vendredi 7 mars 2014

La carte et le territoire

                                                                              [Non, ce n'est pas du Houellebecq...]

 Les cartes souvent fascinent... et perturbent.
                                         Surtout celles qui dormaient à l'école primaire, bien jaunies, souvent écornées, au fond de la salle, sagement accrochées, et que l'on sortait de la poussière au fur et à mesure des besoins et des cours d'histoire-géographie.
  Très tôt, elles imposent à l'enfant curieux leurs évidences.
Les pays, colorés ou non, avaient valeur d'éternité, les frontières se donnaient comme des limites absolues. C'était comme ça et pas autrement. Depuis toujours.
...Jusqu'au moment où les naïves certitudes initiales se trouvent peu à peu ébranlées par des données non plus visibles, mais apprises. Non, les nations n'ont pas toujours existé tel qu'on peut se les représenter aujourd'hui, avec les mêmes limites. Le doute s'installe. Les pseudo certitudes s'effondrent...
       Le terrain n'est pas la carte et les pays, les nations, les confédérations  sont le résultat de constructions dans le temps. Les USA, par exemple, présentent une apparente homogénéité qui masquent une histoire récente compliquée. L'unité n'était pas donnée.
    Rien n'est éternel. Pas même la France, si jeune dans l'histoire du monde (n'en déplaise à De Gaulle). Les Gaulois n'étaient pas la France.
        L'histoire a aussi une histoire, qui mérite d'être interrogée.
Comme la cartographie.
     Les  cartes  n'ont qu'une valeur provisoire, éphémère à l'échelle de l'histoire des hommes, qui, au début, ignoraient la notion de territoire, au sens politique. Les chasseurs-cueilleurs n'avaient pas de passeport... 
    On comprend que nous puissions être perturbés par des changements lents ou rapides au niveau des territoires, qui se font et se défont, au niveau des frontières qui se déplacent au gré des péripéties historiques et parfois écologiques. Il suffit de comparer entre elles les cartes de la Pologne ou de l'Autriche depuis quelques siècles...Voyez l'Ukraine.
Cela donne parfois prétexte à perplexité un peu facétieuse (*)
                  Il semble qu'on n'en ait jamais fini avec les problèmes de frontières.   Les guerres surtout sont suivies de redistributions de territoires, contraintes ou négociées, sources parfois de nouvelles instabilités. Staline et Churchill ont été orfèvres à ce jeu-là, reconfigurant l'Europe sur un coin de table, comme on le dit...
 ,       Combien de fois l’Europe a changé de frontières en 25ans?
   On peut le constater aujourd'hui en Europe centrale et de l'Est, dans les Balkans, où existent encore des plaies non cicatrisées. Combien de temps durera le Kosovo bricolé? Qu'en sera-t-il de la Belgique dans quelques décennies?...
           Parfois, des frontières sont en suspens... 
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(*)  "... Quand il s'agit de remettre en question "l'intégrité territoriale" d'un Etat, je sombre aussitôt. L'intégrité, c'est quand même important non? Remettre en cause l'intégrité de quelque chose, c'est l'humilier! Aaaaah ça y est, je suis énervé!!! Eh, je vous ai pas dit?... j'ai aussi une carte de France dans ma cuisine. Et quand je vais faire ma vaisselle, je la regarde avec mes yeux d'amoureux. La France, ses frontières, cette perfection immuable à l'Etat pur... Elle est belle dans ses pourtours, délicatement hexagonaux, et même dans ses formes intérieures : ses régions sont un régal, ses départements, un délice, et ses communes, un contentement absolu... ah... quel enchevêtrement enchanteur.
Je vais vous dire... la fusion des Normandies, c'est probablement la suggestion la plus terrifiante que je connaisse. Pourquoi Rouen prendrait le dessus sur Caen? Sur ma carte, ils ont la même taille, et c'est assez harmonieux je trouve. On parle aussi de faire disparaitre la Picardie ou le Limousin. Cette idée est tout bonnement génocidaire. Brrrrrr.  La disparition de l'échelon départemental ou la fusion des communes, je ne veux pas en parler. J'ai commis une tentative de suicide la dernière fois que j'ai entendu un débat à ce sujet et j'ai encore des séquelles. C'est vraiment une idée épouvantable. Supprimer des communes, c'est inhumain, je ne veux pas vivre dans une France qui perdrait la moitié ou les 3/4 de ses petites localités.En fait, toutes les tentatives ou les idées qui visent à modifier la carte du monde ou la carte de France telle que je les connais actuellement provoquent chez moi un effroi sans pareil.
Je suis un angoissé du territoire..."
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