Des relations spéciales...
L'Allemagne sort de son apparente réserve diplomatique depuis un certain nombre d'années. Depuis la chute du Mur, elle s'efforce d'entrer dans la cour des grands, discrètement, mais dans un esprit atlantiste qui ne se démet jamais.
On l'a déjà vu dans les événements de l'ex-Yougolavie, qui mirent en évidence ses capacités d'intervention, notamment dans son action au Kosovo, très critiquée en interne.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier
(FWS), déclarait au quotidien Die Deutsche Zeitung : « L’Allemagne est
trop grande pour se contenter de commenter les affaires du monde. »
On le voit aujourd'hui dans l'affaire ukrainienne.
____________En ce qui concerne ses relations avec Israël, les rapports sont étroits depuis fort longtemps.
Surtout depuis le très spécial Traité de réparation de 1952.
Relations diplomatiques sans ombres, sans critiques, timorées même, malgré quelques tensions récentes.
Relation d'affaires aussi, peu ébruitées.
En fait, des relations très spéciales, notamment dans le domaine de l' armement, question épineuse et trouble s 'il en est. (*) "La sécurité d'Israël relève pour l'État
allemand de la raison d'État", "Pour
des raisons historiques, l'Allemagne est plus proche d'Israël que ne
l'est la France. Avec le vécu qui est le sien, elle pourrait facilement
être traitée d'antisémitisme si elle critiquait le gouvernement
israélien."
____________________Des relations où le poids du passé tient une place centrale.
Sachant ce que l'on sait, on peut considérer comme normal que l'Allemagne ait une dette vis à vis de la communauté juive décimée par un régime qui fut porté au pouvoir par une majorité d' Allemands. Mais qu'en est-il de tous les Juifs d'aujourd'hui, dont beaucoup n'ont plus de rapport avec les descendants des victimes, pas seulement ceux qui vivent en Israël, dont beaucoup contestent la légitimité de ses lignes politiques successives.
.Sous le signe de la culpabilité, d'un passé qui passe mal..
Le Crif, qui en rajoute, parle d'expiation, évoquant le passage de l'Allemagne de bourreau à ange gardien...
Est-il normal que le poids d'une culpabilité collective continue encore à conditionner des relations privilégiées entre deux Etats, dont l'un se croit obligé, comme en otage, de favoriser tous les objectifs de l'autre, même les plus contestables?
La récente visite d'A.Merkel en Israël a semblé rompre la belle harmonie, l'opinion allemande changeant peu à peu. La température fut plutôt fraîche, malgré l'apparence polie et gênée des échanges. Le problème de la colonisation commence à poser problème à Berlin comme à Washington, le courant passant toujours bien entre les deux capitales, malgré les écoutes.
Dans le journal Maariv, journal de centre droit israëlien, le commentateur Shai
Golden va jusqu'à évoquer...« la trahison du principe de l'expiation auquel
chaque Allemand doit s'engager pour toujours en parlant d'Israël et des
juifs ».
La Chancelière était vraiment embarrassée: "...Invoquant la condamnation récente par l'Allemagne de la réponse
d'Israël au vote de l’ONU, qui a vu Netanyahu annoncer un plan de
constructions en Cisjordanie, Mme Merkel a déclaré que l'opposition de
son pays à des actions unilatérales des deux côtés signifiait que "sur la question de la colonisation, nous sommes d'accord pour dire que nous ne sommes pas d’accord". Elle a cependant souligné qu'il s'agissait de la recommandation d'un pays ami. "Israël prend ses décisions lui-même. Nous ne pouvons que donner une recommandation", a-t-elle dit. Soulignant une fois de plus que l'Allemagne considère Israël comme "la seule démocratie de la région ", elle a insisté que c’est "un pays que nous aimons et avec lequel nous entretenons des relations amicales".
Le Premier ministre israélien a reconnu l'importance de la relation d’Israël avec l’Allemagne : "Ce
n'est pas n'importe quelle relation. Il s'agit d'une relation
privilégiée, une relation que nous apprécions profondément. Je suis très
reconnaissant du temps que vous consacrez dans le renforcement de cette
amitié et de ce partenariat". "Je voudrais
profiter de cette occasion pour dire clairement que je n'ai absolument
aucun doute sur la profondeur de votre engagement pour la sécurité et le
bien-être de l'État d'Israël", a-t-il dit. "Je
pense que la racine du problème, ce ne sont pas les implantations.
J'espère que nous allons engager une discussion sur une coexistence
mutuelle, une paix mutuelle, avec au moins une partie des Palestiniens", a dit Benjamin Netanyahu. "Je n'y ai pas renoncé. Nous ne renonçons pas si vite", a-t-il insisté, ajoutant : "La racine du problème est l’opposition à l’État d’Israël quelles que soient ses frontières".
A cette occasion, dans la presse israélienne, M. Steinmeier a rappelé
mardi le caractère extrêmement singulier des relations
germano-israéliennes. Le lien entre les deux États apparaît « comme un miracle » étant donné le contexte historique, souligne-t-il.
Un miracle de langue de bois?...
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(*) Une histoire sous le signe de la réparation:
Dans la logique d’une tradition pluri-décennale, Israël est sûr de
pouvoir compter sur l’appui allemand, verbalement, mais surtout
matériellement, comme le prouve la constance des relations commerciales,
politiques et notamment militaires entre les deux pays : face aux États
« voyous », les services secrets israéliens peuvent utiliser les
informations fournies par leurs homologues allemands ; tandis que la
flotte israélienne reçoit des sous-marins de fabrication allemande dont
les capacités stratégiques peuvent être utiles dans un environnement
dont l’hostilité ne se démentit pas. L’interposition de la marine
allemande entre Israël et le Liban, à partir de l’automne 2006, fait
plus débat en Allemagne que dans l’Etat hébreu ; et Tel Aviv accepte la
livraison de chars lourds Léopard à l’Arabie saoudite (juillet 2011)
alors que Begin en avait fait un motif de refroidissement des relations
trente ans plus tôt.
Sous Merkel, des critiques existent contre la politique menée par les
tenants de la ligne dure que sont les Premiers ministres successifs
Sharon, Olmert et surtout Netanyahu (avec son ministre des Affaires
étrangères Liebermann), critiques répétées notamment dirigées contre le
développement constant des colonies juives dans les territoires
palestiniens. Et l’exercice de pressions allemandes sur les autorités
israéliennes peut s’avérer nécessaire : en décembre 2011, Berlin obtient
au profit de l’Autorité palestinienne la libération des droits de
douane bloqués par Israël en contrepartie d’un arrangement sur la
livraison des derniers sous-marins allemands vendus à Israël.
Par
ailleurs, de plus en plus d’Allemands considèrent que le poids du passé
est trop lourd et s’impose depuis trop longtemps, voire qu’Israël doit
être considéré comme l’agresseur au Moyen-Orient.
Néanmoins, un point
demeure : « La solidarité avec l’Etat juif est raison d’Etat en
Allemagne » (Merkel)
Jusqu'où, à quel prix et jusqu'à quand ?
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