Un mal qui répand la terreur...
Pire que la peste!
Il faut le vivre pour pouvoir en parler.
Un mal qui vient de loin...sur lequel la volonté n'a que peu de prise. La phorophobie...
Tout petit déjà, je pâlissais à la vue d'un képi, de la casquette du facteur ou du chef de gare.
Il a fallu me contraindre pour entrer en CP. Je traînais les pieds.
L'école me terrorisait. L'instituteur faisait partie de mes cauchemars.
Toute perspective d'examen me nouait les entrailles.
Pour mon service armé, j'ai franchi à reculons la porte de la caserne et j'évitais les gradés autant que je pouvais. Les galons m'épouvantaient.
Tout ce qui me poussait en dehors du cocon familial me causait une angoisse indicible.
Le jour de mon mariage tant redouté, j'ai bafouillé devant un maire un peu désemparé.
Entrer dans un bureau de poste pour acheter des timbres me demande encore un effort inouï.
Toute démarche administrative me donne des boutons.
Un passage en préfecture me fait blémir et perdre mes moyens.
Quand je croise le maire de ma commune ou l'un de ses agents, je change de trottoir en baissant les yeux.
Une simple visite médicale renforce mes symptômes. Mon médecin s'interroge toujours sur mes tremblements.
La clinique me panique
Malgré mes scrupules et mon honnêteté reconnue, il m'est même arrivé d'oublier de payer mon loyer.
La simple vue d'un formulaire me glace le sang.
Mais par dessus tout, le simple fait de penser à mon percepteur me terrorise.
La feuille d'impôts est ma hantise. Je la remplis toujours la veille de l'échéance, la peur au ventre, y passant des heures interminables, avec la crainte permanente d'oublier une pièce essentielle.
Le plus dur (qui dira combien j'ai souffert!), ce fut d'aller un jour à l'hôtel des impôts pour réparer un oubli signalé:une prime de 50 euros non reportée sur ma déclaration. Il faut dire que la peur affecte sérieusement ma mémoire. (*)
J'en tremblais et je perdais ma voix. C'était si sérieux que je dus prendre un repos de quelques jours.
Je sais, c'est con, mais c'est comme ça. J'ai beau me raisonner, croyez-moi, c'est dur! Personne ne me comprend, même mes proches. En matière de pathologie, la condamnation n'est pas de mise.
Ce mal porte un nom, je viens de l'apprendre de la bouche même d'un compagnon de souffrance, n'en déplaise à certains spécialistes médiatiquues mal informés:
"phobie administrative"
____ Je sais maintenant que je ne suis pas le seul à souffrir de cette pathologie funeste, cette maladie virale . Merci Thomas!
Cela me soulage (un peu)...☺
(*) On peut maintenant faire un déclaration de phobie administrative
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- Relayé par Agoravox
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