___Vous avez aimé Plomb durci, vous adorerez Pilier de défense...
Malheureusement ce n'est pas du cinéma, mais de tragiques répétitions où la population souffre en première ligne et où sont détruits sélectivement des bâtiments administratifs, opérations préparant de plus grands chaos futurs...
S'agit-il de renvoyer Gaza, cette prison à ciel ouvert, au Moyen-Age?
__Rien n'a changé depuis 2008.
Pas tout à fait. Le désespoir a grandi d'un côté, tandis qu'à Tel-Aviv, Netanyahou, utilisant les vieilles recettes machiavéliques et selon un nouvel agenda, un jeu à plusieurs bandes, s'allie aux ultranationalistes. Le Hamas, produit de l'intransigeance de son voisin surarmé, récolte les colères accumulées.
Dans cette confrontation asymétrique, la voix de la raison ne se fait plus entendre. L'opinion est devenue captive, par peur ou par lassitude, ne croyant plus à la paix, dont certains s'obstinent encore à rêver, refusant la haine. Haine qui s'exporte dans la communauté juive, elle-même divisée.
___________ "Il y a deux considérations. Une qui relève de la politique intérieure, l’autre de politique extérieure. D’abord, ça devient de plus en plus une tradition en Israël: les campagnes électorales s’accompagnent d’une attaque. La dernière opération contre Gaza en 2008-2009 («Plomb durci»), c’était aussi pendant une campagne. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou est tenté d’être dans une confrontation militaire pour radicaliser la société israélienne. Ils savaient très bien que le Hamas ne manquerait pas de riposter. Ils comptent convaincre un certain nombre d’électeurs que la meilleure option demeure les plus radicaux, eux-mêmes.Ensuite, on est à deux semaines d’un probable vote aux Nations unies sur le statut de la délégation palestinienne pour son admission comme État nom membre. Israël n’en veut pas mais est minoritaire à l’ONU sur cette position. En lançant une confrontation militaire avec Gaza, il soude derrière lui une partie des hésitants tentés de ne pas vouloir se prononcer, pour ne pas donner l’impression de soutenir les Palestiniens contre Israël. Les réactions d’une partie de l’Union européenne montrent que cela fonctionne. Très nuancées, elles renvoient dos à dos le Hamas et Israël..." (J.S.)
Amos Oz |
" ...L’ère des grands discours sur la paix prochaine dans le conflit israélo-palestinien est aujourd’hui enterrée. Car ce point de vue n’est pas seulement la parole privée d’un candidat conservateur : il est celui de l’administration Obama et de la plupart des dirigeants et analystes du Proche-Orient. En dépit des exhortations publiques et des professions de foi, l’heure est à la résignation...dès le deuxième jour de son mandat, il nommait l’ancien sénateur George Mitchell pour lui servir d’émissaire dans la région et, très vite, Hillary Clinton au Département d’État comme Joe Biden à la vice-présidence faisaient savoir au premier ministre israélien qu’il fallait appliquer le gel des colonies.
Cependant, tout aussi vite, l’engagement Obama est retombé dans les mêmes impasses qu’auparavant : « navette » improductive de son émissaire, baladé d’un camp à l’autre, intransigeance israélienne accrue (avec l’arrive de Benyamin Netanyahou au pouvoir en mars 2009), poids du lobby israélien à Washington, divisions palestiniennes entre Hamas et Fatah. De plus la situation internationale s’est vite focalisée sur d’autres tensions qui ont fait passer le conflit israélo-palestinien au second plan : le nucléaire iranien, puis les révolutions arabes...
A vouloir congeler ce conflit, ou à l’écarter de ses sens comme les trois petits singes, les États-Unis – et le reste de la communauté internationale – vont devoir faire face à des questions auxquelles il est difficile de répondre. C’est le spécialiste américain des relations internationales Stephen Walt qui les pose le mieux : « Si la solution “Deux États pour deux peuples” est abandonnée, que se passe-t-il ? Abandonnons-nous le principe “une personne, une voix” et entérinons-nous l’apartheid ? Abandonnons-nous notre engagement à l’égard d’un État juif en soutenant un État démocratique pour tous les habitants d’Israël et de Palestine ? Ou encourageons-nous discrètement le nettoyage ethnique ? »
___C'est pourtant Obama qui disait, il y trois ans: « Etant donné notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève une nation ou un groupe au-dessus d’un autre échouera inévitablement. » Mais le poids de l'AIPAC et la diplomatie de Tel-Aviv ont eu raison de ses velléités.[“Je veux vous dire ceci très clairement, ne vous en faites pas à propos de la pression américaine sur Israël, nous, les Juifs, contrôlons les États-Unis, et les Américains le savent.” (- Ariel Sharon parlant à Shimon Peres, le 3 octobre 2001,]
_Lieberman lui-même devra s'y résigner un jour: on ne négocie qu'avec ses ennemis, sans attendre que les Palestiniens soient des Finlandais, comme disait C.Enderlin. Ce sera la paix ou le chaos.
_____________La résignation et le fatalisme, fruits du désespoir, sont les pires ennemis d'un quelconque dispositif de négociation et de paix, que ne souhaite pas l'extrême-droite isrëlienne, afin de maintenir la Palestine en morceaux pour mieux continuer à coloniser en Cisjordanie.
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-Plus ça change, plus c'est la même chose...
-Les occasions manquées de la paix
-L'armée est devenue une fin en soi
-Médias, faits et interprétation
- La tragédie palestinienne continue
- Opération « Pilier de Défense »
-Un journaliste de The Independant rémoigne
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