Petit à petit, le paysage de la santé change.
On se demande où va la sécu.
Contrairement à la Matmut, elle n'assure plus. Ou de moins en moins.
Les complémentaires santé ne jouent plus le rôle qu'elles devraient jouer.
Sont-elles destinées à tomber toutes dans l'escarcelle de compagnies privées, qui voient d'un mauvais oeil tout ce qui repose sur la solidarité et les sommes immenses qui lui échappent. Le géant Bébéar, notamment, veille. Un gros marché potentiel.
Déjà la précarisation et l'appauvrissement d'une partie grandissante de la population lui rend l'accès à certains soins impossible ou problématique. Beaucoup ne peuvent payer une mutuelle. Les sans-dents dont parlait quelqu'un, commencent à devenir visibles. Mais il y a les détériorations de santé qui ne se voient pas...
Les mutuelles remboursent de moins en moins bien ou/et augmentent leurs cotisations. De ce fait,
Le nombre des surcomplémentaires santé augmentent.
"... Selon la loi d’un marché hyper concurrentiel, les complémentaires santé se livrent une féroce bataille pour nous vendre un produit d’un genre nouveau, un brin monstrueux : une « surcomplémentaire ». Un contrat complémentaire à notre contrat complémentaire à l’assurance maladie. De quoi renforcer certaines garanties en fonction des besoins : dépassements d’honoraires extravagants de médecins spécialistes, orthodontie et couronnes dentaires en or, lunettes de luxe. Notre système de santé déjà à deux vitesses, l’assurance maladie obligatoire et complémentaire, serait-il en train de se doter d’une troisième ?
Les trois familles de complémentaires santé ne sont pas d’accord entre elles. Côté assureurs, c’est très clair : « Ceux qui en auront les moyens prendront une surcomplémentaire. Les autres auront à leur charge une partie de leurs dépenses de santé », explique Véronique Cazals, conseillère du président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), en charge de la protection sociale. Les institutions de prévoyance, paritaires et très présentes dans les entreprises, sont également formelles : « On observe dans les récents sondages une demande de surcomplémentaire », selon Évelyne Guillet, directrice santé du Centre technique des institutions de prévoyance (Ctip). Christian Saout, le secrétaire général adjoint délégué (et ancien président) du Ciss, le Collectif des associations de patients, en est lui aussi tout à fait sûr : « On est en train de créer un appel d’air pour ces produits. »..
Bien sûr, 45 euros reste bien insuffisant pour être reçu en consultation privée par quelques « médecins stars » : au hasard, le cancérologue David Khayat, 260 euros ; l’urologue Thierry Flam, 150 euros ; le gynécologue René Frydman, 100 euros en moyenne, etc. Mais plus grave, les médecins libéraux spécialistes qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires sont en voie de disparition à Paris. Et il suffit de consulter le site de l’assurance maladie, qui renseigne sur les tarifs des médecins, pour constater qu’il est aussi difficile de trouver un gynécologue sans dépassements d’honoraires en Lozère, ou un chirurgien dans la Loire.
« Dans les grandes villes, on a encore le choix entre des médecins aux tarifs différents. Mais il y a des déserts médicaux de spécialistes où presque tous les chirurgiens, les gynécologues ou les pédiatres pratiquent des dépassements d’honoraires », explique Christian Saout. Et cela ne va pas s’arranger, car la grande majorité des jeunes médecins spécialistes s’installent en secteur 2 : 94 % des gynécologues de moins de 40 ans pratiquent des dépassements d’honoraires, 98 % des chirurgiens, 93 % des ophtalmologues, etc. Quant à l’optique, la plupart des Français n’ont qu’à se promener dans la plus petite ville, pour constater que deux ou trois enseignes se disputent le chaland dans la rue principale. Le prix des lunettes en France, 50 % plus chères que dans le reste de l’Europe, finance en réalité un réseau de distribution obèse.
Ces tarifs déraisonnables, qui ont échappé au contrôle de l’assurance maladie, et à toute régulation, ne cessent de renchérir le coût des contrats complémentaires et les rendent toujours moins accessibles aux jeunes, aux retraités, aux précaires, aux chômeurs, qui ne sont pas couverts par un contrat d’entreprise, aidés fiscalement, et pris en charge en partie par l’employeur. Pour Étienne Caniard, le plus inquiétant dans cette affaire est le recul historique de la couverture complémentaire : « Entre 2010 et 2012, pour la première fois depuis les années 1970, 500 000 personnes ont renoncé à leur contrat santé. » Selon l’Institut de recherches et de documentation en économie de la santé (Irdes), 5 % des Français n’ont pas de complémentaire en 2012, contre 4,2 % en 2010....
Les dépassements d’honoraires ont été créés en 1980 par Raymond Barre pour quelques chirurgiens réputés, rappelle Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss). Ce système exceptionnel est devenu quasi général. Aujourd’hui, les dépassements d’honoraires sont hors de contrôle. Notre système de santé est en train de se dérégler. À force de colmater les brèches, il n’a plus aucune allure. Les Français paient chaque année 175 milliards d’euros d’impôts et de cotisations sociales pour une assurance maladie qui ne rembourse plus que 50 % des soins courants. Et ils versent en prime 30 milliards d’euros à des complémentaires santé qui ne complètent plus. Il est plus que temps de se demander où on va. »
La privatisation, qui gagne toujours plus de terrain, coûte finalement cher. En cherchant le compromis, la ministre de la santé a tort, selon le professeur André Grimaldi.
La santé sera-t-elle bientôt un luxe?
La pensée ultra-libérale fait exploser la solidarité, pour le plus grand profit de groupes privés, avides d'une manne facile et abondante.
Une santé au rabais se profile pour un grand nombre, avec la montée de la précarité.
Ne parlons pas des pays les plus touchés par la crise: la Grèce où la situation sanitaire est très préoccupante, voire inouïe, l'Espagne, où la santé publique est en péril: 873 000 personnes ont perdu leur carte de Sécurité sociale depuis un décret-loi de 2012. Beaucoup d’immigrés sans travail renoncent aux soins et les ONG s’alarment d’une mesure «synonyme de condamnation à mort pour beaucoup».
Des effets dévastateurs...
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-Un avenir pour les mutuelles de village?
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