mardi 29 juillet 2014

Et Bouvines?

   Il y a 800 ans...C'était le 27 juillet 1214
                                                                La célébration de1914 éclipse Bouvines.
       Ce n'était certes qu'un événement, un événement qui se perd dans notre imaginaire, éveillant le souvenir d'une certaine page de l'ancien manuel Lavisse jauni de l'école primaire d'autrefois.
     Un événement presque oublié de nos jours.
Mais un événement d'importance, un événement fondateur de la nation française en gestation, selon Duby, une bataille pas comme les autres,  remportée par une armée essentiellement composée de miliciens des villes françaises contre une armée de nobles et de féodaux spécialistes de la guerre, (qui )a été décrite entre autres par Georges Duby comme un des événements fondateurs et constitutifs de la nation française et du sentiment d'appartenance à la France, au moins pour les habitants du bassin parisien. Si l'on en croit les sources, cette victoire a été chaudement fêtée par le peuple, réuni autour du roi, ce qui a contribué à son prestige. C'est peut-être là le début du mythe populaire du bon roi, qui ne s'effondre qu'avec la Révolution.
Un événement qui fut cependant quelque peu instrumentalisé:
     « Il est abusif de parler d’unité nationale à cette époque, puisque le roi ne domine pas tout le royaume, et encore moins le territoire français actuel. Mais dès le XIIIe siècle, on est déjà dans cette mythologie de Bouvines : Guillaume le Breton, le chroniqueur du règne de Philippe Auguste, consacre un bon passage de ses vers à décrire le triomphe du roi devant le peuple, avec beaucoup de références bibliques et antiques. C’est cet extrait, avec la présence des communes dans l’armée royale, qui sera repris dans les manuels de la IIIe République, pour montrer l’unité du peuple et la préfiguration de la démocratie. »
  Philippe ramène ses prisonniers
 
      Cette instrumentalisation de l’histoire nationale est ce qui tend l’ensemble de l’historiographie de la IIIe République, rappelle Olivier Le Trocquer, membre du Comité de vigilance face aux Usages publics de l’Histoire (CVUH) :
     « Ernest Lavisse, l’auteur du principal manuel scolaire de l’époque, refuse d’envisager Bouvines comme un évènement précurseur de 1789. Mais il parle bien d’une sorte de “conscience nationale”, attachée à la personne du roi. Et surtout, il voit dans Bouvines le premier avatar de la gloire de la France. »
                   Même le FN récupère l'événement, sans grande finesse historique. Pauvre Philippe Auguste!
          Toute commémoration est un choix politique, dépendant des régimes politiques, des idéologies et des circonstances:
Alors que les Allemands se sont souvenus de leur unité sur le champ de bataille de Leipzig en 1813, et que les Anglais vont célébrer le bicentenaire de la bataille de Waterloo, les Français se concentreront en 2014 sur le début de la Première Guerre mondiale et le débarquement en Normandie. Nicolas Offenstadt explique cette décision :
E. Lavisse
      « Toute commémoration est un choix politique : le pouvoir fait des choix, découpe le passé pour justifier l’unité nationale et, dans le cas de cette double manifestation, le souvenir douloureux des deux guerres et la réconciliation franco-allemande. C’est le gouvernement qui incarne cette continuité nationale, et il n’y a pas à s’indigner de la mise en valeur faite de l’histoire. De plus, l’idéologie seule ne dicte pas le calendrier des commémorations, même si les débats sont légitimes. Le Millénaire capétien a été fêté en 1987 sous une présidence socialiste, le baptême de Clovis en 1996 sous une présidence de droite. » 
   C'était un certain Nicolas.
                 Il importe de prendre souvent ses distances par rapport à l'histoire revisitée...dans un sens ou dans un autre.
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lundi 28 juillet 2014

Faits divers

  Approches diverses.
                                             La presse et aujourd'hui les journaux télévisés se nourrissent plus ou moins de faits divers, surtout lorsqu'ils sont saillants, à fort contenu émotionnel, qu'ils tranchent, en positif ou en négatif, sur la monotonie de la vie, la répétition et la grisaille du quotidien. Il y a faits divers et faits divers: entre un mariage princier et a chute d'un régime, il y a une différence de nature.
      Quand ils font dans le spectaculaire, heureux ou tragiques, insignifiants ou marquants, ils alimentent curiosité et discussions relayées et déformés à l'infini.  Attrait plus ou moins ambivalent: répulsion ou admiration sont souvent la clé de leur succès, dès le 19° siècle.
            Un produit émotionnel, prêt à être consommé, supposé contenir en lui-même tout son sens..
     L'attentat de Sarajevo fut bien un fait divers, peu signalé par la presse européenne de l'époque, mais d'une portée considérable rétrospectivement. Les frasques de telle vedette connue sont sans importance historique, tout au plus révélateurs des moeurs d'une époque et de la désinformation ambiante. Mais le fait divers est livré brut de décoffrage, sans mise en contexte. Il est rarement analysé.
       L'emballement médiatique peut ne pas être un marqueur de l'importance objective du fait divers, mais, monté en épingle, il  est souvent un indice d'un certain climat social et politique. Un scandale financier est aujourd'hui banal, mais le système dont il est une expression revêt une importance pas toujours signalée. La qualité d'un organe de presse se distingue par son souci de traiter les faits de manière contextualisée, approfondie.
            Le fait divers fait souvent diversion, selon l'expression de P.Bourdieu. Capteur et détourneur d'attention,  inhibiteur de réflexion, ils nous rendent souvent aveugles aux vrais problèmes de notre temps, accentuant le sentiment de fatalité sur l'existence humaine, inhibant nos possibilités d'action.
                L'information pose problème. Faute d'analyse, elle en reste aux effets médiatiques, sans décodage pertinent. . Une politique éditoriale parfois revendiquée....         Bild, en Allemagne, est la parfaite illustration d'un décervelage organisé. La chère télé participe aussi à une certaine désinformation.
    De l'info sans info.
                                  L'histoire des faits divers est captivante:
     Le fait divers sous forme imprimée est attesté dès le XVIe siècle, mais l’expression n’apparait dans la langue française qu’en 1838. Elle désigne des événements extraordinaires qui ont surtout pour but de frapper l’imagination, se présentant, peu après l’invention de l’imprimerie, sous forme de feuilles d’information appelées « occasionnels » ou « canards », selon la description qu’en donne Balzac dans sa Monographie de la presse parisienne. Ces dernières cèdent la place au XIXe siècle à la fameuse « rubrique des faits divers » des grands quotidiens, dont Le Petit Journal est l’un des grands représentants.Les thèmes les plus répandus sont les apparitions diaboliques, les monstres, les phénomènes célestes, les catastrophes naturelles et bien sûr les crimes. Les occasionnels traitant de ces faits divers sont le plus souvent racontés par des colporteurs, s’adressant à un public populaire qui sait rarement lire. Ils sont une source précieuse pour l’histoire dans la mesure où ils éclairent des faits de société pour lesquels on a peu de trace, telle l’histoire de cette jeune fille de seize ans condamnée pour infanticide qui ose, le jour de son exécution, prendre la parole en public et dénoncer l’impunité dont jouit l’homme qui a abusé d’elle et lui a fait un enfant sous couvert d’une fallacieuse promesse de mariage. Ce récit, qu’il serait anachronique de qualifier de féministe, met toutefois en évidence l’inégalité des hommes et des femmes devant la justice.
En parallèle, à l’attention du public lettré, commencent à paraître des journaux qui consacrent quelques pages aux événements extraordinaires, aux conquêtes, aux exploits et aux crimes. C’est le cas notamment de la Gazette de Théophraste Renaudot dans laquelle, en 1634, on informe le public aussi bien des « Nouvelles ordinaires », comme par exemple la naissance de quintuplés, que des événements d’ordre politique ou des faits de guerre dans une rubrique intitulée « Extraordinaire ». C’est le cas de la Gazette des tribunaux, qui évoque une macabre histoire d’anthropophage condamné à mort et exécuté le 13 décembre 1782.
Aux XVIe et XVIIe siècles deux affaires connaissent un retentissement considérable. « L’affaire des possédées de Loudun » éclate en 1632. Urbain Grandier, curé de Loudun, est accusé d’avoir pactisé avec le Diable et d’être le responsable des possessions démoniaques qui s’emparent des sœurs d’un couvent d’Ursulines de cette même ville. Malgré ses dénégations, Urbain Grandier finit sur le bûcher le 18 août 1634. Ce procès en sorcellerie sans précédent a été fomenté par le Cardinal de Richelieu contre un prêtre catholique, libertin, libre-penseur et bien trop tolérant envers les protestants. L’affaire,  qui a défrayé la chronique de 1632 à nos jours, a inspiré les défenseurs du droit, les médecins, les romanciers, les essayistes et plus récemment les réalisateurs. Elle peut être considérée comme le premier fait divers d’ampleur nationale. On trouve sur Gallica des pièces à charge et à décharge.
 Un siècle plus tard, entre 1764 et 1767 sévit la bête du Gévaudan. Affaire mi-fantastique mi-criminelle, elle nourrit la presse locale et nationale pendant plusieurs mois. Des centaines d’articles sont publiés et constituent un véritable feuilleton.
 Avec la naissance de la presse moderne les canards disparaissent au profit de la presse quotidienne bon marché. Le fait divers y trouve une place de choix. Entre 1870 et 1910 il devient une véritable rubrique journalistique, bien que, comme le dit Roland Barthes dans ses Essais critiques, il procède d’un « classement de l’inclassable » appelé péjorativement dans la seconde moitié du XXe siècle la « rubrique des chiens écrasés ». Les inondations de Paris en 1910 et le rapt du bébé Lindbergh en 1932 en sont l’illustration.
A la même époque commencent à se répandre des magazines spécialisés dans le fait divers, notamment les Faits-divers illustrés et l’Oeil de la Police.
Pour en savoir plus sur d’autres faits divers et événements dramatiques, lisez les articles consacrés à l’incendie du Bazar de la Charité, au naufrage du Titanic, au crime des sœurs Papin, ou encore à l’affaire Peytel.
                      [Gallica __Clélia Guillemot et Claude Liberman]
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samedi 26 juillet 2014

Au fil du net

 *  Ennemis? Non
         Malgré le désastre et le tragique, ce  furent des histoires mêlées 
             
   L’habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même.[ Albert Camus]

*  Petite colère de Martine

* Nouveau sport américain 

L'espagnol, future langue des USA?

*  Le GPS peut rendre con

*  Etonnante structure de Richat

*  Les bactéries font de la résistance

* Un président exemplaire. 
                  Un autre encore plus.

* Un Américain sans langue de bois

* Microsoft: on achète et on licencie
                                                                      "...C’est donc une excellente nouvelle que de voir la société Microsoft se débarrasser de 14 % de ses salariés en virant 18 000 personnes dans le monde.
Cette nouvelle est évidemment une bonne chose à en croire le PDG (qui, lui, garde évidemment son poste) puisqu’il a déclaré : « La première étape pour construire une bonne organisation afin de satisfaire nos ambitions est de réaligner nos effectifs. »
Nous voilà donc rassurés pour les profits futurs. Du reste la Bourse ne s’y est pas trompée puisque l’action de Microsoft a bondi de plus de 6 % dans les cinq derniers jours. C’est vrai que 18 000 personnes de moins à payer cela va en faire de l’argent en plus à se partager entre gentils actionnaires (les GA)..." (Le Contrarien)
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- Revue de presse 
- Gaza
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jeudi 24 juillet 2014

Evasion fiscale

  Prendre l'air...
                            Un p'tit coin d'paradis, sous un grand parapluie...♪♫♪  (d'après G.B.)

      Mais ce n'est pas une chanson, ni un film...

       Certains se mettent à l'abri, d'autres, la majorité, sans beaucoup de moyens, sont exposés à toutes les intempéries et payent leurs impôts. Mais il n'y a pas que des individus fortunés, attirés par des niches confortables ou des optimisations en tous genres.
  Un manque à percevoir pour les Etats, qui s'appauvrissent un peu plus...et taillent à la serpe dans les budgets divers: santé, éducation, etc...en faisant officiellement la morale.
    Selon l'Expansion, les sommes échappant aux fiscalités de Etats représenteraient 16 000 à 25 000 milliards d'euros, soit le PIB des Etats-Unis plus celui du Japon, ou 10 fois celui de la France. Soit un tiers des ressources financières mondiales. Le scandale ne fait que commencer.
    Des paroles aux actes, la distance est grande.
             Le 23 septembre 2009, Nicolas Sarkozy assurait aux Français qui l'interrogeaient sur TF1 et France 2 : "les paradis fiscaux, le secret bancaire, c'est terminé..."
               Le farceur!

  __________________Hier soir, Arte a eu la bonne idée de rediffuser l'excellente enquête de Xavier Harel (*)
     La grande évasion atteind des dimensions  insoupçonnées
            Les paradis sont plus présents que jamais.
    Noirs ou gris, ils prolifèrent
            On a le choix...UBS peut vous aider; grâce à sa solide expérience.
    Conséquence de la mondialisation heureuse, de la financiarisation généralisée et informatisée, du laxisme ou de la complaisance des Etats, le système est à la fois  absurde et scandaleux, fruit d'un libéralisme aussi débridé qu'irresponsable.
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                        (*)    C’est un des mérites de ce film que de rappeler à quoi servent les impôts, et combien coûtent les services publics et autres biens communs (routes, crèches, hôpitaux) que nous employons en les croyant gratuits ou presque. 20 à 30 000 milliards de dollars sont dissimulés dans les paradis fiscaux, selon le film. En mettant tout en œuvre pour réduire leur facture fiscale, les multinationales « intaxables » et les riches évadés fiscaux mettent en péril le principe même de l’État, comme le prouve l’exemple douloureux de la Grèce, « le pays qui a fait de l’évasion fiscale une discipline olympique », où chaque année 15 à 20 % du PIB disparaît dans la nature, et où l’Église et les armateurs, première puissance financière du pays, sont exemptés d’impôts
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mardi 22 juillet 2014

1914: La moisson et le clairon

 3 aout 1914: c'était l'époque des moissons.
                  Il fallut tout laisser, au son du clairon.
                         Ils pensaient revenir vite, les somnanbules, au plus tard à Noël.
    C'est du moins ce qu'on leur faisait croire et qu'ils aimaient croire.
            Les paysans furent  fortement mobilisés.
       Passant de la faux au Lebel, ces terriens très vite enterrés, de moins en moins enthousiastes, moururent en masse au champ d'honneur, à Verdun ou ailleurs.
« Les champs dévastés avaient des airs de terrain vague, avec leur meule en ruine et leurs javelles culbutées. Ce qui me fout à ressaut, c’est d’aller me faire fendre la gueule pour trois champs de betteraves qui ne servent plus à rien » écrit le soldat Roland Dorgelès, 74e RI, dans Les croix de bois. « Gens de la terre, ils souffrent plus que ceux du Midi devant leurs récoltes non rentrées, foulées aux pieds » constate Renaud Jean dans la Meuse. - See more at: http://www.humanite.fr/guerre-de-14-les-paysans-fortement-mobilises-547157#sthash.csM5eenk.dpuf
 
« Les champs dévastés avaient des airs de terrain vague, avec leur meule en ruine et leurs javelles culbutées. Ce qui me fout à ressaut, c’est d’aller me faire fendre la gueule pour trois champs de betteraves qui ne servent plus à rien » écrit le soldat Roland Dorgelès, 74e RI, dans Les croix de bois. « Gens de la terre, ils souffrent plus que ceux du Midi devant leurs récoltes non rentrées, foulées aux pieds » constate Renaud Jean dans la Meuse. - See more at: http://www.humanite.fr/guerre-de-14-les-paysans-fortement-mobilises-547157#sthash.csM5eenk.dpuf
« Les champs dévastés avaient des airs de terrain vague, avec leur meule en ruine et leurs javelles culbutées. Ce qui me fout à ressaut, c’est d’aller me faire fendre la gueule pour trois champs de betteraves qui ne servent plus à rien » écrit le soldat Roland Dorgelès, 74e RI, dans Les croix de bois. « Gens de la terre, ils souffrent plus que ceux du Midi devant leurs récoltes non rentrées, foulées aux pieds » constate Renaud Jean dans la Meuse. - See more at: http://www.humanite.fr/guerre-de-14-les-paysans-fortement-mobilises-547157#sthash.csM5eenk.dpuf
« Les champs dévastés avaient des airs de terrain vague, avec leur meule en ruine et leurs javelles culbutées. Ce qui me fout à ressaut, c’est d’aller me faire fendre la gueule pour trois champs de betteraves qui ne servent plus à rien » écrit le soldat Roland Dorgelès, 74e RI, dans Les croix de bois. « Gens de la terre, ils souffrent plus que ceux du Midi devant leurs récoltes non rentrées, foulées aux pieds » constate Renaud Jean dans la Meuse. - See more at: http://www.humanite.fr/guerre-de-14-les-paysans-fortement-mobilises-547157#sthash.csM5eenk.dpuf
« Les champs dévastés avaient des airs de terrain vague, avec leur meule en ruine et leurs javelles culbutées. Ce qui me fout à ressaut, c’est d’aller me faire fendre la gueule pour trois champs de betteraves qui ne servent plus à rien » écrit le soldat Roland Dorgelès, 74e RI, dans Les croix de bois. « Gens de la terre, ils souffrent plus que ceux du Midi devant leurs récoltes non rentrées, foulées aux pieds » constate Renaud Jean dans la Meuse. - See more at: http://www.humanite.fr/guerre-de-14-les-paysans-fortement-mobilises-547157#sthash.csM5eenk.dpuf
      Elles, prirent le relai, la faux et la charrue, travaillèrent au champ, à l'usine, de plus en plus résignées. D'autres furent munitionnettes, par nécessité; assumant tous les risques.
                   Les femmes n'avaient pas le choix.
L'appel de Viviani fut entendu, qui fit de nécessité vertu.

   « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.
   Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.
   Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !
   Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.
   Tout est grand qui sert le pays.
   Debout ! A l'action ! A l'oeuvre !
   Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».

         
             Mais les droits.ne suivirent pas, même si des idées germèrent, qui plus tard fructifièrent.
       Le droit de vote, ce fut 30 ans plus tard... Un combat de longue haleine.
  Une médaille de consolation pour les 600000 veuves. 1 million d'orphelins.
             La guerre s'invita au coeur des couples.
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lundi 21 juillet 2014

"Désastre sans nom"

        L'exquise politesse de l'armée la plus morale du monde, faisant toujours preuve de beaucoup de retenue, est tout à fait remarquable.
                                                                                          Une preuve? Avant de détruire une maison supposée abriter des armes, Tsahal dit Bonjour.   «Bonjour, mon nom est Danny. Je suis officier de l'agence militaire israélienne.  Dans une heure, je vais faire exploser votre maison.»
   Courageusement, l'armée tire à distance, pas drones interposés.
                 Mais cette guerre si civilisée comporte quelques "bavures". Plus de 300 400 500 600 700 800 1000...++ morts déjà, dont nombre de femmes et d'enfants, dans cette petite bande de terre de 362 km2 où s’entassent dans la misère 1,8 million d’âmes, soit l’une des densités de population les plus fortes au monde.
         " Bien sûr, des frappes ont également lieu sans aucun avertissement, ou au mauvais endroit. Plus étonnant, plusieurs articles de presse relatent des cas où l’avertissement n’a pas été suivi d’effets. Un moyen de maintenir la pression, en quelque sorte.
D’après le New York Times, Israël vise à minimiser le nombre de tués mais aussi à « se couvrir » contre les accusations de crimes de guerre. Une fois prévenus, si les habitants n’évacuent pas, Israël ne les considère plus vraiment comme des civils."
  Bien sût, ce n'est pas (encore) la brutalité de Plomb durci (La droite israëlienne craint les réactions internationales, un nouveau rapport Gladsone et d'une partie de sa population) mais dans cette petite bande de terre en détresse, prison à ciel ouvert, les dégâts sont déjà considérables, les privations, dramatiques, la situation sanitaire catastrophique.
        Rien n'a changé  depuis 2008.
Pas tout à fait. Le désespoir a grandi d'un côté, tandis qu'à Tel-Aviv, Netanyahou, utilisant les vieilles recettes machiavéliques et selon un nouvel agenda, un jeu à plusieurs bandes, s'allie aux ultranationalistes, adeptes d'une colonisation sans frein, au nom d'un Grand Israël.. Le Hamas, produit de l'intransigeance de son voisin surarmé, s'étant laissé allé à la fuite en avant et aux divisions, récolte aussi les fruits de ses erreurs accumulées ainsi que de la situation voulue par son puissant voisin. Le Hamas existe, quoi qu'on on pense. On ne négocie qu'avec ses adversaires. Rabin l'avait compris.
          Dans cette confrontation  asymétrique, la voix de la raison ne se fait plus entendre. L'opinion est devenue captive, par peur ou par lassitude, ne croyant plus à la paix, à laquelle certains s'obstinent encore à rêver, refusant la haine. Haine qui s'exporte dans la communauté juive, elle-même divisée.
                        La situation politique actuelle israëlienne depuis Sharon, le jeu des alliances internes poussent les faucons comme Liberman à une perpétuelle fuite en avant. 
  La Palestine n'est plus à l'ordre du jour, repoussée aux calendes grecques, quand les poules auront des dents, quand les Palestiniens seront finlandais ou quand les rabbins (ou les mollahs) mangeront du cochon...
    Les critiques ne manquent pas, soulignant le caractère surtout intérieur de cette opération-prétexte, mais n'affectent pas encore le régime. Obama regarde ailleurs, l'Europe, toujours équivoque, se tait ou tient le sempiternel discours hypocrite de la symétrie des forces. La France fait dans l'équivoque.
        Des voix israëliennes, peu écoutées dans le contexte de peurs instrumùentalisées s'élèvent pour dénoncer un désastre sans nom et le piège qui menace le pays, qui refuse toute paix, sourd aux multiples résolutions onusiennes.
                      Zeev Sternhell n'y va par quatre chemins: 
                                                           "..La droite israélienne est porteuse d'un désastre sans nom qui est en train de s'abattre sur nous, mais elle n'est pas bête. Elle sait aujourd'hui exactement ce qu'elle veut. Elle veut conquérir la Cisjordanie, elle veut l'annexer sans le dire tout en l'annexant. Elle veut que les Palestiniens acceptent de leur propre chef leur infériorité face à la puissance israélienne.
La droite israélienne procède aujourd'hui de deux manières. À l'intérieur d'Israël, elle prépare une série de lois, notamment celle qui définit Israël comme un Etat juif. C'est-à-dire qu'on dit aux Palestiniens, aux Arabes israéliens, citoyens israéliens qui ont la même carte d'identité que moi, qui sont 20% de la population, qu'Israël est un État juif, c'est-à-dire qu'il n'est pas le leur. Ils vivent à l'intérieur de l'État juif, mais ils doivent accepter le fait que cet État est à nous, et pas à eux. C'est ce qui se fait à l'ouest de la ligne verte.
Dans les territoires occupés, il y a deux populations, dont 350.000 juifs. Ça crée une situation que certains aujourd'hui considèrent déjà comme irréversible. Moi, j'essaie de croire qu'elle est encore réversible. Mais, au fond de moi, je sais que la situation est désespérante et désespérée.
Moi qui ai participé en tant que soldat à de nombreuses campagnes militaires de 1956 à 1983, de la guerre des Six Jours à celle du Kippour puis celle du Liban, puis ai été l'un des fondateurs du mouvement «la Paix Maintenant», que les rêves sionistes de ma jeunesse me semblent aujourd'hui abîmés ! Même si je reste attaché à l'idée qu'on peut changer le monde par la raison. C'est l'idée mère des Lumières françaises..."
                    Il n'est pas le seul, passant outre un tabou s'appliquant aux non-Israëliens et aux Israëliens, Juifs ou non Juifs, comme La Paix Maintenant ou l' UJFP.
        L'intimidation a toujours sa place. La stratégie du choc de N.Klein semble bien s'appliquer. (*)
Quand comprendra-t-on que critiquer la politique d'Israël n'est pas être antisémite?
            Mais la confusion est bien entretenue... 
                                                        Jusqu'où la patience
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- La colère des Israëliens modérés
 - Semer la peur (*)
-  Manœuvres fatales 
- Likoud/Hamas: complémentaires: "...
                                                           "...L'un n'a pas d'avenir sans l'autre, et inversement. La droite israélienne du Likoud et le Hamas palestinien se montrent une fois de plus face à face dans le fracas des armes. Ils sont en réalité côte à côte, avides d'engranger les bénéfices politiques de la fureur guerrière qu'ils ont déclenchée sur la bande de Gaza. Cette nouvelle guerre, la quatrième en huit ans, vient encore une fois souligner les nouveaux rythmes du conflit israélo-palestinien. Il faut tous les deux ans environ un conflit, dans lequel chacune des deux parties – droite israélienne et radicaux palestiniens – vient se régénérer et regagner la légitimité entamée ou perdue durant la période précédente.
Il n'est nullement question dans cette affaire de la sécurité d'Israël, n'en déplaise à Benjamin Netanyahou. Ses objectifs sont autres : ressouder la coalition gouvernementale instable qu'il a dû construire l'an dernier avec l'extrême droite radicale ; empêcher tout réveil de négociations de paix, mises en échec il y a deux mois malgré l'activisme de John Kerry ; démontrer l'écrasante supériorité militaire israélienne à un moment où les États-Unis continuent d'explorer les voies d'une normalisation avec l'Iran.
Il n'est pas plus question pour le Hamas d'engager la grande bataille finale contre Israël. Ses objectifs sont autrement pragmatiques : s'imposer comme le seul acteur politique à Gaza, au moment où le Djihad islamique le concurrence ; ressouder l'opinion palestinienne quand sa popularité est en chute libre à Gaza et quand il a dû, largement contraint, rejoindre un gouvernement palestinien d'union nationale avec son ennemi juré, le Fatah ; obtenir de l’Égypte la réouverture de la frontière à Rafah, voire de certains tunnels d'approvisionnement..."
- Bonne conscience 
En Israël, la droite se radicalise et la gauche est dans l'impasse
- Sortir de l'apartheid 
- Nouveau seuil
Ici, comme là-bas. Entre les colonies et la paix, il faut choisir
Norman Finkelstein sur Gaza
Je suis juive, je suis allée à la manif d'hier
                          - Commencement de début de changement aux USA?..
          "  « Il y a beaucoup de raisons à l’échec de cet effort de paix, mais les Israéliens ne doivent pas ignorer l’amère vérité : le sabotage principal est venu des constructions de colonies. Les Palestiniens ne croient pas qu’Israël a l’intention de les laisser fonder un État quand, dans le même temps, il construit des implantations sur le territoire destiné à cet État. » (Indik)
     « Les Palestiniens se sont plaints à plusieurs reprises durant ces neuf mois de tractations, que Kerry rencontrait Netanyahu deux fois plus souvent qu’Abbas », raconte à Mediapart un universitaire américain proche de l’équipe de négociation. « Mais c’était parce que le secrétaire d’État avait le sentiment que, dès qu’il lui tournait le dos, le premier ministre faisait quelque chose de différent que ce qu’il avait promis. »
     On a pu entendre des voix dissonantes de l’écho médiatique habituel, comme celle de l’ancien secrétaire d’État Zbigniew Brzezinski qui a déclaré sur CNN : « Netanyahu est en train d’isoler Israël. Il met le futur de son pays en danger. Je crois que nous devrions dire clairement que nous désapprouvons ce qu’il fait, que nous ne le soutenons pas, et que cela va nous inciter, avec le reste de la communauté internationale, à prendre des initiatives visant à légitimer les aspirations palestiniennes, peut-être aux Nations unies. »
- Armes variées
- Histoires mêlées 
Nous n'avons rien essayé d’autre que la force , dénonce une ONG de soldats israëliens
Israëliens, ils refusent de porter les armes
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samedi 19 juillet 2014

Au fil du net

*  Voiture de demain?

*  Patisserie indigeste 

*  La consommation de bière et de pizzas en Allemagne au secours de l'économie?

*  La liberté: de Delacroix à Yue Minjun

*    Une maison en paille...simple, économique et écologique

*   Blagues à Sapin 

*  Nous mangeons du pétrole 

* Taxer l'air, il fallait y penser

* Jaurès, superstar malgré lui

* Etre arabe  israëlien et quitter Israël 
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- Cauchemars
-  Le magicien de photoshop
-   Revue de presse 
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vendredi 18 juillet 2014

Politique du livre

Lire et vivre
                     Primum vivere, ça va de soi, deinde legere, c'est mieux...
      Lire est sans doute l'activité culturelle la moins spontanée qui soit.
Elle semble n'être que purement privée.
        Elle l'est, mais elle suppose des conditions qui dépassent largement  le strict cadre individuel.
      Sans incitations culturelles, directes et indirectes, familiales, scolaires  et périscolaires, elle peine à se développer ou reste lettre morte.
     Savoir lire n'entraine pas automatiquement le plaisir de lire, le développement de cette activité étrange, qui ne sert à rien, où l'esprit se frotte à d'autres esprits pour tirer une jouissance et une expérience dont il tirera un profit le plus souvent invisible mais profonde. Une osmose mystérieuse. « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » (Montaigne)   Des rencontres parfois improbables, surprenantes, stimulantes,parfois décevantes par rapport aux attentes. Mais une lecture peut changer une vie.
    De Cicéron à Montaigne, de Diderot à Proust, les grands auteurs ont été aussi de grands lecteurs.
 Même s'il peut arriver que des conditions culturelles défavorables incitent paradoxalement à la lecture, comme  J.Sorel, cherchant à fuir et à défier son milieu, comme Edouard Louis, pour sortir de l'humiliation sociale et pour mieux la penser.  La demande peut parfois être stimulée paradoxalement par des conditions défavorables, mais ce n'est pas la règle.
       La politique de l'offre est une donnée déterminante. Le livre doit être présent ou proche pour susciter l'envie.
De ce point de vue, tous les pays n'offrent pas les même chances d'abondance et de choix.
             Lire est un engagement à dimension politique, au sens où il suscite éveil,curiosité et esprit critique. La peur des livres ou la chasse au livre se retrouve dans tous les régimes où la liberté de l'esprit est considérée comme une menace politique. Les autodafés en sont pas d'hier...

  ____________________ On peut considérer qu'acheter un livre est un acte politique
                      Mais quel livre? 
   Une américaine à Paris (même  si Paris n'est pas Guéret ou Fourmies) peut s'étonner de la diversité éditoriale et de l'abondance d'une offre qui ne passe pas pour l'essentiel par Amazon, sa politique low cost, et son quasi monopole.
    Le prix unique du livre, impensable ailleurs, favorise le maintien de librairies indépendantes permettant une offre ouverte, un espace d'échanges, des conseils personnalisés.
      Même si ce n'est pas suffisant, la France (au contraire) vient de voter à l'unanimité une loi dite anti-Amazon, interdisant aux vendeurs en ligne de proposer la livraison gratuite sur les livres bénéficiant déjà d'une réduction [la TVA à 5 %]. Cette nouvelle décision s'inscrit dans un effort de préserver la "biblio-diversité" et d'aider les libraires indépendants à concurrencer la vente en ligne. Ici aucun libraire n'a le pouvoir de faire pression sur les éditeurs. Selon les estimations, Amazon s'arrogerait seulement 10 à 12 % des ventes de livres neufs en France et si le géant du net accapare 70 % du commerce de livres en ligne, seulement 18 % des livres sont vendus sur Internet en France.
      Aux USA, les librairies indépendantes meurent, tuées par le géant Amazon et ses pressions sur les éditeurs.  Sans parade internationale concertée, la France pourra-t-elle résister au géant, qui dictera sa loi, même peut-être sur les genres et les contenus?
                 Mais l'avenir du livre n'est pas scellé. Le lectorat est en chute libre, pour diverses raisons, qui ne tiennent pas seulement au développement du numérique.
     Le défi du numérique est plus que jamais présent, d'où l'importance des soutiens variés à l'économie si particulière du livre, qui n'est pas un produit comme un autre.
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jeudi 17 juillet 2014

Valse des régions

La Valls des régions continue
                                                   Le découpage, c'est selon...
               La partie était annoncée laborieuse.
                                                                   Elle l'est plus que prévu.
   L'enlisement guette.
           Les révolutionnaires de 1789-90 avaient été plus rapides  et plus  efficaces  pour faire une réforme  révolution d'une autre ampleur, au cas par cas, sur les ruines des anciennes provinces.
               Tous les jours, ou presque, on a des surprises. Un jour c'est Martine qui ne veut pas de la Picardie, un autre jour, c'est le Centre qui ne veut pas être dépecé (Mais où s'arrête le Centre?   __  Lors des débats au Sénat, Jean-Pierre Raffarin se réveille brusquement : « Que fait-on de la région Centre ? ». « Merci de vous en souvenir », lui répond Jacqueline Gourault (Loir-et-Cher), avant de balancer cette réplique d’anthologie :« La région Centre n’est pas une région où il ne se passe rien. » ___ )...
          Comment s'y retrouver dans les multiples critères de regroupement administratif possibles? Va-t-on se résoudre à se rabattre sur la carte des fromages?...(*)
       Le développement disproportionné de la région parisienne et son importance économique aux dépens d'autres bassins n'est pas la moindre difficulté et l'ombre du FN plane sur maintes tractations.
         La carte des régions évolue encore (et encore)...
 ".. C'est le quatrième scénario de carte des régions examiné par le Parlement depuis le lancement de cette réforme des collectivités qui ambitionne de "transformer pour plusieurs décennies l'architecture territoriale de la République"...
    Ce n'est pas la première fois que la carte des régions évolue via des amendements du Parlement. Dans un premier temps, le Sénat avait tout bonnement supprimé la carte pour manifester son opposition à la réforme. Puis, le projet voté en commission de l'Assemblée la semaine dernière prévoyait une région Nord-Pas-de-Calais inchangée et des fusions Picardie-Champagne-Ardenne, Limousin-Aquitaine et Centre-Poitou-Charentes..."
         La guerre des chefs (-lieux) a bien lieu, à la gauloise. Comme celle des métropoles.
              Où est la cohérence?
   Certains comparent la découpe – proposée par le gouvernement, supprimée par le Sénat, rétablie et corrigée en commission à l’Assemblée, modifiée par les députés PS – au tracé des frontières en Afrique par les puissances coloniales...
________Faute d'avoir réfléchi  longtemps à l'avance au bien fondé, à la possibilité, au coût d'une telle réforme, on est dans l'improvisation permanente et c'est in fine le prince qui charcutera tranchera, s'il le peut...
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Relayé par Agoravox
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