Reporter la dette sur les générations futures...
Hier soir, la chaîne Arte présentait un documentaire sur un sujet d'importance, rarement évoqué ou même à peine connu.
Un problème mettant en cause certaines missions de l'Etat et la participation des citoyens- contribuables à des investissements dont il supportent les surcoûts.
En soi, que l'Etat délègue la construction d'une prison, d'une université, d'un hôpital à un constructeur privé semble relever de la logique et du bon sens. Mais la façon dont cela se déroule (parfois sans appel d'offres) et les conditions de financement ne laissent pas d'interroger.
On dira que l'Etat se désengage parce que ses finances sont au plus bas; mais on ne s'interroge guère sur la manière dont il s'est endetté et s'est soumis à des groupes bancaires qui imposent leurs exigences , comme le remarquait encore récemment l'ancien banquier Jean-Michel Naulot..
Ces pratiques de privatisation partielle font débat aujourd'hui en Allemagne. Certaines affaires déjà anciennes provoquent des remous jusqu'à dans les plus hautes sphères. Ce modèle de financement est jugé absurde et finalement souvent ruineux.;Un ancien ministre Rudolf Scharping dénonce les pratiques liées à ce "véritable joint-venture entre les
intérêts publics et privés (où) les PPP se sont imposés dans les sphères
décisionnelles grâce à un important travail de lobby"
Un marché de dupes, où la corruption joue un rôle. Les PPP sont la parfaite illustration de dépenses publiques insouciantes
qui se déchargent de leurs responsabilités sur les générations futures. A
long terme les PPP ne réduisent pas la dette, ils l'augmentent. Holger
Mühlenkamp de l’Université de Spire parle d’une « illusion de
financement ». Pour lui, l’échec ne tient pas aux dirigeants, mais aux
politiques menées....Les bons conseils s'y monnayent cher..."
On peut parler dans bien des cas de scandale, de marchés phagocytés par les géants, aboutissant parfois à des coûts exorbitants (comme pour certaines prisons), à des échecs aussi, où jouent des intérêts croisés entre des responsables des hautes sphères de l'Etat et des dirigeants de grands groupes privés (pantouflage), tendance qui s'est accentuée depuis les années 1980.
" Le contrat de partenariat public privé (PPP) permet de confier en un seul marché, conception, construction, entretien, maintenance et gestion d’un équipement public. Celui-ci est financé par le groupement privé
attributaire du contrat, et payé par l’Etat ou la collectivité sous
forme de loyer (sorte de « leasing ») sur des durées de 15, 30, voire 40
ans. Les règles de la comptabilité publique ont été adaptées pour que
la majeure partie du montant du marché, n’apparaisse pas en
investissement, mais en fonctionnement, masquant ainsi à l'Europe, la
réalité de la dette contractée..."
Le motif des partenariats public-privé (PPP) est une invention
libérale selon lequel les sociétés privées sauraient, soit-disant, faire
mieux et moins cher que l'Etat. Ces PPP reposent sur un instrument
juridique appelé les contrats de participation (CP).
Après la société Ecomouv' - qui perçoit l'écotaxe sur le transport
routier, à l'exclusion des autoroutes, alors que le principal
actionnaire de la société Ecomouv' est une société d'autoroute - voici
l'exemple de la gestion ruineuse, au profit d'une société privée, des
amendes routières.
L'affaire de Monsieur PV et l'écotaxe montrent, dans les deux cas,
des sociétés d'informatique et d'électronique heureuses de fournir du
matériel, des prestations et de la maintenance sur le dos de la
collectivité publique. Ne seraient-ce pas les mêmes sociétés
d'informatique ? C'est une rente, les fournisseurs étant les experts qui
déterminent les besoins.
L'exemple ruineux de Monsieur PV est presque anecdotique, comparé aux montants d'autres PPP.
Il s'ajoute aux PPP, au régime dérogatoire au code des marchés
publics, dont la liste des cas douteux et ne cesse de s'allonger :
Le contrat insensé de l'écotaxe
Nouvelle plainte contre le Grand Stade de Lille
Comment Vinci et Eiffage ont parié sur le retard du contournement de Marseille
PPP: Bouygues et Paris 7 ont le même avocat !
Vinci joue à cache-cache avec l'université Paris-7
Lille : les mystères de l'attribution du Grand Stade à Eiffage
La multinationale et l’université: conflit de chantier
Sans évoquer la nouvelle cité judiciaire de Paris ni le pentagone à la française :
Palais de justice de Paris : coup d'arrêt au chantier
Futur palais de justice de Paris : «Un partenariat avec Bouygues coûteux pour la collectivité"
Le scandale des partenariats public-privé (PPP du Palais de Justice de Paris)
Soupçons
de corruption dans la construction du Pentagone à la française : le
ministre feint l’ignorance, le bétonneur joue la vertu outragée, les
concurrents floués se taisent, et les juges creusent.
Le chef du projet “Balard” a été démis de ses fonctions
L'incroyable descente aux enfers d'une université
La situation profite donc manifestement aux promoteurs de la
législation du partenariat public-privé : les banques et ceux qu'elles
financent, les grands groupes.
Les PPP montrent que la finance ne se contente plus de gérer et de
vendre de la dette. Grâce au PPP, elle en produit. Elle fabrique de
l'endettement public de manière vingt fois plus rentable, à son
initiative. Le PPP est la martingale de l'endettement.
L'histoire des PPP a été écrite en moins de dix ans...
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