La dette! la dette!...
L'ombre de la dette pèse sur notre quotidien. Qu'on en parle ou non, elle entre par la porte ou par la fenêtre dans le discours politique sur les grandes orientations économiques et pèse sur les esprits comme sur le pouvoir d'achat.
Comment en sortir, mais surtout comment se libérer du discours dominant qui en parle ad nauseam?
Non pas qu'elle n'existe pas, elle a toujours existé, aussi loin que l'on remonte, sans mettre en péril les grands équilibres économiques, mais son poids, son sens, son origine et ses mécanismes ne sont que très rarement interrogés. L'Allemagne elle-même a vu par le passé sa dette annulée plusieurs fois. Depuis quelques années, des verrous idéologiques commencent à sauter.
Certains banquiers apportent des éclaircissements nouveaux sur la question.
Des économistes, non asservis au système, font un diagnostic éclairant sur la vraie nature de cette dette, à la lumière de l'histoire et de l'expérience grecque sans solution..
Fait nouveau, le « Collectif pour un audit citoyen de la dette publique » dévoile ce
mardi un rapport important. Ruinant la doxa libérale selon laquelle le
pays vivrait au-dessus de ses moyens, il établit que la dette publique
aurait été limitée à 43 % du PIB en 2012, au lieu des 90 % constatés, si
la France ne s'était pas lancée dans une course folle aux baisses
d'impôt et avait refusé de se soumettre à des taux d'intérêt
exorbitants...
Le rapport part d’abord des arguments qui sont le plus souvent
donnés dans le débat public, pour justifier la politique d’austérité : « Tout
se passe comme si la réduction des déficits et des dettes publiques
était aujourd’hui l’objectif prioritaire de la politique économique
menée en France comme dans la plupart des pays européens. La baisse des
salaires des fonctionnaires, ou le pacte dit "de responsabilité" qui
prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses
publiques, sont justifiés au nom de cet impératif. Le discours dominant
sur la montée de la dette publique fait comme si son origine était
évidente : une croissance excessive des dépenses publiques. »
En quelque sorte, voilà le refrain que l’on nous serine
perpétuellement : le pays vit bel et bien au-dessus de ses moyens ; et
nous avons l’irresponsabilité de vivre à crédit, reportant de manière
égoïste sur nos enfants ou nos petits-enfants le poids des dépenses
inconsidérées que nous engageons aujourd’hui. Qui n’a entendu ces
messages culpabilisants ? Les néolibéraux de tous bords le répètent à
l’envi aussi bien dans le cas des dépenses de l’État, qui seraient
exorbitantes, que dans le cas de la protection sociale. Ainsi la France
financerait-elle son modèle social à crédit...
... La dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formidable mouvement de « redistribution à l’envers »,
ou si l’on préfère d’un immense mouvement de transferts de revenus
puisque si les hauts revenus sont doublement gagnants, les bas revenus,
eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à supporter le poids
du plan d’austérité pris pour contenir l’explosion de la dette. En
résumé, ce que les hauts revenus gagnent au travers des baisses d'impôt
ou de la politique de l'argent cher, ce sont les revenus modestes qui le
financent au travers de la politique d'austérité.
Au lendemain des élections européennes, ce rapport est donc bienvenu,
parce qu’il montre qu’une autre politique économique est possible.
Quelques esprits chagrins pourront ergoter sur la pertinence de telle ou
telle hypothèse prise dans ces simulations. Il reste que cette immense
redistribution à l’envers est indiscutable, et que le grand mérite de ce
rapport est de le montrer, ruinant du même coup l’arnaque néolibérale
selon laquelle le pays vivrait au-dessus de ses moyens..".
___________________59% de la dette publique publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs.
Le discours convenu sur la dette repose sur un mensonge : elle ne vient pas d'une orgie de dépenses publiques, mais de l'érosion
organisée des recettes fiscales. Les niches et les cadeaux consentis
aux ménages les plus riches et aux grandes entreprises se sont
multipliés à l'infini. En empruntant sur les marchés financiers pour
financer ces déficits, les États se sont encore enfoncés davantage,
puisqu'ils ont dû payer des taux d'intérêts souvent excessifs.
Cette
dette est donc largement illégitime. La crise financière de 2008, la
récession et le sauvetage des banques ont alourdi le boulet. Affolés par
l'envolée des dettes publiques les marchés financiers se sont alors mis
à spéculer contre les États qui les ont sauvés. Dans toute l'Europe,
des plans d'austérité drastiques déferlent pour " rassurer les marchés
". Mais en voulant nous faire payer la crise financière, les
gouvernements nous enfoncent dans la récession et sacrifient les
investissements vitaux pour la reconversion écologique de l'économie.
Les Etats cèdent devant les banques, qui ont été réformées trop peu, trop tard, comme le rappelle utilement un banquier lui-même, comme un examen un peu approfondi le montre assez bien. La rente a pris le dessus sur le travail, depuis les années 70.
600 milliards manquent à la France
________La question de la dette, arme de destruction massive, et de sa révision éventuelle est une vieille affaire.
Avant qu'il ne soit trop tard, il serait nécessaire de penser l'effacement,
au moins partiel de la dette, ou sa renégociation. Il faudra de toutes
manières y venir un jour, vu son ampleur dans certains pays. (*) L'Allemagne elle-même en a bénéficié plusieurs fois. Une sortie par le haut, n'est pas une question utopique. La prix exigé pour la payer est tel quelle n'est pas acceptable.
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(*) 1- Japon : dette publique
de 242,3 % du PIB _ 2- Grèce : dette publique
de 174 % du P _ 3- Italie : dette publique
de 133,1 % du PIB _ 4- Portugal : dette
publique de 125,3 % du PIB _ 5- Irlande : dette
publique de 121 % du PIB _ 6- Etats-Unis : 107,3 % du
PIB. _ 7- Espagne : 99,1 % du
PIB. _ 8- Royaume-Uni : 95,3 % du
PIB._ 9- France : 94,8 % du PIB.
La France se situe dans la moyenne des pays européens.
Malgré ses excédents commerciaux, L'Allemagne ne se prive pas, dans la crise actuelle, de se présenter
en modèle pour le reste des pays européens dans la gestion de sa dette
publique. Et pourtant. Dans une étude publiée en février et reprise mardi dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung,,
deux économistes, Lars Feld et Ekkehard Köhler, montrent que le niveau
de la dette allemande n'est historiquement pas soutenable.
En établissant un comparatif depuis 1850, soit 21 ans avant
l'unification allemande, l'étude montre que le niveau actuel de la dette
publique allemande, 82 % du PIB, est le plus élevé en temps de paix si
l'on exclut l'année 1923 marquée par l'hyperinflation. Jusqu'au début
des années 2000, le plus haut historique touché par la dette allemande
en temps de paix avait été de 60 % du PIB. "Record" atteint à trois
reprises : deux fois sous l'empire en 1892 et en 1909, puis, après la
réunification à la fin des années 1990.
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