce, le Royaume Uni, l'Espagne et le Portugal. Il y avait urgence à rassurer les traders.
Une cure d'austérité pour les pauvres, des oeillades aux traders de tous les marchés, le programme de ces prochains mois s'annonce riche...
Le plan de secours mis au point en catastrophe pour sauver l'euro n'exigeait-il pas, dans son prolongement, qu'un débat ait lieu sur les critères de convergence du traité de Maastricht? Pourquoi dans la foulée n'avoir pris aucune véritable mesure pour faire reculer une spéculation folle, qui a mis l'Europe en général et la Grèce en particulier dans cette invraisemblable tourmente? Pourquoi faudrait-il «rassurer» ces mêmes marchés – comme s'ils étaient les gardiens des pratiques de saine gestion! – en leur offrant, en contrepartie du plan de sauvegarde de l'euro et des gestes de la Banque centrale européenne, cette cascade de plans d'austérité?
Les statistiques de l'Insee viennent donc souligner l'enjeu de cette controverse. Dans le prolongement de cette politique, il y a un danger. Le risque de l'asphyxie économique. Selon les cas, le risque de la croissance zéro ou celui de la rechute dans la récession.
__Ce risque est donc économiquement discutable. Mais il apparaît aussi socialement intolérable. Car Matignon vient en effet de confirmer que parmi les mesures budgétaires d'austérité envisagées pour les trois prochaines années, il n'y a pas que les dépenses de fonctionnement de l'Etat qui seront rognées – de 10% sur les trois années 2011, 2012 et 2013. Comme Mediapart l'avait déjà évoqué, Matignon envisage de réduire aussi de 10% sur la même période ce que l'on appelle les dépenses d'intervention de l'Etat, qui regroupent notamment toutes les aides sociales de l'Etat, comme l'APL, le RSA ou l'AAH. C'est ce qui transparaît de la «lettre de cadrage» budgétaire que François Fillon vient d'adresser aux membres du gouvernement.

Confirmant une information parue dans le quotidien
Les Echos, le premier ministre indique que «pour l'ensemble des dispositifs d'intervention, notre objectif doit être de réaliser le même effort que sur les dépenses de fonctionnement, soit une baisse en valeur de 10%».
___Incohérent au plan économique, le cap fixé par l'Elysée et Matignon – de concert avec les autres pays de la zone euro – apparaît donc socialement paradoxal et très injuste. Car la récession de l'an passé n'a pas fini de faire sentir son onde de choc sur le marché du travail, avec en perspective une hausse du chômage qui ne devrait pas s'interrompre au cours des prochains mois, et une sortie par centaines de milliers de gros contingents de chômeurs des systèmes ordinaires de protection sociale. Depuis plusieurs mois, on sait donc que 2010 sera l'année, en France, d'un grave séisme social.Or, c'est dans cette conjoncture sociale très déprimée que l'Etat choisit de faire de lourdes économies précisément sur les derniers filets de protection sociale qui profitent à ceux qui sont en chemin vers l'exclusion sociale. Incohérent autant que choquant.Grave débat, donc ! Le pacte de stabilité européen joue aujourd'hui comme un pacte récessif. Alors qu'il faudrait un autre pacte. Un pacte économique et un pacte social, dessinant un autre avenir, plus souriant..." (L.Mauduit)
-La rigueur pour les pauvres
-Cette austérité qui gagne l'Europe

-Rigueur: moins de fonctionnaires ou une autre fiscalité?
-Bruxelles veut un droit de regard sur le budget des Etats


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-Potion magique ou létale ?
-Fin de crise ?
-Grèce: détresse___-La Grèce, l'euro et les spéculateurs

-Refonder la finance

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