mardi 11 janvier 2011

Possibilité(s) d'une île...rebelle

Révolution silencieuse en Islande?

_Bien sûr, ce n'est qu'une île, à la population réduite, avec ses particularités .
Mais peut-être représente-t-elle une sorte d'exemple de sortie de crise originale et démocratique ou une invitation à inventer d'autres moyens moins douloureux et moins injustes que ceux mis en place dans d'autres pays.
Une remise en question de la dictature des grandes banques d'affaires, qui tiennent ailleurs le pouvoir à leur merci.


__En octobre 2008, le pays des volcans connaissait un éruption inhabituelle, aussi inattendue que brutale.
On découvrait avec stupeur les affres d'un pays que l'on oubliait ou que l'on croyait sans problème.

Mais la faillite éclatait, manifeste. Le pays était au bord du gouffre.
"...
En l’espace de sept jours au mois d’octobre, les trois principales banques du pays sont devenues insolvables et le gouvernement a été forcé d’intervenir pour les reprendre. Le gouvernement travailliste de Gordon Brown en Grande-Bretagne a eu recours aux lois anti-terroristes pour essayer de faire revenir de force les centaines de millions investis en Islande par des particuliers, des fonds de retraites d’entreprises, des municipalités, des associations caritatives et des forces de police. La plupart de ces investissements ne seront pas récupérés.L’échelle colossale des pertes provient de ce que l’Islande a cherché à devenir un centre d’investissements spéculatifs internationaux, et ce en indexant les taux d’intérêt des banques à l’inflation qui dépassait les 15 pour cent. Les banques islandaises proposaient des taux d’intérêt souvent supérieurs de 50 pour cent aux taux disponibles ailleurs.A leur apogée, les banques islandaises détenaient des avoirs étrangers équivalant à dix fois le produit intérieur brut (PIB) du pays, avec la majorité de ces investissements fondés sur des prêts internationaux. Cela représentait une énorme bulle spéculative reposant sur une pyramide de dettes non viables.L’Islande est effectivement en faillite et incapable de rembourser ses dettes colossales...."

__On y voyait une sorte d'annonce d'une possible contagion à d'autres pays d'Europe, l'Irlande notamment.
La
presse découvrait l'Islande, qui n'était plus présentée seulement comme une destination prisée par les touristes avides d'images fortes.
Mais les Islandais ont dit non aux banquiers, qui se prétendaient ignorants de la situation, et ont refusé de répondre aux exigences de remboursement des banques nééerlandaises et anglaises, qui avaient massivement investi.
D'abord aux bruits des casserolles, puis par des mesures radicales, une sorte de nouveau contrat social, facilitées par l'ampleur du problème et la solidarité d'une population réduite.

"...confronté à la faillite brutale du système bancaire, le pays fait le choix de nationaliser les banques. Très vite le pays doit faire face à la faillite d’Icesave, une banque en ligne dont les opérations étaient tournées notamment vers le Royaume-Uni. Sous la pression de la commission européenne le gouvernement soumet un projet de loi au parlement prévoyant le règlement de la dette par l'Etat islandais. Le parlement vote le renflouement des banques. Le texte prévoit le paiement échelonné d'ici à 2024 d'environ 3,8 milliards d'euros, soit l'équivalent de près de 40% du produit intérieur brut annuel de l'île, ruinée par l'effondrement de ses banques en octobre 2008.
Mais les contribuables irlandais ne l'entendent pas de cette oreille. Une pétition citoyenne circule, ratifiée par près d'un islandais sur quatre . Le Président du pays, Olafur Grimsson refuse de promulguer la décision éminemment politique et prend l'initiative de soumettre ce choix de politique à référendum. Les Islandais rejetteront le texte à la majorité écrasante de 93%.
_Consécration de cette
révolution, l’élection d’une Assemblée constituante le 27 novembre 2010. Un appel à candidatures (étaient exclus les élus nationaux. Il fallait avoir dix-huit ans révolus et être soutenu par au moins trente personnes) a suscité des vocations chez 522 volontaires. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants
.__Les constituants se réuniront à partir de la mi-février 2011 et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui rev
iennent le plus souvent, on peut noter la réaffirmation de la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. Il s’agit donc de l’élaboration d’un nouveau contrat social et, pour un tel objectif, il faut, ce que beaucoup ici semblent ignorer, la participation de toute la nation.
__Dans une interview avec l’agence d’information financière Bloomberg, le Président Olafur Grimsson explique :
« La différence [avec l’Irlande] c’est qu’en Islande nous avons laissé les banques faire faillite. C’étaient des banques privées et on n’y a pas injecté d’argent pour les maintenir à flot ; l’Etat n’a pas à assumer cette responsabilité. » Il renchérit :« L’Islande se porte bien mieux qu’attendu » et ajoute :
« Peut-on demander aux gens ordinaires – les agriculteurs et les pêcheurs, les enseignants, les docteurs et les infirmières – d’assumer la responsabilité de la faillite des banques privées ? Cette question, qui fut au cœur du débat dans le cas de la banque islandaise Icesave, va être la question brûlante dans de nombreux pays européens. » (JJ.R)
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___Comme le dit P.Krugman: "... l'Islande semble faire mieux, pour le moins, que son quasi-homonyme. Sa crise économique ne fut pas pire que celle de l'Irlande, ses pertes d'emplois moins sévères, et elle semble en meilleure posture pour une reprise. En fait, les investisseurs semblent considérer aujourd'hui que la dette islandaise est plus sûre que la dette irlandaise. Comment une telle chose est-elle possible ? …… l'Islande a laissé les créanciers étrangers des banques qui s'étaient emballées payer le prix de leur propre manque de jugeote plutôt que d'obliger ses propres contribuables à garantir de mauvaises dettes privées. Comme le note le Fonds monétaire international - d'un ton approbateur ….
L'Islande a également bénéficié du fait que, contrairement à l'Irlande, elle possède encore sa propre monnaie : la dévaluation du krone, qui a rendu les exportations islandaises plus compétitives, fut un facteur important dans la limitation de la crise islandaise...."

Une sorte de révolution démocratique
imposée par la nécessisté, l'urgence, et le statut particulier de l'île, hors zône euro. Avec ses limites et ses tâtonnements bien sûr.
Une rebellion
contre la haute finance internationale ,
mais qui ne peut encore se passer de l'aide du FMI, qui vient de débloquer une nouvelle tranche d'aide .

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