L'homme consomme et jette: produits usagés ou reliefs divers.
Et ce, depuis la préhistoire, même si ce fut d'abord en petites quantités, en prélevant parfois ce qui pouvait encore être utile, en recyclage sommaire.?
Il arrive que ces traces modestes et a priori sans noblesse deviennennent une manne pour l'archéologue, qui n'a souvent que peu de choses à se mettre sous la truelle, dans ses fouilles sur sites.
La rudologie et ses trésors ont encore un bel avenir.
Elles peuvent l'aider à reconstituer, du moins partiellement, un mode de vie, des pratiques alimentaires, un milieu environnant (flore et faune), lieu de vie où les homme puisent leur subsistance. Les déchets sont nos miroirs, représentant La petite porte de la civilisation, a-t-on pu dire.
"...Bertolini affirme combien nos déchets constituent une trace « en négatif » de notre identité. Il se positionne ici dans la filiation de William Rathje, initiateur de la « garbology »,
et du français Jean Gouhier, fondateur de la rudologie, appliquant l’un
comme l’autre des méthodes archéologiques à l’étude des gisements de
déchets2. Mais l’archéologie n’est-elle pas en soi déjà une « science des dépotoirs " ?... les traces de l’homme
depuis ses origines sont des restes, des résidus d’un passé parfois
lointain. Empreintes ou excrétas fossilisés, chutes d’artisanat ou
d’industrie, silex taillés, rebuts de potiers, autant de traces qui
constituent le matériau même de la recherche archéologique, autant de
restes devenus les conditions de possibilité d’une histoire pour
l’humanité..."
___Ouvrir aujourd'hui une poubelle du 16° arrondissement ne mène pas aux mêmes constats sociologiques que noter le contenu d'une autre dans le 93..
Des mirois, pour le meilleur et pour le pire.
Les ordures sont une véritable épopée...
La prises de conscience des problèmes qu'elles généraient s'est faite assez tardivement, en gros avec les formes d'urbanisation récentes.
_Du Moyen-Age à nos jours, une politique de gestion des déchets se met en place peu à peu sous la pression des exigences de l'espace et de l'hygiène, comme on peut le suivre dans l'histoire de Paris depuis Philippe Auguste (*)
Pendant longtemps, il a paru suffisant et commode de jeter, d'éliminer. Cela ne pouvait durer..
Les décharges sauvages ont vécu en France (enfin, presque), mais pas ailleurs, L' Afrique, l'Inde deviennent, par commodité, profit, corruption, les poubelles du monde.
__ Le recyclage est la voie de l'avenir.
Dans le cadre d'une économie durable, au sein de sociétés hyperconsommatrices, où l'obsolescence programmée est souvent une règle, l'organisation rationnelle de la transformation rentable des déchets est le seul horizon qui nous reste.
__Les archélogues du futur risquent d'être perplexes devant la surabondance des traces de notre civilisation de jeteurs.
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(*) C'est dans le cours de l'année
1184 que Philippe Auguste fit paver les principales rues de la
ville. Rigord s'exprime ainsi à ce sujet : "Le roi
se trouvant à Paris pour les affaires de l'État,
habitait le palais dans la Cité. S'étant mis à
une fenêtre d'où il voyait les eaux du fleuve, par
laquelle il aimait à regarder, pour se distraire, les
chariots qui traversaient la Cité soulevèrent une
odeur si fétide de la boue amassée dans les rues,
que le roi ne put la supporter ; il jugea qu'il était
nécessaire d'exécuter un projet auquel avaient
pensé quelques-uns de ses prédécesseurs,
mais qu'ils n'avaient pas exécuté à cause
de la trop grande dépense. Ayant donc convoqué
les principaux bourgeois de la ville et le prévôt,
il donna l'ordre de garnir de fortes pierres les rues principales".
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