mardi 24 juin 2014

Europe: divorce à l'anglaise?

 Vers la sortie?
                       A l'heure où l'Europe tangue,   où les récentes élections ont vu une forte  percée des anti européens,  le débat se durcit depuis deux ans Outre-Manche concernant son intégration dans l'Union européenne, si le mot intégration a un sens là-bas.
      Le Royaume-Uni a toujours un pied dedans , un pied dehors...Plutôt dehors depuis l'ère Magie.
           Le général de Gaulle considérait déjà comme trop fort l’axe américano-britannique pour faire du Royaume-Uni – qualifié de «cheval de Troie des Etats-Unis»  - un partenaire fiable. Il faudra attendre Pompidou pour que Paris donne son feu vert : le traité d’adhésion est ratifié le 22 janvier 1972. A cette occasion, Heath, qui a négocié avec le président français, parle du «plus beau jour de sa vie». 1972-2012 : cela fait donc aujourd’hui quarante ans d’un mariage tumultueux.
Churchill avait d'ailleurs assuré au Général:  « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! »
      Le splendide isolement se termina pour de bon, mais les particularismes et l'atlantisme de l'Angleterre, son histoire insulaire singulière la placent toujours plus ou moins en marge du continent. La politique de Mme Thatcher accentua la méfiance envers le projet continental.
     La politique européenne de l'UK a toujours été  à géométrie variable.
L'opinion est partagée, mais pas foncièrement eurosceptique, les milieux d'affaires tiennent à éviter un divorce, voyant d'abord leurs intérêts, par pur pragmatisme. Les orientations  libérales des instances bruxelloises doivent beaucoup à l'influence  anglaise au sein des commissions.
   L'euroscepticisme est tenace
         La défiance est rémanente. Pour tout dire, l'Angleterre est un île, qui pense parfois au divorce, même si économiquement, elle n'y résisterait pas.
   Mais depuis 2013, le malaise va grandissant.
     Les Anglais n'ont jamais voulu qu'un vaste marché unifié, contre toute forme de fédéralisme, ses intérêts étant plus proches de Washington que de Bruxelles.
         Le Royaume-Uni n’étant ni dans la zone euro, ni dans l’espace Schengen, et ayant déjà une clause d’exemption sur la directive du temps de travail ainsi qu’un chèque de rabais sur le budget, que peut-il donc obtenir de plus ? Les anti-européens militent pour réduire les relations à l’UE à une simple zone de libre-échange, mais c’est inacceptable pour la plupart des autres pays membres. Le risque est donc de ne pouvoir rapatrier que quelques rares pouvoirs sans importance. « David Cameron obtiendra bien quelque chose. Mais est-ce que ce sera suffisant pour satisfaire ses députés ? » s’interroge Michael Moore, un député libéral-démocrate.
                        "...Le scénario de sortie, inimaginable il y a quatre ans, douteux il y a dix-huit mois, devient désormais plausible. Ce n’est pas encore le plus probable, mais le Royaume-Uni, sans vraiment le vouloir, sans vraiment y réfléchir, mais sans vraiment s’en préoccuper non plus, se dirige vers la sortie de l’Union européenne. À Bruxelles, et dans la diplomatie britannique, le « Brexit » (British exit) est aujourd’hui sur toutes les lèvres. « Cela pourrait arriver, plus par accident que par réelle volonté », avertit Lord Roger Liddle, le très pro-européen ancien conseiller de Tony Blair.
Le paradoxe est qu’aucun des grands partis britanniques de gouvernement ne veut quitter l’Union européenne. Les grandes entreprises et la City non plus. Même les Britanniques ne sont guère pour : les derniers sondages donnent une légère majorité en faveur de rester au sein des Vingt-Huit. Mais les événements s’accélèrent et semblent échapper au contrôle des dirigeants...
      Comment le Royaume-Uni en est-il arrivé là ? Bien sûr, le pays a toujours été à part dans la construction européenne. Il n’y est entré qu’en 1973, après avoir essuyé deux veto de Charles de Gaulle. Mais la dérive actuelle ne commence vraiment que fin 2005, dans les douches de la chambre des communes. À l’époque, le parti conservateur est en crise, et son leader Michael Howard vient de démissionner. David Cameron envisage de se présenter. Arrivant au parlement en vélo, il rencontre dans les vestiaires Denis MacShane, qui était ministre des affaires européennes de Tony Blair quelques mois plus tôt. « Je lui ai dit qu’il devrait se présenter, que je trouvais qu’il était l’un des rares conservateurs qui pouvait moderniser son parti, raconte Denis MacShane. Mais je l’ai averti de ne pas faire alliance avec les eurosceptiques. Il m’a répondu : "Denis, ne sous-estime pas à quel point je suis eurosceptique." »
  Quelques semaines plus tard, David Cameron prend la tête des Tories. En partie, il doit sa victoire à un accord avec la branche anti-européenne du parti conservateur : en échange de leur vote, il leur a promis de sortir du Parti populaire européen (PPE), le groupement de centre-droit du parlement européen.
   Ce péché originel continue à le hanter aujourd’hui. Les Tories se sont retrouvés isolés à Bruxelles. Quand le PPE a sélectionné son candidat pour la présidence de la commission européenne en mars, ils n’ont pas eu leur mot à dire. Le choix s’est porté sur Jean-Claude Juncker. Aujourd’hui, David Cameron ne veut pas entendre parler de l’ancien premier ministre du Luxembourg. Il le trouve trop « fédéraliste », une insulte à ses yeux.
     Il a commencé par faire pression dans les coulisses. Son message : si vous choisissez Juncker, vous allez pousser le Royaume-Uni hors de l’Union. Voyant que cela ne marchait pas, il s’est fendu d’une tribune publiée dans toute la presse européenne. Mais il est désormais presque sûr d’essuyer une défaite. Angela Merkel, pourtant l’une de ses alliées naturelles, n’a pas pu cacher son agacement face aux « menaces » de David Cameron. Elle-même est sous pression de sa coalition pour soutenir Juncker et elle n’est pas prête à perdre son capital politique pour faire plaisir à Londres...
    Le récent coup de gueule de Michel Rocard dans les colonnes du Monde symbolise en cela bien le ras-le-bol français : « Amis Anglais, sortez de l’Union européenne mais ne la faites pas mourir ! » écrit l’ancien premier ministre." (Mediapart
      C'est du moins le point de vue d'un fédéraliste, d'un européiste fondamentaliste....
                    Mais comme, de fait, l'UE dérive de plus en plus vers une hégémonie merkelienne, à la faveur d'une crise que le politique monétaire et sociale de Berlin contribue à accentuer, repoussant aux calendes grecques un fédéralisme fumeux, certains vont jusqu'à dire que c'est à l'Allemagne de sortir la première....
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