Pour le meilleur ou pour le pire?...
_______________________ ______Si l'évolution continue à bas bruit, l'histoire, sous l'aspect de notre environnement technique, s'accélère spectaculairement sous nos yeux.
La technique n'a pas seulement modifié le milieu, elle est en passe de fournir à l'homme des possibilités physiques et mentales qu'on n'aurait osé imaginer il y a encore 20 ans.
Elle nous place, par les perspectives ambivalentes qu'elle ouvre, entre crainte et espoir.
L'impensable d'hier paraît réalisable dans un futur proche.
Les anciennes limites se voient repoussées, autour de nous comme en nous: l'homme augmenté est en route. Mais vers quoi? Pour quoi?
__Si certaines anticipations semblent prometteuses, d'autres s'apparentent à de gentilles rêveries ou à des fantasmes pervers, où l'idéal mythique de perfection humaine renoue avec une vieille tradition, recyclée au goût du néo-scientisme et du technicisme triomphants.
L'imperfection naturelle et morale de l'homme et finalement sa mortalité ne sont-elle pas des donnée largement incontournables?
Le transhumanisme, auberge espagnole aux contours flous, côtoyant le posthumanisme, véhicule une notion de progrès revue et corrigée à l'époque de l'homme bionique.
_____ De ce point de vue, comme biologiste, Jacques Testart fait une mise au point utile sur certains délires propres au transhumanisme et sur certains dangers:
" ....se profilent, d’abord pour de grands handicapés, des dispositifs
intégrés au cerveau pour en augmenter l’efficacité ou pour lui permettre
d’entrer en relation avec l’extérieur ou avec la machine, sans la
médiation usuelle de la parole ou de l’écriture. Le « génie tissulaire »
promet aussi de remplacer chaque organe défaillant par du neuf,
régénéré in situ comme la queue des lézards ou reconstruit avec des
cellules souches greffées.De tels projets vont bien au delà des gadgets,
telle la puce électronique introduite sous la peau pour commander
l’ouverture d’une porte, qui ne sont que des dispositifs facilitateurs
transformant l’homme en robot plutôt qu’en surhomme.
Plus inquiétante,
la dernière famille des propositions pour forcer les capacités humaines
concerne des propriétés héritables, quand la faculté nouvelle est
tellement intégrée à l’organisme qu’elle en devient indissociable et
sera transmise à la descendance. Ce caractère d’héritabilité correspond à
un changement d’espèce et c’est ce qui fait la gravité de tels projets.
Les transhumanistes, puissants aux USA parmi les chercheurs les plus
brillants (et bien présents mais discrètement en Europe), sont
persuadés qu’à l’échéance de quelques décennies, le cerveau sera bien
plus performant et aussi que l’immortalité sera possible. Les mêmes sont
souvent en faveur de l’élimination de populations entières car il
faudra bien faire de la place pour les surhommes inusables .Au-delà de
la transgenèse et grâce à la « biologie synthétique » qui emprunte
autant à l’informatique qu’à la biologie (avec un zest de physique grâce
aux nanotechnologies), des perspectives glorieuses surgissent.En 2010,
les médias annoncèrent que le généticien Craig Venter aurait « créé la
vie » parce qu’il avait substitué un ADN de synthèse à celui contenu
dans une bactérie . Sans négliger cette performance technologique on est
bien loin de créer du vivant quand on se sert d’un être déjà vivant (la
bactérie privée de son ADN) comme réceptacle d’une molécule inerte
(l’ADN) pour reconstituer un nouvel être vivant.. Mais le délire des
transhumanistes ne s’arrête pas à cette stratégie du haut vers le bas
promue par C Venter, ils promettent plus fort : du bas vers le haut en
assemblant des molécules inertes pour construire des organismes vivants
complètement inédits, pourquoi pas des humanoïdes puisque toute
frontière entre l’homme, l’animal et la machine ne pourrait que relever
d’une idéologie passéiste?...
La place de l’homme devient relative : on
nous promet la création de machines intelligentes, combinaisons de
l’humain et du machinique, libérées de la violence et du sexe, et
capables de s’autoreproduire. La démesure mais aussi la déculturation à
l’œuvre dans les projets transhumanistes, est évidente avec le MOP
(macro organisme planétaire) dans lequel les individus, dépourvus
d’identité, seraient reliés entre eux pour former un monstre unique dont
le cerveau serait le réseau internet…"
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