jeudi 18 juillet 2013

Internationale des mafias


La face obscure de la mondialisation
________________________________La mafia ne se réduit pas à l'image classique du Parrain. Elle a une histoire déjà ancienne, connaît des aspects divers et des formes d'action variées. Sa dimension internationale et ses liaisons dangereuses avec l'économie et la politique, pas seulement en Italie, sont généralement moins connues, du fait de ses zônes grises.
Le trafic de drogues, gangrénant des Etats, n'est pas la seule activité de la pieuvre.
__Il existe une véritable géopolitique du crime organisé. Elle s'organise "en fonction de la conjoncture, on va les voir se livrer au trafic de drogues, d’armes, d’êtres humains, investir dans la contrefaçon ou les paris sportifs, etc. En ce sens, il existe une certaine similitude avec l’esprit d’entreprise, à la différence près qu’il s’agit là d’entreprises criminelles ! Deuxième particularité pour bien comprendre leur logique et leur puissance : toutes ont une dimension territoriale très forte. Territoire étant ici entendu comme réalité physique (rue, quartier, région, pays…), mais aussi espaces immatériels (marchés financiers, cyberespace, etc.), fluides, opaques, transnationaux, qui se prêtent parfaitement aux activités criminelles. Tous ces territoires ne doivent pas être appréhendés comme limite ou enfermement, mais plutôt comme étant une base forte de déploiement à partir de laquelle, depuis la fin de la guerre froide, ces entités arrivent à s’étendre, créer de nouvelles colonies, de nouveaux espaces d’activités à travers la planète entière. Le racket constitue un marqueur très net de ce lien entre organisation criminelle et territoire. Cet impôt illégal signe le pouvoir territorial. Invoquer à son sujet une "protection" est faux à 99 %, ce n’est là qu’un habillage sémantique et idéologique.
Polycriminelles, solidement territorialisées, ces grandes organisations, en particulier les mafias, sont aussi insubmersibles. Leur capacité à survivre et à s’adapter est impressionnante. Elles peuvent ainsi passer d’un monde rural à un monde urbain, d’une économie agraire à une économie industrialisée, d’un régime autoritaire à un régime démocratique, le tout sans aucun problème majeur. Elles résistent parfaitement à la répression, voire l’utilisent pour se renforcer..."
__Il arrive même que, favorisées par la crise, elles infiltrent les banques et volent à leur secours,  jouant aux  pompiers mafieux.
_La question des mafias s’intègre dans un ensemble plus vaste : celui de la mondialisation et de la libéralisation de la sphère financière. C’est en effet dans un gigantesque partenariat avec les pouvoirs politiques et les multinationales de la finance et des affaires que le crime organisé se joue de la légalité des Etats.
Une fraction de ses gigantesques profits aboutit sur les comptes d’établissements domiciliés dans les paradis fiscaux, créés pour favoriser l’anonymat des opérations d’une clientèle « honnête » avide de discrétion. Là, tandis que dans leurs pays respectifs chefs d’Etat et ministres rivalisent pour imposer à leurs peuples des mesures d’austérité, se mêlent argent sale et capitaux « propres » des multinationales et des « évadés fiscaux ». Avec, de temps à autre, des déclarations tonitruantes pour donner l’impression de lutter contre un phénomène que les gouvernements, s’ils en avaient véritablement l’intention, pourraient mettre hors d’état de nuire.
En effet, ces havres du secret bancaire ne nichent pas que dans des lieux « exotiques », tels que Singapour, le Liberia ou le Panamá : à côté de ceux situés au Liechtenstein, à Monaco ou en Suisse, l’Union européenne possède les siens, depuis l’Autriche et le Luxembourg jusqu’aux centres offshore de la Couronne britannique, dans les îles Vierges, Caïmans, Jersey et Guernesey. Sans parler des trois Etats américains qui abritent plus de sept cent mille sociétés offshore : le Delaware, le Wyoming et le Nevada..."
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