jeudi 14 février 2013

La dette, encore

 La dette, la dette...
__________________Comme la cassette d'Harpagon, on répète frénétiquement son nom...
Elle est au centre des échanges entre économistes, dans des débats souvent divergents.
Certains l'objectivent, la chosifiant,  la substantialisant,  comme une réalité s'imposant de l'extérieur, comme la parfois pesante dette domestique, avec laquelle l'amalgame est souvent faite, malgré la différence de nature entre les deux.
Beaucoup de confusions, d'aveuglement et d'affolement, autour du problème de la dette, qui finit par prendre, de manière obsessionnelle, le premier plan médiatique, sans que l'on en fasse la génése, la mise en perspective, sans qu'on en démonte les mécanismes économiques et politiques..
Mais la dette mérite-t-elle cet excès de publicité et de dramatisation, même dans les cercles gouvernementaux?
__La priorité de Bercy est de réduire la  dette publique.
C'est devenu une priorité, à l'heure de l'euphorie financière, où les marchés font peser leur dictature sur les Etats asservis.
"La crise des années 2008-2012 ne provient pas de la hausse excessive des dépenses, des déficits ou des dettes publics. En 2007, le solde public de l’ensemble des pays de l’OCDE ne présentait qu’un déficit de 1,3% du PIB ; celui de l’ensemble des pays de la zone euro de 0,7%. Les dettes publiques étaient stables, à 40% du PIB pour la dette nette de l’ensemble des pays de l’OCDE (Voir Mathieu et Sterdyniak, 2011). Mais la crise a provoqué une forte hausse des déficits et dettes publics puisque les États ont dû intervenir pour sauver les systèmes financiers, pour soutenir l’activité et ont enregistré une forte baisse de leurs recettes fiscales. La plupart des pays développés ont connu une hausse de leur dette publique nette de l’ordre de 30 points de PIB. En 2012, les déficits des États-Unis et du Royaume-Uni restent de 8,5% du PIB, celui du Japon de 10%, dans la zone euro, le déficit moyen est de 3,3% du PIB, mais il dépasse 6% en Grèce, 8% en Irlande et en Espagne.
Pour les institutions internationales et les marchés financiers, la question essentielle est devenue celle des finances publiques. À partir de 2009, ceux-ci ont exprimé des doutes sur la soutenabilité des dettes publiques et ont réclamé de fortes réductions des déficits budgétaires, même si ceux-ci restaient nécessaires pour soutenir l’activité. Les marchés financiers ont imposé de fortes primes de aux dettes publiques de certains pays de la zone euro, ce qui a contribué à déséquilibrer leurs finances publiques...
 Il faut redonner des marges de manœuvre aux politiques budgétaires en prenant des mesures fortes, à l’échelle européenne et mondiale, pour lutter contre l’évasion fiscale, éradiquer les paradis fiscaux et réglementaires et restaurer la capacité des pays à taxer les profits des entreprises multinationales, les hauts revenus et patrimoines. La crise financière a montré que la libéralisation des marchés n’est pas la panacée ; il faut faire reculer la globalisation financière, source d’instabilité économique et de prélèvement excessif de la finance. Ceci nécessite, en particulier, de développer des circuits financiers publics pour utiliser l’épargne longue des ménages afin de financer et orienter les investissements productifs des entreprises dans les secteurs innovants et l’économie verte, afin de soutenir l’activité sans faire gonfler les dettes publiques.
La zone euro a besoin de retrouver les 8 points de PIB perdus du fait de la crise. Au lieu de se polariser sur les soldes publics, les instances européennes devraient présenter une stratégie de sortie de crise, basée sur la reprise de la demande, la consommation comme les dépenses publiques et les investissements porteurs d’avenir. Cette stratégie doit comporter le maintien de bas taux d’intérêt et des déficits publics, tant qu’ils seront nécessaires pour soutenir l’activité..."
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- Dette publique, débat confisqué

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